Kaboul construit une route en béton de 5 millions de dollars pour accéder à la Chine

Kaboul a entamé la construction d'une route de 5 millions de dollars dans la région montagneuse du Pamir pour relier la Chine par une route terrestre pour la première fois (Fichier / AFP)
Kaboul a entamé la construction d'une route de 5 millions de dollars dans la région montagneuse du Pamir pour relier la Chine par une route terrestre pour la première fois (Fichier / AFP)
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Publié le Dimanche 23 mai 2021

Kaboul construit une route en béton de 5 millions de dollars pour accéder à la Chine

  • Il faudra un an pour finir le projet
  • Une fois prêt, il permettra à Pékin d'exporter des matières premières provenant de mines afghanes inexploitées pour sa consommation intérieure

KABOUL: Kaboul a entamé la construction d'une route de 5 millions de dollars (4,1 millions d’euros) dans la région montagneuse du Pamir - ou «Toit du monde» - pour se connecter avec la Chine par une route terrestre pour la première fois, se rapprochant de «l'immense intérêt» de Pékin à investir dans Afghanistan, déclare dimanche un responsable gouvernemental. 

La construction de l’autoroute de près de 50 km qui traverse le corridor de Wakhan dans la province du Badakhshan, dans le nord-est de l’Afghanistan, sera prête dans un an et demi et permettra à terme à Pékin d’exporter des matières premières provenant de mines afghanes inexploitées pour sa consommation intérieure croissante. 

« Nous avons apporté des machines du Tadjikistan pour le projet parce que le terrain ne nous a pas permis de les envoyer de ce côté », déclare Khalil Rahman Omaid, un porte-parole du ministère des Travaux publics, à Arab News. 

La phase initiale du projet comprendra une couche de gravier puis d’asphalte avant de «le relier à une route déjà utilisée en Chine». 

« Cette route sera utilisée pour le commerce, les importations et les exportations ainsi que pour le transit. La Chine a exprimé un énorme intérêt pour les investissements en Afghanistan, en particulier dans le secteur minier, et cette route lui sera également utile », ajoute Omaid. 

Le gouvernement de Kaboul couvrira le coût du projet, estimé à près de 5 millions de dollars, avec une partie de la route qui devrait traverser l’ancienne route de la soie utilisée par la Chine pour le commerce avec l'Asie du Sud, l'Iran et l'Europe à travers l'Afghanistan et l'Asie centrale, souligne le porte-parole. 

«Nous pouvons dire que cela redonne vie à l’idée de la Route de la Soie dans le cadre du projet moderne Belt and Road (Initiative)», déclare Torek Farhadi, conseiller de l’ancien président afghan Hamid Karzai, à Arab News. 

Il ajoute que ce n’est «un secret pour personne» que les réserves de minéraux et de terres rares de l’Aghanistan sont «convoitées par la Chine». 

«La Chine a des intérêts géostratégiques en Afghanistan, ainsi que des intérêts géo-économiques. Par ailleurs, Wakhan bénéficie d'un accès routier facile depuis l'intérieur de l'Afghanistan », précise Farhadi. 

Kaboul et Pékin ont intensifié ces dernières années leurs efforts pour améliorer leurs relations économiques et commerciales. 

Il y a plus d'un an, Kaboul a signé un accord de 2,2 milliards de dollars pour exporter vers la Chine pendant les cinq prochaines années ses très convoités pignons de pin, alors que l'Afghanistan est déjà un énorme marché pour les produits chinois. 

En outre, au cours des 20 dernières années, la Chine a progressivement accru sa présence en Afghanistan, en augmentant l'aide au développement de près de 240 millions de dollars entre 2001 et 2013 et en accroissant les investissements dans le pays, en particulier depuis le début de la réduction des troupes dirigées par les États-Unis à la fin de 2014. 

En 2007, avec la signature d'un accord avec le gouvernement afghan, la Chine a obtenu des droits exclusifs pour extraire le cuivre de la mine de Mes Aynak dans la province de Logar pour 3,4 milliards de dollars. 

