PARIS: Le gouvernement va supprimer le corps des préfets tout en maintenant la fonction, dans la continuité de sa réforme de la haute administration qui a mené à la suppression de l'Ecole nationale d'administration, a-t-on appris samedi auprès de Matignon.
«Le Premier ministre a rencontré jeudi 6 mai en visioconférence l'ensemble du corps préfectoral, pour échanger avec eux sur la réforme en cours de la Haute fonction publique», qui «vise à améliorer la gestion des cadres supérieurs de l'Etat, selon une logique fondée sur les parcours et les compétences, plus que sur l'appartenance à des corps ou à des statuts», a indiqué Matignon, confirmant une information du Monde et d'Acteurs publics.
Le gouvernement regarde «inspection par inspection quel sera leur sort» et travaille sur l'«hypothèse d'une extinction» des grands corps d'Etat, avait indiqué le 22 avril le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques.
Cette réforme «doit permettre de mieux recruter, former et accompagner les cadres supérieurs de l'Etat dans la diversité de leurs fonctions et métiers. Il n'est donc pas question que cette réforme puisse porter atteinte à la fonction préfectorale, à ses spécificités et à son attractivité», a poursuivi l'entourage de M. Castex.
«Cette réforme doit permettre, au travers de la création d'un corps unique des Administrateurs de l'Etat, de favoriser des parcours plus ouverts et moins cloisonnés, mieux suivis et régulièrement évalués tout au long de la carrière», selon la même source.
Elle doit permettre «que les jeunes hauts fonctionnaires démarrent leur carrière sur le terrain, dans des fonctions opérationnelles et, plus qu'aujourd'hui, dans les territoires», assure Matignon qui ajoute cependant qu'«il n'est pas question d'ignorer la spécificité de certains métiers».
Le métier préfectoral «s'acquiert au travers de l'expérience acquise sur le terrain», reconnaissent les services du Premier ministre.
Celui-ci a d'ailleurs «exprimé aux préfets et sous-préfets toute sa confiance, mais aussi l'importance qu'il attache à l'administration territoriale de l'Etat dont les fonctions, les compétences et les moyens doivent être préservés».
Cette annonce a provoqué «incompréhension» et «trouble» chez les préfets et sous-préfets, a rapporté un participant, en relevant que la réforme ne s'appliquerait ni au Conseil d'Etat, ni à la Cour des Comptes, ni aux diplomates, au motif que ces corps formaient chacun une filière métier. Ce qui a accru l'incompréhension des préfets et sous-préfets qui considèrent former une filière métier.
Selon ce participant, Jean Castex a promis que le gouvernement allait essayer de réintégrer la filière métier préfectoral dans la réforme.
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a tenté samedi soir de rassurer les fonctionnaires dont il a la tutelle, dans un message posté sur Facebook, en affirmant: «les sous-préfets et préfets sont la colonne vertébrale de l'Etat dans les territoires. Ils le resteront».
Évoquant de «grands serviteurs de l’État», M. Darmanin a rappelé qu'ils accompagnaient «depuis plus de deux siècles l’Histoire» du pays. «Ils sont, a-t-il poursuivi, la colonne vertébrale de l’État projetée dans nos territoires urbains comme ruraux. Ils sont une référence pour la haute administration, un lieu de mémoire et de confiance pour nos concitoyens, un appui incontournable pour nos élus».
«Comment imaginer que le Gouvernement touche à un tel symbole ? C’est évidemment hors de propos», a ajouté le ministre.
Il a fait valoir que «fonctionnaliser cette mission ne v(oulait) pas dire supprimer mais s’assurer d’une base de recrutement plus large, plus diverse et d’encore meilleure qualité».