Le procès des attentats de janvier 2015 s'ouvre à Paris sous haute surveillance

Plus de cinq ans après les premiers attentats jihadistes d'une vague sans précédent, le procès des attaques contre Charlie Hebdo, une policière à Montrouge et l'Hyper Cacher s'ouvre le 2 septembre à Paris, sous haute surveillance. (Photo Combo AFP).
Plus de cinq ans après les premiers attentats jihadistes d'une vague sans précédent, le procès des attaques contre Charlie Hebdo, une policière à Montrouge et l'Hyper Cacher s'ouvre le 2 septembre à Paris, sous haute surveillance. (Photo Combo AFP).
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Publié le Mardi 25 août 2020

Le procès des attentats de janvier 2015 s'ouvre à Paris sous haute surveillance

  • C'est également le premier procès pour terrorisme à être filmé, en vertu de son « intérêt pour la constitution d'archives historiques de la justice »
  • La cour d'assises spéciale, doit juger quatorze accusés, soupçonnés à des degrés divers de soutien logistique aux frères Saïd et Chérif Kouachi et à Amédy Coulibaly

PARIS : La guerre portée sur le sol français, contre la satire, les juifs, l'Etat: plus de cinq ans après les premiers attentats jihadistes d'une vague sans précédent, le procès des attaques contre Charlie Hebdo, une policière à Montrouge et l'Hyper Cacher s'ouvre le 2 septembre à Paris, sous haute surveillance.  

Ce procès emblématique, le premier pour un attentat jihadiste commis en France depuis celui qui s'était tenu en 2017 pour les tueries perpétrées par Mohamed Merah cinq années plus tôt, était initialement prévu avant l'été, mais il a été reporté en raison de la crise sanitaire. 

C'est également le premier procès pour terrorisme à être filmé, en vertu de son "intérêt pour la constitution d'archives historiques de la justice". 

En raison de la persistance de l'épidémie de Covid-19, les capacités des salles d'audience et de retransmission du tribunal judiciaire, dans le nord-ouest de Paris, sont réduites de moitié. Par ailleurs, des mesures exceptionnelles de sûreté sont mises en place, notamment des contrôles par détecteur de métaux. 

La cour d'assises spéciale, qui siège d'ordinaire dans le palais de justice de l'île de la Cité, doit juger jusqu'au 10 novembre quatorze accusés, soupçonnés à des degrés divers de soutien logistique aux frères Saïd et Chérif Kouachi et à Amédy Coulibaly, auteurs des attaques qui ont fait 17 morts et terrorisé la France.

Le 7 janvier 2015, les frères Kouachi ont assassiné 12 personnes dans l'attaque à la rédaction de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo à Paris avant de prendre la fuite. Le lendemain, Amédy Coulibaly a tué une policière municipale à Montrouge, près de Paris, puis le 9 janvier, il a exécuté quatre hommes, tous juifs, lors de la prise d'otages du magasin Hyper Cacher, dans l'Est parisien.

Il est mort sur place dans un assaut policier, les frères Kouachi ayant été eux abattus peu avant dans une imprimerie où ils s'étaient retranchés, à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne).

"Fort enjeu"

Sur les quatorze accusés, trois manquent à l'appel: Hayat Boumedienne, compagne de Coulibaly, et les frères Belhoucine, partis quelques jours avant les attaques pour la zone irako-syrienne. Leur mort, évoquée par diverses sources, n'a jamais été officiellement confirmée, et ils restent visés par des mandats d'arrêt. 

Les juges antiterroristes ont retenu les charges les plus lourdes, la "complicité" de crimes terroristes, passible de la réclusion criminelle à perpétuité, contre l'aîné des frères Belhoucine, Mohamed, et contre Ali Riza Polat, qui sera lui dans le box des accusés. 

Ce proche d'Amédy Coulibaly est soupçonné d'avoir eu un rôle central dans les préparatifs des attentats, en particulier la fourniture de l'arsenal utilisé par le trio terroriste. 

Les autres accusés sont essentiellement jugés pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle" et encourent vingt ans de réclusion. Un seul comparaît libre sous contrôle judiciaire pour "association de malfaiteurs" simple, un délit puni de dix ans de prison. 

Environ 200 personnes se sont constituées parties civiles. Certains rescapés de la tuerie de Charlie Hebdo et de la prise d'otages à l'Hyper Cacher viendront témoigner à la barre. 

"Ce procès est une étape importante pour eux. Ils attendent que justice soit rendue pour savoir qui a fait quoi, tout en sachant que ceux qui ont appuyé sur la gâchette ne sont plus là", expliquent à l'AFP Marie-Laure Barré et Nathalie Senyk, avocates de victimes de Charlie Hebdo.  

"Ce n'est pas parce qu'Amédy Coulibaly est décédé que ce procès n'a pas un fort enjeu. Sans les accusés dans le box, Coulibaly n'aurait pu agir", souligne Patrick Klugman, avocat de victimes de l'Hyper Cacher, et pour lequel, dans ce volet, il ne s'agit pas d'un "procès de lampistes". 

Pour Safya Akorri, l'une des avocates de la défense, en l'absence des "principaux responsables", qui ne pourront "rendre compte", la justice sera au contraire "mise à lourde épreuve durant ces deux mois, et l'attente de rigueur que l'on est en droit de placer en elle est immense". 

Les investigations se poursuivent sur les soutiens dont ont bénéficié les frères Kouachi depuis le Yémen, où l'un d'eux s'était rendu en 2011. 

L'attaque jihadiste visant Charlie Hebdo avait en effet été revendiquée du Yémen par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), dont un cadre proche des deux frères, Peter Cherif, a été arrêté en décembre 2018 à Djibouti et remis à la France. Il a été mis en examen dans ce volet, mais sa possible implication ne sera pas examinée lors du procès. Coulibaly s'était lui réclamé du groupe terroriste Etat islamique (EI). 

Au total, la vague d'attentats perpétrés en France depuis janvier 2015 a fait 258 morts.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.