À Kaboul, des mannequins afghans font défiler les récits de guerre

Un groupe de mannequins afghans a participé au premier défilé de mode à Kaboul afin de mettre en scène le sort des victimes de la guerre en Afghanistan. (Photo, Haqiqi Fashion)
Un groupe de mannequins afghans a participé au premier défilé de mode à Kaboul afin de mettre en scène le sort des victimes de la guerre en Afghanistan. (Photo, Haqiqi Fashion)
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Publié le Lundi 12 avril 2021

À Kaboul, des mannequins afghans font défiler les récits de guerre

  • Haqiqi Fashion, qu’il a créée il y a 13 ans, est la première agence de mannequins du pays
  • Les victimes civiles ont connu une forte hausse depuis le début des pourparlers de paix entre les talibans et les représentants du gouvernement afghan à Doha en septembre dernier

KABOUL: Après près d’une semaine de préparatifs, douze mannequins afghans ont participé samedi au premier défilé de mode du pays, afin de souligner l’impact du conflit qui perdure depuis des décennies.

Vêtus de linceuls tachés de sang pour ressembler aux victimes de la guerre, deux femmes et dix hommes sont montés sur le podium de «Shroud Fashion Show», le défilé de mode des linceuls.

L'organisateur de l'événement, Ajmal Haqiqi, déclare qu’il prévoit d'organiser des événements semblables à l'avenir.

«Notre objectif est de montrer, à travers cet événement, la dure et amère réalité qui règne actuellement dans notre pays, pour montrer l'impact des kamikazes, des explosions et des attaques», a-t-il déclaré dimanche Haqiqi à Arab News. «Nous allons organiser d’autres programmes semblables devant le public, dans la rue, et nous attirerons ainsi l’attention de nos dirigeants et du monde sur le besoin criant de paix chez les Afghans plus que toute autre nation, et le méritent».

Haqiqi Fashion, qu’il a créée il y a 13 ans, est la première agence de mannequins du pays.

Il explique que l’idée principale derrière l’événement est d’attirer l’attention sur les «atrocités de la guerre».

«Les gens veulent et ont besoin de la paix. Cette campagne met l'accent sur la paix, pas sur le mannequinat ou sur la paix pour le mannequinat», a ajouté Haqiqi.

Un nombre d’Afghans se sont tournés vers les réseaux sociaux pour afficher leur soutien à l'événement.

«Les Afghans sont fatigués de la guerre, ils le disent par tous les moyens», confie l'étudiant Sayed Sameer sur Facebook. «Le défilé est un moyen de l’exprimer», ajoute-t-il.

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Un groupe de mannequins afghans a participé au premier défilé de mode à Kaboul afin de mettre en scène le sort des victimes de la guerre en Afghanistan. (Photo, Haqiqi Fashion)

Plus de quarante ans de combats en Afghanistan ont coûté la vie à un nombre indéterminé de personnes.

Plus de cent civils et membres des forces de l’ordre ont été tués la semaine dernière, selon les estimations publiées par Tolo News samedi. Les États-Unis mentionnent dans un rapport, publié en février, que les victimes civiles ont connu une forte hausse depuis le début des pourparlers de paix entre les talibans et les représentants du gouvernement afghan à Doha en septembre dernier.

Selon un rapport de l'ONU, 3 035 civils afghans auraient perdu la vie l'année dernière. Le document accable les talibans pour la plupart des décès, mais ne précise pas combien d'insurgés et de forces gouvernementales ont été tués au cours de la même période.

Les États-Unis dirigent une coalition de troupes étrangères depuis l'évincement des talibans en 2001. Washington tente depuis des mois de persuader les militants et le gouvernement de s'entendre sur une future feuille de route politique qui ouvrirait la voie à la participation du groupe dans une administration par intérim.

Plus tard cette semaine, la Turquie, à la demande des États-Unis, accueille une conférence élargie entre les deux parties pour accélérer le processus de paix.

Alors que le gouvernement du président afghan Ashraf Ghani a fait part de sa volonté d’assister à la conférence, les talibans n’ont pas encore confirmé leur participation, en principe prévue pour le 16 avril.

Ghani, dont le deuxième mandat se termine en 2024, a rejeté avec véhémence la proposition de Washington D.C. de former un gouvernement intérimaire. Il a cependant proposé pendant les derniers mois de tenir des élections anticipées.

«L’un de nos principaux objectifs est de faire savoir aux participants à la réunion en Turquie que notre seule exigence est la paix», a ajouté Haqiqi. «Nous voulons la paix pour tout le monde, pas uniquement pour nos mannequins».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.


Biden s'efforce de remobiliser l'électorat afro-américain

Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington
  • La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020

WASHINGTON: A coup d'événements symboliques et d'interviews, Joe Biden, qui selon certains sondages serait en perte de vitesse auprès des Afro-Américains, s'efforce cette semaine de remobiliser cet électorat décisif.

