BRUXELLES: A l'approche d'une saison estivale cruciale pour son industrie du tourisme, l'Union européenne se prépare à ouvrir plus grandes ses portes aux visiteurs étrangers, mais peine à finaliser le certificat sanitaire très attendu pour faciliter les voyages en son sein.
Les ambassadeurs des Vingt-Sept se sont mis d'accord mercredi pour permettre l'entrée dans l'UE aux voyageurs de pays tiers ayant reçu les doses nécessaires de vaccins contre la Covid autorisés au niveau européen.
Ce qui ouvre la voie au retour de touristes américains et asiatiques, habituellement très nombreux en Europe.
Les voyageurs devront avoir été entièrement vaccinés depuis au moins 14 jours. Avec les deux doses de Moderna, Pfizer-BioNTech, AstraZeneca ou la dose unique de Johnson & Johnson. Les Etats membres peuvent aussi décider d'accepter les touristes ayant reçu un sérum bénéficiant d'une homologation d'urgence par l'OMS, comme celui du chinois Sinopharm.
Les Vingt-Sept sont aussi convenus d'élargir la liste des pays jugés suffisamment sûrs du point de vue sanitaire pour que leurs ressortissants, vaccinés ou non, soient admis sur le sol européen. Ce qui n'empêche pas qu'ils puissent être soumis à un test et/ou une quarantaine.
Cette recommandation, proposée par la Commission européenne, doit être officiellement adoptée jeudi avant d'entrer en vigueur. Elle n'est pas contraignante pour les Etats, qui restent souverains sur leurs frontières.
L'UE, dans un effort de coordination, a fermé ses frontières extérieures en mars 2020 pour les voyages « non essentiels ». Et établi depuis juin dernier une liste restreinte, régulièrement révisée, de pays tiers dont les résidents sont autorisés à se rendre en Europe.
« Besoin d'un accord »
Les représentants des Etats membres ont accepté mercredi d'assouplir le critère du taux d'incidence du virus pris en compte pour préparer cette liste. Le taux est relevé de 25 à 75 cas (pour 100 000 habitants sur les 14 derniers jours).
La liste, qui compte actuellement sept pays (Australie, Israël, Nouvelle-Zélande, Rwanda, Singapour, Corée du Sud, Thaïlande, plus la Chine en attente de réciprocité), va être revue dans les prochains jours et devrait significativement s'allonger.
Parallèlement, les Etats membres se sont mis d'accord pour mettre en place un mécanisme d'urgence coordonné pour suspendre rapidement les arrivées d'un pays tiers en cas de détérioration de la situation sanitaire due à l'apparition de variants.
Si elle avance dans son ouverture vis-à-vis de l'extérieur, l'UE peine à progresser dans la mise en place du certificat sanitaire commun, censé être opérationnel avant la fin juin, pour faciliter les déplacements intra-européens cet été.
Ce document doit permettre à son détenteur d'attester qu'il a été vacciné contre la Covid-19, qu'il a passé un test négatif ou qu'il est immunisé après avoir été contaminé.
Une troisième séance de négociations entre les eurodéputés et les Etats membres s'est achevée mardi soir sans accord, malgré une proposition de compromis du Parlement européen, et de nouvelles discussions sont prévues pour jeudi.
Les discussions achoppent notamment sur la gratuité ou le plafonnement du prix des tests, que réclament les eurodéputés mais auxquels s'opposent les Etats membres en raison du coût que cela représente pour leurs finances publiques.
Les eurodéputés ont aussi proposé de recourir à un financement européen, « l'instrument d'aide d'urgence », pour permettre de fournir des tests accessibles gratuitement aux citoyens, selon un communiqué du Parlement européen.
Autre pomme de discorde : les Etats membres veulent se réserver la possibilité d'imposer aux détenteurs de certificats sanitaires des mesures restrictives supplémentaires, comme une quarantaine, s'ils le jugent nécessaire. Tandis que les eurodéputés jugent « inacceptables » ces restrictions à la libre circulation.
La situation devient urgente. Plusieurs pays, qui comptent sur la manne touristique pour redresser leurs économies mises à mal par le virus, ont déjà commencé à mettre en place leurs propres pass sanitaires.
« Nous avons besoin d'un accord cette semaine », a souligné l'eurodéputée néerlandaise Sophie in't Veld (Renew Europe) sur Twitter.
Le pass sanitaire figure au menu du sommet des dirigeants programmé pour lundi et mardi prochains à Bruxelles. Un éventuel accord devra être approuvé par le Parlement, dont la plénière est prévue pour se dérouler du 7 au 10 juin à Strasbourg.