La Covid-19 force l'hôtellerie-restauration à un examen de conscience pour garder ses salariés

«Il faudra offrir des carrières très dynamiques»: plus question de rester «confiné toute sa carrière» à la plonge ou au service d'étage, affirme M. Morauw. (Photo, AFP)
«Il faudra offrir des carrières très dynamiques»: plus question de rester «confiné toute sa carrière» à la plonge ou au service d'étage, affirme M. Morauw. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Lundi 17 mai 2021

La Covid-19 force l'hôtellerie-restauration à un examen de conscience pour garder ses salariés

  • «Il faut changer notre manière de recruter»
  • «La jeune génération veut que ça bouge vite: on doit s'adapter à ça aussi»

PARIS: Effet inattendu de la crise sanitaire, l'hôtellerie-restauration va devoir revaloriser ses métiers et offrir de vraies carrières aux jeunes car après un an d'inactivité forcée, les salariés abonnés aux tâches ingrates, mal rémunérées ou épuisantes ne reviendront pas forcément.

«Cette crise est le moment de réfléchir à ce qu'on a bien fait, à ce qu'on n'a pas bien fait: il y a un certain nombre de travaux dans les hôtels et les restaurants qui sont pénibles. Il faut mieux reconnaître et revaloriser les personnes» par le salaire et des postes «beaucoup plus polyvalents», a affirmé récemment le patron du géant hôtelier Accor, Sébastien Bazin.

«Je risque de perdre un quart des gens qui travaillent dans mes hôtels: peut-être ne reviendront-ils pas travailler», a-t-il poursuivi, car ces «personnes ont appris à passer du temps précieux avec leur famille». 

Huit professionnels sur dix de l'hôtellerie-restauration anticipent une «activité ralentie», au moins divisée par deux en 2021 comparé à l'avant-Covid-19, tandis qu'un sur trois s'inquiète du retour de ses salariés, selon une étude du cabinet Akto pour le patronat du secteur.

La crise a «accentué les difficultés de recrutement déjà constatées auparavant dans la branche» et liées aux conditions de travail vues comme difficiles: horaires décalés, travail le week-end et le soir, explique l'étude. 

Si une moitié d'établissements compte maintenir ses effectifs en 2021, l'autre moitié envisage des pertes «chiffrées à plus de 110 000» personnes, mais le «phénomène est difficilement mesurable».

Parmi les salariés à avoir quitté le secteur, Géraldine Faijean: ex-directrice du restaurant parisien Le Break, elle a pris un poste d'assistante de direction dans une petite entreprise automobile à Allauch près de Marseille, avec «un salaire divisé par deux», dit-elle. «Mais j'ai un logement, et vu le prix des loyers parisiens cela revient au même».

«Toujours debout, c'est très dur» 

«En tant que maman solo avec deux enfants, même grands, ça commençait à devenir très compliqué. Et je vais avoir 50 ans: physiquement, être toujours debout, c'est très dur.»

Si «l'effervescence parisienne» lui manque, elle apprécie sa nouvelle qualité de vie, et se forme à l'œnologie pour travailler bientôt dans un domaine viticole.  

Pour Michel Morauw, patron en France du groupe hôtelier américain Hyatt, «il va être difficile de trouver des équipes pour les hôtels: c'est un métier qui est à la fois passionnant et très exigeant. Pour cela, il faut changer notre manière de recruter».

Hyatt a lancé en 2019 le programme RiseHY, interrompu par la Covid-19 l'an dernier: en partenariat avec l'association Les Déterminés, 40 jeunes en décrochage scolaire vont être formés à partir de juin, pendant 10 mois, et intègreront ensuite les hôtels du groupe. 

«L'industrie va aussi devoir recruter des gens de tous âges, sans expérience mais qui sont alignés avec notre raison d'être: aimer les gens, être à l'écoute, avoir l'esprit d'accueil», indique M. Morauw qui anticipe, dans les mois à venir, une forte concurrence dans le recrutement. 

«Il faudra offrir des carrières très dynamiques»: plus question de rester «confiné toute sa carrière» à la plonge ou au service d'étage, affirme-t-il.

Lui-même a été formé à l'Ecole hôtelière de Lausanne avant d'entrer comme stagiaire au Hyatt Regency de Washington en 1984. 

«La jeune génération veut que ça bouge vite: on doit s'adapter à ça aussi», estime-t-il.

Barman et responsable du restaurant Chez Claude, dans le 1er arrondissement de la capitale, Salah Haddouche, 29 ans, juge également que «ce sont des métiers qu'il faut revaloriser, qui sont importants pour la sociabilité, pour les gens». 

«Quand ça ne va pas, il faut le dire. A Paris, certaines affaires touristiques qui ont un emplacement idéal font un peu n'importe quoi. Le patron ne doit pas oublier que sans ses salariés, il n'est rien», conclut-il.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Short Url
  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

Short Url
  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Short Url
  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.