Gouvernement: casting "spectaculaire" pour un "coup de barre à droite" avant 2022, selon la presse française

 Le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, annonçant les nominations ministérielles lundi soir dans la cour de l’Elysée. (Photo Benoît  TESSIER/ AFP).
Le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, annonçant les nominations ministérielles lundi soir dans la cour de l’Elysée. (Photo Benoît TESSIER/ AFP).
Short Url
Publié le Mardi 07 juillet 2020

Gouvernement: casting "spectaculaire" pour un "coup de barre à droite" avant 2022, selon la presse française

  • La presse française quasi-unanime: pas de vrai changement dans les rangs du gouvernement.
  • Deux seules vraies surprises toutefois: Eric Dupond-Moretti à la Justice et Roselyne Bachelot à la Culture.

Le nouveau gouvernement s'inscrit dans la continuité du précédent, estiment les éditorialistes, avec une trajectoire vers le centre-droit et, comme pour détourner l'attention, l'arrivée surprise et "spectaculaire" de l'avocat Eric Dupond-Moretti et de l'ancienne retraitée de la politique Roselyne Bachelot.

"Cap à tribord!", lance Vincent Trémolet de Villers dans Le Figaro, rappelant les liens du nouveau Premier ministre Jean Castex et du nouveau ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, avec l'ancien président Nicolas Sarkozy. Ainsi que les autres ministres de droite du gouvernement Castex.

"Macron II, suite lointaine de Sarkozy I. Ou comme l'on dit dans les Antilles: même poil, même bête", résume Christophe Deroubaix, dans L'Humanité. "Darmanin, ombre de Sarko", titre Henry Lauret dans Le Télégramme.

"Un centre de gravité au ... centre droit, sans ralliement spectaculaire venu de la gauche ni débauchage symbolique venu de la droite", fait valoir Nicolas Beytout dans L'Opinion. L'objectif, selon lui, est de "verrouiller le dispositif de l'action publique dans la perspective de 2022", date de la prochaine élection présidentielle.

Mais pour Paul Quinio, dans Libération, ce "casting peu renouvelé (...) démontre une nouvelle fois la pauvreté du vivier à la disposition du chef de l'Etat".

"La coquille vide que reste LREM le handicape lourdement. Difficile d'exceller en matière de ressources humaines quand on manque... de ressources", souligne-t-il.

Même constat pour Jean-Michel Bretonnier dans La Voix du Nord: "Le cercle de la famille macroniste ne s'est pas élargi". Il considère qu'il n'y a "pas de ralliements spectaculaires venus de la droite ou de la gauche. A deux ans de l'élection présidentielle, chaque camp fait bloc".

"Ramdam" 

Selon lui, "les seules vraies surprises, Eric Dupond-Moretti et Roselyne Bachelot, valent pour leur personnalité et leur notoriété et non pour leur poids politique".

Pour Christophe Deroubaix, la composition du gouvernement ne "revêt qu'une importance infime, finalement" car "le scénario est d'Emmanuel Macron. A la mise en scène: Emmanuel Macron. Au montage: Emmanuel Macron. Au script: Jean Castex, simplement chargé de l'intendance qui doit suivre".

Yann Marec ne cache pas sa "déception" dans le Midi Libre face à ce gouvernement où "rien ne change". Sentiment partagé par Bruno Dive dans Sud-Ouest, qui titre son édito "Un coup pour pas grand-chose".

C'est "à se demander si tout ce ramdam depuis huit jours ne visait pas simplement à se débarrasser d'un Premier ministre à la popularité insolente", pointe ce dernier. "Encore un effet blast qui fait plouf".

"Les sortants évidents sont sortis et les bons élèves sont maintenus", relève M. Marec. "L'exécutif fait le pari du renforcement de sa politique en vue de la présidentielle de 2022. Les vedettes, stars du petit écran, ne suffiront pas".

Maurice Bontinck se demande dans la Charente Libre si le choix d'opérer "ni coup de volant, ni changement de braquet" et de "garder peu ou prou la même voiture gouvernementale, délestée de quelques cylindres dévoués mais grippés (...) pour donner un coup d'accélérateur jusqu'à 2022 va "emmener (Emmanuel Macron) dans le mur ou sur la voie royale dans un contexte de crise inédite à tous les niveaux".

"A minima" 

Dans Ouest-France, Stéphane Vernay considère que le président s'est constitué une "équipe de combat... pour 2022". "Sans changement de cap par rapport à 2017. Mais avec un coup de barre à droite", relève-t-il.

Comme la plupart de ses confrères éditorialistes, Grégoire Amir-Tahmasseb écrit dans L'Union qu'il s'agit d'un remaniement a minima" où les arrivées d'Eric Dupond-Moretti à la Justice et de Roselyne Bachelot à la Culture "vont sans conteste bousculer les codes (il va falloir les contrôler!)".

Pour Laurent Bodin, de L'Alsace, il s'agit d'un "remaniement à la fois politique et spectaculaire" mais ces deux nominations surprise sont-elles le fruit d'un "choix politique ou médiatique", interroge-t-il.

Pour Pascal Coquis, dans les DNA, elles ont vocation à "détourner l'attention" du virage à droite qui vient d'être engagé. "Emmanuel Macron sait bien que c'est au centre droit, voire à droite, de l'échiquier que se situent désormais son espace politique et sans doute son socle électoral", explique-t-il.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
Short Url
  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Short Url
  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Short Url
  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".