Les mineurs au coeur de la vague d'émigration à Ceuta

Des migrants marocains viennent en aide à un migrant africain confronté à des difficultés dans l'eau à la frontière entre le Maroc et l'enclave espagnole de Ceuta le 19 mai 2021 à Fnideq. (Photo, AFP)
Des migrants marocains viennent en aide à un migrant africain confronté à des difficultés dans l'eau à la frontière entre le Maroc et l'enclave espagnole de Ceuta le 19 mai 2021 à Fnideq. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 20 mai 2021

Les mineurs au coeur de la vague d'émigration à Ceuta

  • «Ma mère ne cesse de m'appeler pour que je revienne mais l'aventure ne me fait pas peur», lâche Abdellah, 16 ans, refoulé mardi par les gardes espagnols
  • Cet afflux «impressionnant» de mineurs vers la frontière est une première, pour Omar Naji, un militant marocain des droits humains qui suit la question migratoire

FNIDEQ: Mohamed, 17 ans, a tout laissé tomber cette semaine, ses études en lycée professionnel, ses examens finaux et sa famille: son seul projet est désormais de rallier l’enclave espagnole de Ceuta, comme des centaines de mineurs marocains qui ne se voient aucun avenir dans leur pays.

Depuis lundi, une marée humaine de plus de 8 000 candidats à l'exil, en grande majorité des Marocains, a rejoint sans entrave le petit port espagnol à la faveur d'un relâchement des contrôles frontaliers: parmi eux, un nombre impressionnant de jeunes partis seuls ou d'enfants en bas âge, emmenés par leur famille.

L'image d'un bébé sauvé de la noyade par un agent de la garde civile espagnole a fait le tour du monde, suscitant l'effroi sur les réseaux sociaux. Mais on a aussi vu des adolescents seuls, parfois très jeunes, tenter leur chance à la frontière, arriver par la mer sur la plage espagnole, se faire refouler ou traîner dans les rues de Ceuta. 

«Je cherche ma fille de 15 ans, elle est sortie de la maison pour traverser, une autre fille m'a dit l'avoir vue à Ceuta, je n'ai pas de nouvelles, personne ne sait rien», déclare, visiblement inquiet, Abdelhak Bouchahtaoui, un quinquagénaire croisé près de la frontière.

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Des migrants escaladent une digue dans la ville du nord de Fnideq après avoir tenté de traverser la frontière entre le Maroc et l'enclave nord-africaine espagnole de Ceuta le 19 mai 2021. (Photo, AFP)

De nombreux parents s'approchent des barrières barrant la route vers l'Espagne dans l'espoir d'avoir des nouvelles de leurs enfants partis de l'autre côté.

Venue en catastrophe de Tanger, Ouafa a été «soulagée» de retrouver son fils de 15 ans, même si elle a, dans un premier temps, «espéré qu'il ait réussi à passer la frontière».

 

«Aucun avenir»

«Ma mère ne cesse de m'appeler pour que je revienne mais l'aventure ne me fait pas peur», lâche Abdellah, 16 ans, refoulé mardi par les gardes espagnols 

Le jeune déscolarisé depuis deux ans et employé comme mécanicien à Tanger, a passé la nuit dans un jardin près du passage frontalier. D'autres ont investi les ruelles de Fnideq, où les habitants leur ont donné à boire et à manger.

Je n'ai aucun avenir ici, je veux travailler pour aider ma famille

«Je n'ai aucun avenir ici, je veux travailler pour aider ma famille», peste Mohamed, arrivé mercredi à Fnideq après une longue marche.

Adossé sur un mur en bas d'un immeuble de la petite ville côtière marocaine, il ne regrette pas d'avoir abandonné ses études pour tenter sa chance. 

Comme lui, la plupart des mineurs désireux de s'exiler viennent d'un milieu défavorisé, sont déscolarisés et exercent parfois des petits métiers pour survivre. A Fnideq, tous rêvent d'une nouvelle brèche dans les contrôles frontaliers.

Au moins 4 800 migrants, dont 1 500 mineurs, ont été expulsés depuis lundi, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur espagnol.  

Cet afflux «impressionnant» de mineurs vers la frontière est une première, pour Omar Naji, un militant marocain des droits humains qui suit la question migratoire.

«Leur expulsion par l’Espagne est contraire aux traités internationaux des droits des enfants», s'indigne-t-il. «Les autorités marocaines les ont impliqués pour faire pression sur l'Espagne à des fins politiques», condamne-t-il du même souffle.

 

«Je retenterai ma chance»

Mercredi après-midi, le flux vers Ceuta a peu à peu décru. Les quelques téméraires qui tentaient de rallier l'enclave à la nage ont été rapidement ramenés vers la rive marocaine par la marine royale. Côté espagnol, ceux qui arrivaient par la mer ont été très vite appréhendés et ramenés vers la frontière.

Je rêve de vivre en Europe

Si Abdellah se résigne à attendre, ayant de quoi «survivre quelques jours». Son compagnon Hassan, 17 ans, a décidé de rentrer à pied chez lui, à Tanger. Il «rêve de vivre en Europe» mais ne veut pas «prendre le risque de partir aujourd'hui». «Un jour ou l'autre, je retenterai ma chance et j'y arriverai», dit-il. 

En 2018, le Conseil économique, social et environnemental du Maroc (CESE), un organisme officiel, s'était alarmé du fossé «vertigineux» séparant les 11 millions de jeunes Marocains de la société et du «défi majeur» posé par leur insertion sociale.

Décrochage scolaire, chômage, emplois peu qualifiés, bas salaires, absence de couverture sociale... les jeunes de 15-34 ans, qui représentent un tiers de la population, restent les grands oubliés de la croissance, selon ce rapport.

La situation s'est encore aggravée avec la crise liée à la pandémie de la Covid-19. L'an dernier, deux jeunes urbains sur cinq étaient au chômage, selon les chiffres officiels. 

Retour au calme après des affrontements entre jeunes et police marocaine:

Le calme est revenu jeudi matin après des heurts nocturnes ayant opposé des jeunes déterminés à rallier l'Europe à la police à la sortie de la ville marocaine de Fnideq, près de la frontière avec l'enclave espagnole de Ceuta, selon des journalistes de l'AFP.

Après une nuit agitée, tout était calme et les abords du passage frontalier étaient déserts jeudi matin. Côté espagnol, il n'y avait aucun mouvement sur la plage de Tarajal parcourue par les soldats espagnols, soutenus par deux véhicules blindés selon les journalistes des deux côtés de la frontière.

A Fnideq, l'épisode le plus violent a vu un millier de ces jeunes, tous Marocains, certains âgés d'une douzaine d'années, jeter des pierres sur les forces de l'ordre et les forcer à reculer. 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".