ALGER: La marche des étudiants prévue mardi à Alger a été interdite pour la troisième semaine consécutive par les autorités, qui ont procédé à de nombreuses arrestations dont plusieurs journalistes qui ont été brièvement placés en détention.
« Aujourd'hui, la dérive se poursuit, le ministère de l'Intérieur décide de mettre à exécution sa décision autoritaire, il interdit les marches et procède à plusieurs arrestations à Alger, à Tizi Ouzou (nord-est) et à Béjaïa (nord-est) », a indiqué Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH), soulignant que la marche des étudiants avait été « interdite et réprimée ».
Il a aussi déploré « des interpellations d'étudiants, de militants, de journalistes et de photographes ».
Pour la branche de RSF en Afrique du Nord, « la répression s'intensifie ».
Elle a affirmé que quatre journalistes avaient été arrêtés mardi et « conduits au commissariat d'Alger »: Sami Kharoum du quotidien francophone El Watan; Khaled Drareni, fondateur du site Casbah Tribune et correspondant de TV5 Monde et de RSF; Feriel Bouaziz du site d'informations Interlignes et Hakim Hammiche, photographe de Tariq News.
RSF a appelé « les autorités algériennes à cesser le harcèlement des journalistes ».
Mustapha Bastami, du quotidien arabophone El Khabar, a également été placé en détention, selon plusieurs ONG.
Le directeur de Tariq News a indiqué que six journalistes avaient été arrêtés et que tous avaient été remis en liberté. Ce que le Comité national de libération des détenus (CNLD) et la LADDH ont confirmé peu après.
Certains manifestants arrêtés les semaines précédentes avaient été relâchés après avoir été contraints de signer un document au commissariat dans lequel ils s'engageaient à ne plus participer aux marches hebdomadaires, sous peine d'être incarcérés pour récidive, selon M. Salhi.
Le ministère de l'Intérieur a rappelé dimanche que les marches hebdomadaires du Hirak, mouvement de contestation algérien, devaient faire l'objet d'une « déclaration » préalable.
Le non-respect de cette procédures « dénue la marche de tout caractère légal » et « implique un traitement en conséquence », avait-il prévenu.
Les manifestants avaient changé leur parcours vendredi pour éviter les nombreux cordons de sécurité et véhicules de police barrant l'accès aux lieux de rassemblements habituels.
Selon le CNLD, plus de 70 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles.
Né en février 2019 du rejet massif d'un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, le Hirak réclame un changement radical du « système » politique en place depuis l'indépendance en 1962.