Le président américain multiplie ainsi les hommages aux grandes luttes menées pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Jeudi, le démocrate de 81 ans, qui va affronter son prédécesseur républicain Donald Trump pour un second mandat en novembre, a reçu les familles des plaignants d'un combat judiciaire emblématique contre la ségrégation scolaire, ayant débouché sur la décision "Brown vs Board of Education" de la Cour suprême.

Dans cet arrêt de 1954, la Cour a jugé que la séparation des élèves blancs et des élèves noirs dans les écoles violait la Constitution.

Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington.

Puis il rencontrera les représentants des "Divine Nine", des "fraternités" et "sororités" (associations typiques des universités américaines) fondées par des étudiants et des étudiantes noires.

Dimanche enfin, il doit s'exprimer lors de la remise des diplômes de l'université historiquement noire de Morehouse à Atlanta (sud-est), celle où étudia Martin Luther King, le grand meneur de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960.

La Maison Blanche a d'ailleurs annoncé jeudi avoir investi au total 16 milliards de dollars dans la centaine d'universités historiquement noires du pays depuis l'élection de Joe Biden.

"Le président et moi-même restons déterminés à utiliser tous les moyens disponibles pour soutenir les universités historiquement noires", a commenté dans un communiqué la vice-présidente Kamala Harris, elle-même ancienne étudiante de l'un de ces établissements, la Howard University.

Gaza 

Reste à voir comment le démocrate, ferme soutien d'Israël, sera reçu à Morehouse, alors que certaines cérémonies de ce genre ont été perturbées récemment par des manifestants propalestiniens.

Concernant la guerre à Gaza, "il y a une inquiétude légitime", a dit le président américain, interrogé par une radio de la communauté afro-américaine à Atlanta (Géorgie, sud-est) à propos de ces mobilisations, en ajoutant: "Les gens ont le droit de manifester, de le faire pacifiquement."

Selon plusieurs sondages récents, Joe Biden, tout en restant nettement majoritaire auprès de cet électorat, perdrait du terrain auprès des électeurs noirs, en particulier les plus jeunes, dans certains Etats décisifs.

Parmi eux la Géorgie, ou encore le Wisconsin.

Ce n'est donc pas un hasard si Joe Biden a aussi accordé un entretien, également diffusé jeudi, à une radio afro-américaine de Milwaukee, dans cet Etat de la région des Grands Lacs.

Il y vante ses actions sociales et économiques en faveur des Afro-Américains et critique son opposant républicain.

"Il n'a littéralement rien fait (pour la communauté afro-américaine" et il veut empêcher son accès au vote", a dit Joe Biden.

Sur les ondes de la radio de Géorgie, il a déclaré: "Rappelez-vous qui est Trump. Il a accusé à tort les +Cinq de Central Park+", de jeunes Afro-Américains victimes d'une erreur judiciaire retentissante, "il a donné naissance aux théories du complot" autour de la nationalité de l'ancien président Barack Obama.

La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020. Il avait alors remporté 92% de leurs voix, contre 8% à son adversaire républicain, selon l'institut Pew Research.


Le micro d’une étudiante coupé alors qu’elle demande à Columbia de se mobiliser pour Gaza

Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
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  • Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause
  • On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé

LONDRES: Un microphone a brièvement été coupé cette semaine lors d’un discours prononcé au cours de la cérémonie de remise des diplômes de l’université Columbia aux États-Unis. L’oratrice avait critiqué la position de l’université à l’égard de Gaza.

Mardi, l’étudiante Saham David Ahmed Ali a prononcé un discours devant les diplômés de la Mailman School of Public Health. Elle a appelé à une action contre Israël, critiquant le «silence sur le campus de l’université Columbia».

Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause. Elle a ensuite pu continuer. On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé.

Saham David Ahmed Ali a déclaré que l’université devait révéler ses relations avec des entreprises «tirant profit du génocide palestinien» et qu’elle devait immédiatement s’en désengager.

Elle a également demandé à Columbia d’appeler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, où les civils palestiniens sont actuellement confrontés à la famine, selon l’ONU, alors qu’Israël poursuit sa campagne militaire qui a fait plus de trente-cinq mille morts, des milliers d’autres blessés et des centaines de milliers de déplacés à la suite de l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

L’université Columbia a été témoin d’importantes manifestations sur son campus depuis le 17 avril après que la présidente de l’université, Minouche Chafik, a témoigné devant le Congrès américain au sujet d’incidents présumés d’antisémitisme contre des étudiants juifs sur son campus.

Les manifestants ont ensuite occupé certaines parties du campus, notamment le Hamilton Hall de l’université. La police de New York a arrêté des centaines de personnes à la suite de ces manifestations, qui ont également déclenché des mouvements similaires dans d’autres grandes universités américaines, ainsi que des contre-manifestations d’étudiants brandissant des drapeaux israéliens et américains.

Columbia a également pris la mesure inhabituelle d’annuler sa cérémonie d’ouverture cette année à la suite des manifestations, organisant uniquement des cérémonies de remise des diplômes propres à l’université.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com