PARIS: Au premier jour de la vaccination contre la Covid-19 pour tous les adultes qui ont pu dénicher un rendez-vous, la France progresse vers le cap des 20 millions de premières injections à la mi-mai, malgré la désaffection pour l'AstraZeneca, tout en préparant ses réouvertures la semaine prochaine.
Les places seront chères: depuis mercredi, tous les adultes peuvent en théorie se rendre dans un centre de vaccination pour recevoir une première injection, sans condition d'âge ou de santé, et sans avoir à tricher en déclarant une comorbidité sur les plateformes de rendez-vous.
Mais ces créneaux ne sont ouverts que pour le jour-même ou le lendemain, car de nombreux publics prioritaires n'ont pas encore été vaccinés. Ainsi, 56% seulement des 60-64 ans ont reçu une première dose de vaccin. Résultat, le « volume de doses subsidiaires » ne s'élève qu'à 15 000 à 20 000 rendez-vous quotidiens, selon le ministère de la Santé.
Pour y arriver, Hugo, étudiant à Sciences-Po de 22 ans, a réservé son créneau « dès le lever » mardi, avant 8 heures du matin, et il a délaissé Paris, où il habite, pour Le Mans.
« Ce n'est pas trop loin, le train ne va pas coûter trop cher », explique-t-il . « Je n'avais pas envie d'attendre à Paris », ajoute l'étudiant, qui travaille aussi dans une société de production. Ce qui l'a poussé ? « L'envie d'être débarrassé de ça et aussi pour le pass sanitaire. J'ai envie de partir en vacances et je n'ai pas envie de m'embêter à faire des tests tout le temps », raconte-t-il.
Pass adopté
Ce pass sanitaire, qui va conditionner l'accès à de grands rassemblements ou à certains lieux à un résultat négatif de dépistage du virus, un justificatif de vaccination ou une attestation de rétablissement après une contamination, a finalement été adopté dans la douleur par l'Assemblée nationale dans la nuit de mardi à mercredi.
Après un premier rejet, dû à la fronde des élus MoDem, pourtant membres de la majorité, le gouvernement a fait adopter le projet de loi de sortie progressive de l'état d'urgence en acceptant d'écourter à fin septembre, plutôt que fin octobre, la période de transition pendant laquelle des restrictions de libertés restent à sa disposition face à la pandémie.
A une semaine de la réouverture des terrasses, de certains commerces et des lieux culturels, « la pression sanitaire reste forte » mais « en une semaine le virus a connu une forte décrue », a souligné le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal lors d'une conférence de presse à l'issue du Conseil des ministres.
Avec encore 15 000 à 20 000 nouveaux cas positifs chaque jour, « le taux d'incidence est désormais inférieur à 200 » dans toute la métropole, hormis en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France et en Normandie.
Et le nombre de patients de la Covid-19 soignés en réanimation - 4 743 mardi - est repassé « en dessous de nos capacités théoriques maximales », a-t-il ajouté.
« Cette amélioration nette de la situation sanitaire, en plus de la vaccination (...), permet d'envisager sereinement et durablement la réouverture de notre pays », a assuré M. Attal, alors que 18,5 millions de premières doses de vaccin ont déjà été injectées.
« Retards »
Mais le Premier ministre Jean Castex a reconnu, sur France 2, mardi soir, que le cap des 20 millions de primo-vaccinés pourrait ne pas être atteint précisément au 15 mai. La plateforme de rendez-vous médicaux Doctolib table sur ce cap « probablement le 17 mai ».
Un léger décalage dû aux « retards que nous avons pris dans l'injection d'AstraZeneca aux plus de 55 ans », a expliqué Jean Castex. « Plus de deux millions de doses » du vaccin du laboratoire anglo-suédois, désormais moins demandé que ses concurrents Pfizer ou Moderna, restent ainsi à écouler, un chiffre qui risque d'augmenter avec de nouvelles livraisons attendues en mai et en juin.
Un nouvel avis de la Haute autorité de Santé (HAS) est attendu de manière imminente sur une éventuelle réautorisation de ce vaccin aux moins de 55 ans, avec une information sur les risques rarissimes de thromboses graves et atypiques, mais le ministre de la Santé Olivier Véran a semblé enterrer cette hypothèse lundi : « probablement non à l'heure actuelle ».
Alors que le compte-à-rebours vers les réouvertures a commencé, les annonces de manifestations culturelles s'enchaînent, au même rythme que les annonces d'annulation et de reports au plus fort de la crise sanitaire.
Après le Printemps de Bourges et les Francofolies de la Rochelle, qui ont confirmé leur tenue, respectivement du 22 au 27 juin et du 10 au 14 juillet, l'Olympia a annoncé qu'elle rouvrirait ses portes au public les 10 et 11 juin avec le festival des Inrocks.