Dans le cadre de ce contrat, la Chine construira un réseau ferroviaire pour exporter le cuivre de Logar - situé au sud de Kaboul - vers la ville de Mazar-i-Sharif, au nord de l'Afghanistan, puis de nouveau à Pékin via un réseau ferroviaire existant en Ouzbékistan. 

Cependant, l'ambitieux projet n'a pas encore vu le jour en raison des retards dans l'extraction du cuivre, ralentis par la guerre en Afghanistan et la découverte d'un site historique bouddhiste. 

«Les responsables chinois, lors de diverses réunions ici et en Chine, n'ont pris aucun engagement spécifique sur la construction du projet de chemin de fer. . . en partie parce que la Chine veut attendre le retour de la paix (en Afghanistan) avant de faire des investissements supplémentaires ici », déclare à Arab News un haut responsable du gouvernement afghan, sous couvert d’anonymat n’étant pas autorisé à en parler. 

Des décennies de guerre ont dissuadé la Chine de soutenir plusieurs projets de développement d'infrastructure en Afghanistan, contrairement à l’initiative Belt and Road, que Pékin a lancée en 2013 pour investir dans près de 70 pays, y compris au Pakistan voisin. 

La Chine est restée critique et sceptique quant à la présence militaire américaine en Afghanistan depuis l’éviction des talibans lors d’une invasion dirigée par Washington à la fin de 2001. 

La semaine dernière, Pékin a proposé d’accueillir des pourparlers de paix entre le gouvernement afghan et les talibans, les États-Unis ayant débuté le retrait de leurs troupes d’Afghanistan le 1er mai. Toutes les forces étrangères devraient quitter le pays d’ici le 11 septembre. 

Interrogé sur l'offre de Pékin d'accueillir les pourparlers, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a déclaré mardi que «la Chine est prête à faciliter les pourparlers intra-afghans et mettra en place les conditions nécessaires aux négociations en Chine». 

Les experts estiment que la décision de la Chine vise à favoriser la « stabilité» en Afghanistan. 

«La Chine, plus que tout autre pays du monde, veut la stabilité en Afghanistan pour sa sécurité et ses investissements ici. Elle a tenté de convaincre les dirigeants afghans que la paix est également vitale pour le développement de l'Afghanistan », déclare à Arab News Taj Mohammad, un analyste basé à Kaboul. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.


Les marchés agricoles naviguent à vue, chahutés par la guerre commerciale

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump
  • Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche

WASHINGTON: De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump, même si certains fondamentaux continuent d'influencer les cours.

"Les décisions erratiques" de Donald Trump sur le plan commercial "fragilisent l'opinion des investisseurs: ils ne savent plus trop dans quoi investir", commente auprès de l'AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.

Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des "craintes financières", selon l'analyste.

A la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée.

Sur Euronext, "les cours suivent Chicago, qui est déprimé", résume Damien Vercambre.

La pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur une partie des surtaxes à l'importation, à l'exception notable de celles visant la Chine, est à nouveau venue bouleverser la donne après un début d'année agité.

En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial "équitable" avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d'après un ministre de premier plan.

La guerre commerciale initiée par l'exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145% de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, et 125% décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des Etats-Unis.

"Un jour ou l'autre, un accord sera conclu avec la Chine", assure l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Mais si le ton de l'administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.

"Nous sommes dans une phase d'attente et d'hésitation en ce moment", les investisseurs "attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale", confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

"Il y a (cette) peur que l'économie capote, comme (...) en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, ndlr) où les prix du soja et du maïs aux Etats-Unis s'étaient cassés la figure, avant qu'il y ait une réconciliation avec la Chine", rappelle M. Vercambre.

- Influence des fondamentaux -

Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.

Aux Etats-Unis, les acteurs du marché sont "moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d'un temps sec" notamment "pour la Corn Belt américaine", ce qui pousse le maïs américain à de "nouveaux plus bas sur deux semaines", explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

"Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud", participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.

Sur le Vieux Continent, "les perspectives de production pour la nouvelle campagne (...) sont aussi meilleures", observe M. Vercambre.

Plus précisément, "le sud de l'Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l'humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures", selon un rapport de la Commission européenne.

Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l'Europe, "les conditions sèches prédominent" ce qui pourrait "nuire au développement des cultures d'hiver".


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

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  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.