Le nouveau gouvernement s'inscrit dans la continuité du précédent, estiment les éditorialistes, avec une trajectoire vers le centre-droit et, comme pour détourner l'attention, l'arrivée surprise et "spectaculaire" de l'avocat Eric Dupond-Moretti et de l'ancienne retraitée de la politique Roselyne Bachelot.
"Cap à tribord!", lance Vincent Trémolet de Villers dans Le Figaro, rappelant les liens du nouveau Premier ministre Jean Castex et du nouveau ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, avec l'ancien président Nicolas Sarkozy. Ainsi que les autres ministres de droite du gouvernement Castex.
"Macron II, suite lointaine de Sarkozy I. Ou comme l'on dit dans les Antilles: même poil, même bête", résume Christophe Deroubaix, dans L'Humanité. "Darmanin, ombre de Sarko", titre Henry Lauret dans Le Télégramme.
"Un centre de gravité au ... centre droit, sans ralliement spectaculaire venu de la gauche ni débauchage symbolique venu de la droite", fait valoir Nicolas Beytout dans L'Opinion. L'objectif, selon lui, est de "verrouiller le dispositif de l'action publique dans la perspective de 2022", date de la prochaine élection présidentielle.
Mais pour Paul Quinio, dans Libération, ce "casting peu renouvelé (...) démontre une nouvelle fois la pauvreté du vivier à la disposition du chef de l'Etat".
"La coquille vide que reste LREM le handicape lourdement. Difficile d'exceller en matière de ressources humaines quand on manque... de ressources", souligne-t-il.
Même constat pour Jean-Michel Bretonnier dans La Voix du Nord: "Le cercle de la famille macroniste ne s'est pas élargi". Il considère qu'il n'y a "pas de ralliements spectaculaires venus de la droite ou de la gauche. A deux ans de l'élection présidentielle, chaque camp fait bloc".
"Ramdam"
Selon lui, "les seules vraies surprises, Eric Dupond-Moretti et Roselyne Bachelot, valent pour leur personnalité et leur notoriété et non pour leur poids politique".
Pour Christophe Deroubaix, la composition du gouvernement ne "revêt qu'une importance infime, finalement" car "le scénario est d'Emmanuel Macron. A la mise en scène: Emmanuel Macron. Au montage: Emmanuel Macron. Au script: Jean Castex, simplement chargé de l'intendance qui doit suivre".
Yann Marec ne cache pas sa "déception" dans le Midi Libre face à ce gouvernement où "rien ne change". Sentiment partagé par Bruno Dive dans Sud-Ouest, qui titre son édito "Un coup pour pas grand-chose".
C'est "à se demander si tout ce ramdam depuis huit jours ne visait pas simplement à se débarrasser d'un Premier ministre à la popularité insolente", pointe ce dernier. "Encore un effet blast qui fait plouf".
"Les sortants évidents sont sortis et les bons élèves sont maintenus", relève M. Marec. "L'exécutif fait le pari du renforcement de sa politique en vue de la présidentielle de 2022. Les vedettes, stars du petit écran, ne suffiront pas".
Maurice Bontinck se demande dans la Charente Libre si le choix d'opérer "ni coup de volant, ni changement de braquet" et de "garder peu ou prou la même voiture gouvernementale, délestée de quelques cylindres dévoués mais grippés (...) pour donner un coup d'accélérateur jusqu'à 2022 va "emmener (Emmanuel Macron) dans le mur ou sur la voie royale dans un contexte de crise inédite à tous les niveaux".
"A minima"
Dans Ouest-France, Stéphane Vernay considère que le président s'est constitué une "équipe de combat... pour 2022". "Sans changement de cap par rapport à 2017. Mais avec un coup de barre à droite", relève-t-il.
Comme la plupart de ses confrères éditorialistes, Grégoire Amir-Tahmasseb écrit dans L'Union qu'il s'agit d'un remaniement a minima" où les arrivées d'Eric Dupond-Moretti à la Justice et de Roselyne Bachelot à la Culture "vont sans conteste bousculer les codes (il va falloir les contrôler!)".
Pour Laurent Bodin, de L'Alsace, il s'agit d'un "remaniement à la fois politique et spectaculaire" mais ces deux nominations surprise sont-elles le fruit d'un "choix politique ou médiatique", interroge-t-il.
Pour Pascal Coquis, dans les DNA, elles ont vocation à "détourner l'attention" du virage à droite qui vient d'être engagé. "Emmanuel Macron sait bien que c'est au centre droit, voire à droite, de l'échiquier que se situent désormais son espace politique et sans doute son socle électoral", explique-t-il.