WASHINGTON : La Maison Blanche a présenté vendredi un plan d'infrastructures raboté de 600 milliards de dollars, à 1 700 milliards, pour tenter de rallier les sénateurs républicains qui ont immédiatement déploré la persistance de "grandes divergences" avec l'exécutif.
Cette contre-offre est "raisonnable", a estimé la porte-parole Jen Psaki. "Elle réduit la taille du programme" qui passe de 2.250 milliards de dollars d'investissements supplémentaires à 1 700 milliards, sans pour autant renier les dispositions chères au président Joe Biden, a-t-elle expliqué au cours d'une conférence de presse.
Ce nouveau projet est "l'art de trouver un terrain d'entente", a-t-elle ajouté.
"Il existe toujours de grandes divergences entre la Maison Blanche et les républicains du Sénat en ce qui concerne la définition de l'infrastructure, l'ampleur des dépenses proposées et la façon de les financer", a réagi Kelley Moore, la directrice de communication de la sénatrice républicaine Shelley Moore Capito.
Pour autant, les républicains du Sénat vont examiner "plus en détail la contre-offre et continueront de dialoguer avec l'administration" Biden, a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Si les positions restent très éloignées, la contre-offre signale la volonté affichée par l'administration Biden de conclure un accord avec les républicains plutôt que d'adopter un texte de manière unilatérale.
Joe Biden a toujours dit vouloir privilégier la voie consensuelle mais il doit aussi composer avec les progressistes du parti démocrate qui ne sont pas disposés à de vastes concessions.
La porte-parole de la Maison Blanche a précisé que des coupes avaient été faites dans les propositions de financement de l'internet à haut débit ou encore dans les investissements concernant les routes et les ponts.
Les dépenses consacrées à la recherche et au développement, aux petites entreprises ou encore aux chaînes d'approvisionnement ont aussi été retirées de cette nouvelle mouture. Mais elles devraient être incluses dans d'autres projets de loi.
La contre-offre dévoilée vendredi conserve en revanche plusieurs des dispositions du plan Biden auxquelles les républicains sont farouchement opposés, ce qui pourrait réduire les chances de parvenir à un accord entre les deux partis au Congrès à brève échéance.
Celles-ci comprennent des financements en faveur des aides-soignants à domicile pour les personnes âgées et le financement pour développer l'utilisation des véhicules électriques, des éléments que les républicains considèrent être en dehors du spectre des infrastructures.
Vote sans voix républicaine?
Joe Biden argue depuis des mois que ce plan permettra de créer des "millions d'emplois" tout en luttant contre le changement climatique.
En ce qui concerne son financement, il reste inchangé: il doit se faire par le biais de l'augmentation de l'impôt sur les sociétés de 21% à 28%. Un autre fort point de tiraillement avec les républicains.
La "contre-offre reflète notre point de vue" et ne peut totalement embrasser celle des républicains "qui exclut entièrement certaines propositions essentielles à notre compétitivité, essentielles aux investissements dans les énergies propres et dans les industries du futur", a insisté Jen Psaki.
"Nous demandons donc une augmentation des niveaux de financement pour les infrastructures de transport essentielles comme le ferroviaire", a-t-elle déclaré, citant également les projets pour éliminer le plomb dans les canalisations qui ont contaminé l'eau potable ou les projets renforçant la résistance des infrastructures aux événements météorologiques extrêmes, devenus récurrents en raison du changement climatique.
La cheffe des démocrates au Congrès Nancy Pelosi avait fixé comme objectif de trouver un accord d'ici le 4 juillet.
Mais le vote du texte pourrait intervenir plus tard en raison de la lenteur des négociations, et sans le vote des républicains.
En mars, le Congrès avait déjà adopté le plan de relance de l'économie américaine, de 1 900 milliards de dollars, sans aucune voix républicaine.
Joe Biden peut certes compter sur des majorités à la Chambre des représentants et au Sénat. Mais elles sont si étroites, surtout à la chambre haute, qu'il ne peut se permettre quasiment aucune défection.
Pour ce plan, les démocrates pourraient s'appuyer sur une règle leur permettant de contourner, exceptionnellement, l'obligation de trouver 60 voix, sur 100, pour autoriser un vote final.