WASHINGTON: Près de 40 scientifiques du monde entier ont appelé jeudi à «un changement de paradigme» en réclamant la mise en place de normes de ventilation dans les bâtiments, afin de mieux lutter à l'avenir contre les infections respiratoires comme la Covid-19, transportées par voie aérienne.
«Au 21e siècle, nous devons établir des fondations pour nous assurer que l'air dans nos bâtiments est propre (...) comme nous l'attendons de l'eau qui sort de notre robinet», ont-ils écrit dans un texte publié par la prestigieuse revue Science.
Selon eux, il existe «une grande disparité» entre les normes sanitaires mises en place par les gouvernements sur la nourriture et l'eau – tests de contrôle, lois sur les eaux usées... – et l'absence de règles sur les agents pathogènes transportés dans l'air.
Raison avancée: leur origine est plus difficile à déterminer et leurs conséquences sur la santé, plus diffuses.
Or, l'inhalation de fines particules en suspension contenant des virus est «potentiellement le mode de transmission dominant de nombreuses infections respiratoires», notent les experts.
«Durant des décennies, les architectes et ingénieurs se sont concentrés sur le confort thermique, le contrôle des odeurs (...), la dépense énergétique, et d'autres problèmes de performance, quand la prévention des infections a été négligée», écrivent les scientifiques.
Seule règle pour le moment: un renouvellement suffisant de l'air pour éviter des taux de CO2 trop élevés générés par la respiration des occupants.
L'OMS a par ailleurs des recommandations sur la qualité de l'air en intérieur concernant des produits chimiques, mais aucune «pour lutter contre les bactéries ou les virus dont l'origine est la respiration humaine», notent les experts.
En pratique, «la filtration de l'air peut être faite en incorporant des filtres dans le système de chauffage, de ventilation, et de climatisation, ou par des purificateurs d'air portatifs», ajoutent-ils. Sa désinfection pourrait aussi être réalisée par des systèmes de lumière ultraviolette.
Des «certificats de ventilation» pourraient être distribués pour encourager les bonnes pratiques, et des informations sur la qualité de l'air ambiant mises à la vue de tous pour éveiller les consciences.
Les normes établies devraient être différentes selon les lieux et l'intensité des activités qui y sont pratiquées (salles de sport, cinéma...).
Ces mesures auront un coût, reconnaissent les chercheurs. Mais il doit être comparé à celui entraîné par les épidémies, «qui peut être énorme».
«Les estimations suggèrent que les investissements nécessaires (...) ne devraient pas faire augmenter les coûts de construction d'un bâtiment standard de plus de 1%», selon le texte.