PARIS: Au « data scientist », la patrie reconnaissante: Guillaume Rozier, l'ingénieur de 25 ans devenu célèbre pour avoir créé des services anti-Covid-19 gratuits sur internet, a été fait chevalier de l'ordre national du Mérite à « titre exceptionnel ».
Créateur entre autres du site Vitemadose, qui permet de trouver des rendez-vous de vaccination, M. Rozier est le plus jeune des 1 088 promus dont la liste a été publiée samedi dans le Journal officiel.
Il est « fait chevalier à titre exceptionnel (sans attendre la durée de services requise) ainsi que le permet le code de l'ordre national du Mérite pour des ‘services exceptionnels nettement caractérisés’ », a précisé dans un communiqué la Grande chancellerie de la Légion d'honneur, qui chapeaute les deux décorations.
« C'est un immense plaisir, un immense honneur de la recevoir », a réagi sur BFMTV le jeune ingénieur, dédiant cette récompense à « l'ensemble des bénévoles » qui travaillent à ses côtés.
« Je pense que ça matérialise des semaines de travail, beaucoup d'heures sacrifiées mais que j'ai sacrifiées avec plaisir dans le but d'aider les Français à mieux comprendre l'épidémie grâce à Covidtracker, et qui ont permis aussi à de nombreux Français de trouver une dose de vaccin plus rapidement grâce à Vitemadose », a-t-il ajouté.
« Bien mérité ! », a lancé sur Twitter le ministre de la Santé Olivier Véran, à l'instar de nombreux internautes.
Créé en 1963 par le général de Gaulle, l'ordre national du Mérite est le deuxième ordre national après la Légion d'honneur. Il compte trois grades (chevalier, officier, commandeur) et deux dignités (grand officier et grand'croix).
Ce soir, deux grosses nouveautés très attendues sur @ViteMaDose_off ?
— GRZ (@GuillaumeRozier) April 19, 2021
1️⃣ Vous pouvez désormais chercher par ville, code postal ou département ! https://t.co/EgjZ48qzcA pic.twitter.com/KSdsgTHz6N
Travail salué par Macron
Sauf exceptions (et Guillaume Rozier en est une), dix ans de « mérites acquis soit dans une fonction publique, civile ou militaire, soit dans l'exercice d'une activité privée » sont nécessaires pour se voir attribuer l'ordre national du Mérite, sur proposition du gouvernement.
Guillaume Rozier a commencé à travailler sur la pandémie en mars 2020, alors qu'il terminait ses études d'ingénieur à Telecom Nancy, avec une spécialité en intelligence artificielle et traitement des données de masse (big data).
En se basant sur des données publiques, il réalise des graphiques sur l'évolution de la pandémie, simples à comprendre par le grand public. Il les diffuse notamment via son compte Twitter, @GuillaumeRozier.
Partagé par les internautes, amélioré constamment, le site bientôt baptisé Covidtracker devient une référence d'information sur la progression de la pandémie en France.
Par la suite, l'ingénieur crée Vaccintracker, qui suit la progression des vaccinations, puis Vitemadose. Lancé début avril, ce site internet (et application) permet d'avoir en un seul coup d'œil les créneaux disponibles sur les différentes plateformes de rendez-vous, Doctolib, Keldoc, Maiia, Ordoclic ou MaPharma.
En annonçant l'élargissement de la campagne vaccinale il y a quelques semaines, Emmanuel Macron lui-même avait salué Vitemadose.
Pour le grand public
Pourtant, le succès des créations privées de M. Rozier a conduit nombre d'observateurs à dresser un constat cruel pour la puissance publique: celui de l'incapacité de l'Etat à produire de tels services, efficaces et simples, à destination du grand public.
Sur BFMTV, M. Rozier a toutefois salué l'Etat pour avoir ouvert à tous les données sur l'épidémie, ce qui lui a permis de développer ses services. Il a encouragé les administrations à poursuivre dans cette voie.
Le député LREM François Jolivet avait demandé début mai à Olivier Véran de proposer le nom du jeune homme pour la Légion d'honneur ou l'Ordre national du mérite, mais celui-ci avait affirmé, à tort, que l'intéressé était trop jeune pour la Légion d'honneur, qu'il devait demander l'Ordre national du mérite pour l'avoir.
« Après des vérifications », l'entourage de ministre avait finalement indiqué à l'AFP le 18 mai qu'il était « tout à fait envisageable que Guillaume Rozier soit décoré ».
L'ingénieur travaille désormais pour un groupe de conseil informatique français, filiale du groupe américain Accenture.