La hausse de la criminalité, enjeu-clé de la course à la mairie de New York

New York a beau sortir progressivement de la crise sanitaire, et le chômage baisser, les statistiques ne s'améliorent pas. (Photo, AFP)
New York a beau sortir progressivement de la crise sanitaire, et le chômage baisser, les statistiques ne s'améliorent pas. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 16 mai 2021

La hausse de la criminalité, enjeu-clé de la course à la mairie de New York

  • «Il y a une énorme incertitude économique, un énorme stress. Tout contribue à la violence, qui a tendance à se perpétuer d'elle-même»
  • «Times Square compte déjà une présente policière importante. Dans quelle mesure plus de policiers améliorerait la situation?»

NEW YORK: Agressions au couteau dans le métro, fusillades en série, y compris à Times Square: après s'être longtemps targuée d'être une des métropoles les plus sûres au monde, New York fait face à une criminalité en hausse, devenue un thème central de la campagne municipale.   

Après des années 1970-80 pendant lesquelles la première métropole américaine, en pleine crise budgétaire, connaissait une criminalité endémique, cette dernière baissait depuis le milieu des années 90. 

Mais le tableau s'est assombri depuis l'été 2020. Et ce qui ressemblait initialement à une conséquence passagère de la précarité due à la pandémie et du mouvement contre les violences policières après la mort de George Floyd ne semble plus être un épiphénomène.

«La violence est clairement en hausse (...) et la hausse de 2020 risque de continuer en 2021», dit John Pfaff, professeur de droit pénal à l'université Fordham. «Il y a une énorme incertitude économique, un énorme stress (...). Tout contribue à la violence, qui a tendance à se perpétuer d'elle-même».

New York a beau sortir progressivement de la crise sanitaire, et le chômage baisser, les statistiques ne s'améliorent pas.

Les dernières, arrêtées au 9 mai, font état de 505 victimes de fusillades depuis début janvier, contre 275 sur la période comparable de 2020 et au plus haut depuis 10 ans. 

Sur la même période, quelque 146 meurtres ont été recensés, +27% comparé à 2020 et +40% comparé à 2019.

Officiellement, la criminalité dans le métro est en baisse (-43%). Mais beaucoup jugent ce chiffre trompeur, car la fréquentation a chuté avec la pandémie.

Le 8 mai, une fusillade en plein jour, qui a blessé deux femmes et une enfant à Times Square, a propulsé le sujet au coeur de la campagne municipale, à six semaines des primaires démocrates du 22 juin. Ces primaires devraient désigner le gagnant de l'élection de novembre, vu l'impopularité des républicains à New York.

Les principaux prétendants sont l'ex-candidat à la présidentielle Andrew Yang, le président de Brooklyn et ex-policier Eric Adams, ou encore Raymond McGuire, ex-banquier de Wall Street plus centriste.

Dans une course encore très ouverte, les candidats se sont succédé depuis sur ce haut lieu du tourisme new-yorkais, promettant une action décisive pour améliorer la sécurité s'ils sont élus. 

Et lors de leur premier débat virtuel jeudi soir, le sujet n'a cessé de revenir.

Récupération politique 

Vendredi, le président de la régie des transports new-yorkais, Pat Foye, a augmenté la pression, en réclamant «une injection immédiate» de centaines de policiers dans les stations, où leur présence a déjà été renforcée ces dernières semaines. 

Il a même qualifié d'«irresponsable» le maire sortant, le démocrate très à gauche Bill de Blasio, accusé d'«ignorer la réalité» des usagers. 

Interrogé sur une radio locale, M. de Blasio a répété son mantra: à savoir que la criminalité baissera avec la reprise de l'activité économique, qui semble se préciser avec la levée des restrictions dues à l'épidémie.

Il a aussi accusé M. Foye d'«attiser la peur» à la demande du gouverneur démocrate Andrew Cuomo. Ennemi politique du maire et superviseur des transports new-yorkais, le gouverneur accuse fréquemment le maire d'inaction sur la criminalité.    

De fait, si la hausse des violences est incontestable, sa récupération politique l'est tout autant. 

Certains dans le camp républicain, comme le commentateur de Fox News Tucker Carlson, présentent même New York comme un nouveau coupe-gorge, loin de la réalité du terrain.

D'autres au contraire, surtout dans le camp démocrate, appellent à relativiser. 

«Je n'entends personne autour de moi dire, "Je ne me sens pas en sécurité". (...) Il y a une tentative politique d'orienter la discussion», dit Susan Kang, professeure de droit à l'université new-yorkaise John Jay.

«Même si les chiffres de la criminalité augmentent, ils restent assez faibles» pour une ville de cette taille, dit-elle. D'autant que la plupart des métropoles américaines ont elles aussi vu la criminalité augmenter depuis un an.

Alors que le mouvement contre les violences policières avait poussé certains démocrates à réclamer la réduction du budget d'une police new-yorkaise forte de quelque 35 000 agents - la plus importante du pays - au profit de services aux communautés défavorisées, elle regrette que la discussion s'oriente désormais vers un renforcement souvent inefficace des déploiements policiers.

«Times Square compte déjà une présente policière importante. Dans quelle mesure plus de policiers améliorerait la situation?» s'interroge-t-elle.

Quelles que soient les mesures retenues, «le problème ne va pas se régler rapidement», prédit Christopher Herrmann, autre expert de John Jay. «Le nouveau maire va arriver avec une pile de mauvaises nouvelles sur son bureau».


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
Short Url
  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Short Url
  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.