WASHINGTON: Avec la réouverture cette semaine du jardin public en face de la Maison Blanche, le défilé de touristes prenant des selfies a recommencé. Washington, dont les mesures anti-Covid étaient parmi les plus strictes du pays, est un dernier symbole du retour à la normale aux Etats-Unis.
Abritant d'imposants bâtiments officiels comme le Capitole ou la Cour Suprême, la ville a commencé à rouvrir vendredi les portes de ses musées - gratuits - dont le Musée de l'histoire afro-américaine et la Galerie nationale des portraits qui va bientôt accueillir celui de l'ancien président Donald Trump.
D'ici vendredi prochain, six musées gérés par la célèbre Smithsonian Institution, ainsi que le zoo de la ville, accueilleront de nouveau le public, au moment où de plus en plus de personnes sont vaccinées et que la circulation du virus est très faible.
De quoi attirer davantage de touristes et espérer un rebond économique après une année de pandémie qui a laissé la capitale américaine, hôte de multiples conférences et réunions des institutions internationales, exsangue.
«Pour le moment, j'ai très peu de clients», se désole Ngre Phung, dont l'échoppe ambulante se situe tout près du Musée de l'histoire afro-américaine.
En cette mi-mai, les habitants, qui remplissent désormais les terrasses des restaurants, ne sont pas ceux qui se précipitent dans son magasin de casquettes, tee-shirts et autres souvenirs de D.C. (District of Columbia). La quadragénaire d'origine vietnamienne mise ainsi beaucoup sur la fréquentation des musées voisins.
«La réouverture des musées est un élément fondamental», estime Anne Purcell, directrice régionale de CoStar Group, qui fournit des études sur le secteur.
Entre le Washington Monument, célèbre obélisque culminant à 170 mètres, et le mémorial de la Seconde guerre mondiale, Read Scott Martin, assis sur son «pedicab», un vélo-taxi, attend patiemment les potentiels clients, plutôt nombreux autour de la fontaine du mémorial.
En attendant les voyageurs d'affaires
Pour le moment, il doit se contenter de trois ou quatre courses par jour, mais le week-end, le chiffre peut doubler.
«Cela s'améliore depuis quelques semaines», surtout depuis la semaine de célébration des cerisiers en fleurs, le «Cherry Blossom», poursuit-il. Résolument optimiste, il note l'arrivée de touristes d'Asie et d'Amérique du Sud.
C'est le cas de Valeria, 17 ans, qui pose devant la Maison Blanche avec sa petite sœur et ses parents.
«Nous venons du Pérou. Nous restons une semaine», sourit-elle. La famille avait dû renoncer à ce voyage quand la pandémie de Covid-19 a commencé.
Pour autant, l'écrasante majorité des visiteurs sont originaires des autres Etats américains qui viennent rendre visite à leur famille ou sont des touristes en transit vers New York.
C'est le cas de Ghania et Abdel, un couple d'origine algérienne, domicilié à Los Angeles et venu voir leur fille, Shiraz, 26 ans, qui vient d'achever ses études à la Georgetown University.
«C'est notre premier voyage en un peu plus d'un an», racontent-ils. «On attendait d'être complètement vaccinés et que la ville soit un peu animée.»
Ces visiteurs ne sont toutefois pas ceux qui remplissent les hôtels.
Selon STR, qui fournit des données et des analyses pour le secteur, samedi 1er mai, le taux d'occupation des hôtels de Washington ne s'élevait qu'à 43,4%, la semaine précédente il était de 42,4%. Loin des 80,3% et 78,6% enregistrés lors des premiers samedis du même mois en 2019.
«Le tourisme n'est qu'une seule composante des affaires de la ville», relève Anne Purcell, rappelant que Washington D.C. est aussi «très dépendante des conférences et des voyages d'affaires». Avec des restrictions de voyage imposées encore à de nombreux pays dont des européens, le secteur reste à la peine et l'avenir est incertain.
Il est «encore très difficile» de savoir si les voyages d'affaires retrouveront leurs niveaux d'avant la pandémie, ajoute Mme Purcell, soulignant que les gens se sont habitués au tout virtuel tandis que les entreprises font des économies.
En 2019, Washington D.C avait accueilli 1,8 million de visiteurs venant de l'étranger, Chine en tête suivie du Royaume-Uni et de l'Inde, et 22,8 millions de visiteurs domestiques, selon l'organisation Destination D.C.
En attendant le retour des voyageurs d'affaires internationaux, celle-ci va lancer prochainement une vaste campagne de publicité pour cibler le public américain.