PARIS: Sept nouvelles productions lyriques, une création mondiale d'un ballet : en dépit de la Covid, l'Opéra de Paris n'a pas réduit la voilure pour sa saison 2021-2022 et compte en plus s'ouvrir territorialement.
L'Etat français avait volé au secours de la prestigieuse institution tricentenaire avec une enveloppe de 61 millions d'euros pour couvrir le déficit provoqué par la crise sanitaire, mais l'Opéra fait encore face à des pertes de 30 millions d'euros jusqu'en 2022.
Le directeur général, l'Allemand Alexander Neef qui a pris ses fonctions en septembre en pleine pandémie, a révélé lors d'une conférence de presse avoir « engagé une réflexion sur la création d'une troupe d'artistes lyriques au sein de notre maison ».
L'Opéra n'avait plus eu de troupe permanente depuis les années 70, lorsque le directeur Rolf Liebermann avait entériné sa suppression, ouvrant la voie à l'ère des artistes invités et notamment aux superstars internationales du lyrique. Ce modèle est toujours de mise en Allemagne, en Suisse ou en Autriche.
Neef a par ailleurs souligné la volonté de « s'ouvrir pour être plus inclusif et se rapprocher de populations qui sont éloignées de l'Opéra de Paris pour des raisons géographiques, économiques ou culturelles ».
« Nous allons intensifier cette dynamique dans les territoires en France métropolitaine, dans les Outremer et à l'étranger », a-t-il indiqué, annonçant des concerts à Toulouse (sud-ouest) ou au Teatro Liceu de Barcelone.
Neef veut aussi mettre au point des abonnements spécifiques, notamment à l'intention des familles et des jeunes, et de réductions à l'attention du personnel soignant.
Pour sa première programmation, il a exhumé le rarissime « Oedipe » du compositeur roumain George Enesco (1936), qui sera monté par Wajdi Mouawad, directeur du Théâtre de la Colline, à Paris, qui effectue ses débuts à l'Opéra.
Autre nouveauté, l'opéra de Leonard Bernstein, « A Quiet Place », mis en scène par Krzysztof Warlikowski, ainsi qu'une nouvelle production de « Wozzeck » d'Alban Berg, monté par le Sud-Africain William Kentridge.
En plus, une création de 2018, « Fin de partie », opéra inspiré de la pièce de Samuel Beckett et créé par le compositeur hongrois György Kurtág, 95 ans. La mise en scène sera signée Pierre Audi, directeur du festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence (sud).
Après un rendez-vous raté en 2020, pandémie oblige, « 7 Deaths of Maria Callas » de la performeuse Marina Abramovic lancera la saison en septembre.
L'Opéra reprendra entre autres « Faust » de Gounod (capté en 2020 faute de public) et d'autres œuvres qui n'ont pas été vues depuis longtemps.
Côté danse, l'événement le plus attendu est l'adaptation en ballet du roman de Stendhal, « Le Rouge et le Noir », une création mondiale signée du chorégraphe Pierre Lacotte.
Deux œuvres du chorégraphe israélien Hofesh Shechter entreront au répertoire tandis que sa compatriote Sharon Eyal réinterpréta « L'après-midi d'un faune » de Nijinsky.