LONDRES: Les familles de milliers d'Iraniens exécutés et enterrés dans des fosses communes ont adressé une pétition aux Nations unies et aux dirigeants du monde dans laquelle ils les exhortent à empêcher le régime de Téhéran de poursuivre ses actes de destruction contre la dernière demeure de ces victimes.
En 1988, Téhéran a exécuté des milliers de prisonniers politiques ralliés à l'Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI), un groupe politique devenu la cible du régime après avoir participé à la révolution de 1979. À cette époque, Amnesty International avait qualifié ces exécutions de «politique préméditée et coordonnée qui a manifestement été autorisée par les autorités au plus haut niveau».
L’estimation du nombre de personnes tuées varie de 4 500 à 30 000 en un été
Aujourd’hui, plus de 1 100 familles de personnes exécutées adressent donc une pétition aux Nations unies et aux dirigeants du monde afin de dénoncer le fait que les tombes de leurs proches sont détruites ou sont devenues de véritables charniers pour les minorités religieuses.
Dans une lettre adressée au secrétaire général de l'ONU, António Guterres, le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) ainsi qu’un groupe d'opposition dont fait notamment partie l'OMPI déclarent: «La plupart d’entre nous ne savons plus où sont exactement enterrés nos proches qui se trouvent, pour nombre d’entre eux, dans des fosses communes. Le régime iranien, parce qu’il redoute les répercussions des enquêtes internationales portant sur ces atrocités, a entrepris d'effacer les traces de ce massacre en détruisant les fosses communes où ils sont enterrés».
Par ailleurs, le CNRI a publié une liste sur laquelle figurent plus de 5 000 noms de personnes qui, selon lui, ont été exécutées lors du massacre de 1988.
Il affirme que la destruction et la reconversion des fosses communes qui ont lieu en ce moment constituent un nouvel abus vis-à-vis du peuple. Ce dernier, en effet, pleure la perte de personnes qui lui sont chères et qui, pour la plupart, ont été torturées avant de trouver la mort.
«Dans le passé, [Téhéran] a détruit ou endommagé les fosses communes des victimes de 1988 à Ahvaz, Tabriz, Mecched et dans d'autres villes du pays. Ces actions sont autant de tortures collectives infligées à des milliers de survivants et de familles de martyrs. Il s'agit d'un nouvel exemple manifeste de crime contre l'humanité», souligne le CNRI.
La lettre exhorte M. Guterres, les organes compétents des Nations unies et les organisations internationales de défense des droits de l'homme «à empêcher le régime de détruire les fosses communes, d'éliminer les preuves de son crime et d'infliger une torture psychologique aux milliers de familles des victimes à travers tout l'Iran».
Ali Safavi, membre de la commission des affaires étrangères de l'OMPI et du CNRI, confie à Arab News que «les exécutions massives de dizaines de milliers de dissidents dans les années 1980, notamment le massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988, constitue sans aucun doute l'un des crimes contre l'humanité les plus retentissants depuis la Seconde Guerre mondiale»
Il dénonce la «conciliation» dont fait preuve la communauté internationale vis-à-vis du régime. Chaque fois que les pays ferment les yeux sur les violations des droits de l'homme commises par Téhéran, ils ne font qu’affermir le régime, déplore M. Safavi.
«Le moment est venu pour l'ONU, qui est la plus haute autorité internationale en termes de défense des droits de l'homme, de rompre le silence, de mener une enquête internationale sur ce crime odieux et de demander des comptes aux dirigeants du régime», ajoute-t-il.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.