NEW YORK: Le patron de l'opérateur américain d'oléoducs Colonial Pipeline a indiqué mercredi, dans une interview au Wall Street Journal, avoir autorisé le versement d'une rançon de 4,4 millions de dollars aux pirates informatiques qui ont mené une cyberattaque contre le réseau début mai.
«Je sais que c'était une décision très controversée (...) J'admets que je n'étais pas à l'aise avec le fait de voir de l'argent s'évaporer et aller vers de telles personnes», a déclaré Joseph Blount. «Mais c'était la bonne chose à faire pour le pays», a-t-il confié au quotidien.
Le paiement d'une rançon avait été évoqué par plusieurs médias américains ces derniers jours, mais Colonial Pipeline n'avait jusqu'à présent pas confirmé ces informations.
M. Blount n'a toutefois pas donné de détails sur le déroulement des négociations et sur le mode de règlement. Plusieurs sources ont affirmé que la rançon avait été payée en bitcoins.
Le dirigeant de Colonial Pipeline, à la tête de l'entreprise depuis 2017, a défendu sa décision, estimant qu'il s'agissait pour son groupe du moyen le plus efficace pour faire redémarrer ses opérations.
L'entreprise, qui transporte près de la moitié des produits pétroliers américains depuis le Golfe du Mexique vers la côte est des États-Unis, a été victime le 7 mai d'un rançongiciel, un programme qui exploite des failles de sécurité pour encrypter les systèmes informatiques et exiger une rançon pour les débloquer.
Selon la police américaine, le groupe de cybercriminels DarkSide est à l'origine de cette attaque.
Celle-ci a contraint l'opérateur, dont le réseau comprend plus de 8 800 kilomètres de pipelines transportant du carburant, à suspendre l'ensemble de ses opérations, ce qui n'était jamais arrivé auparavant.
Samedi dernier, Colonial Pipeline a annoncé un retour à la normale de ses opérations.
M. Blount a toutefois souligné que les travaux de restauration allaient se poursuivre pendant des mois et coûteraient des dizaines de millions de dollars à l'entreprise.
Mardi, Colonial Pipeline faisait à nouveau face à des problèmes informatiques, mais a assuré qu'ils n'étaient aucunement lié au piratage et qu'ils n'avaient pas empêché la distribution de produits raffinés.