PARIS : Six membres d'un groupuscule néonazi, soupçonnés d'un projet d'attentat contre une loge maçonnique, ont été interpellés mardi, et trois d'entre eux présentés vendredi à un juge d'instruction antiterroriste en vue d'une éventuelle mise en examen.
Ces six personnes, quatre hommes et deux femmes, ont été arrêtées mardi dans le Doubs et le Bas-Rhin, ont indiqué une source judiciaire et une source proche du dossier, confirmant une information de BFMTV.
A l'issue de leur garde à vue, le parquet national antiterroriste (Pnat), qui avait ouvert une enquête préliminaire en février 2021 sur les activités de ce groupuscule d'ultradroite baptisé "Honneur et nation", a décidé de confier les investigations à des juges d'instruction antiterroriste.
Trois de ces suspects, deux hommes et une femme âgés de 29 à 56 ans, doivent être présentés dans la journée aux magistrats en vue de leur éventuelle mise en examen pour "association de malfaiteurs terroriste" criminelle.
Les trois autres, deux hommes et une femme également, ont de leur côté été libérés sans poursuite à ce stade.
Selon une source proche du dossier, les personnes mises en cause sont soupçonnées d'avoir voulu préparer une action violente, potentiellement contre une loge maçonnique. Le projet ne semblait toutefois pas imminent.
Explosifs
Elles ont été interpellées à la suite d'échanges entre elles, et notamment parce qu'elles faisaient des recherches sur d'éventuels explosifs et avaient effectué des repérages.
Des écrits néonazis ont été retrouvés en perquisition.
Selon une source proche, certaines de ces personnes étaient en contact avec Rémy Daillet, figure du mouvement complotiste français résidant en Malaisie.
Ce dernier est soupçonné d'avoir contribué à l'organisation de l'enlèvement en avril de la petite Mia, retrouvée cinq jours plus tard. Dans cette enquête, un mandat d'arrêt international a été lancé à l'encontre de cet ancien cadre du MoDem en Haute-Garonne, qui a été exclu du parti centriste en 2010.
Plusieurs enquêtes antiterroristes liées à la mouvance de l'ultradroite sont en cours en France.
Début avril, le parquet antiterroriste a demandé un procès en correctionnelle pour neuf membres du groupe d'ultradroite surnommé OAS, dont son chef autoproclamé, Logan Nisin. Démantelé en 2017, le groupuscule était soupçonné initialement d'avoir voulu s'en prendre à Christophe Castaner, Jean-Luc Mélenchon ou des musulmans. La décision sur un renvoi éventuel en procès revient désormais aux juges d'instruction chargés de ces investigations.
Par ailleurs, au moins quatre autres enquêtes liées à des projets d'action violente de l'ultradroite sont en cours depuis 2017.
Un an après l'arrestation de Logan Nisin, un autre groupuscule soupçonné de vouloir frapper des cibles musulmanes avait été démantelé. A l'automne 2020, quinze membres ou proches de ce groupe appelé Action des forces opérationnelles (AFO), teinté de survivalisme d'extrême droite, étaient mises en examen dans l'enquête, qui se poursuit.
Un autre groupuscule, issu d'un groupe Facebook surnommé "Les Barjols" et accusé d'avoir voulu attenter à la vie du président Macron, a été arrêté en 2018.
Deux autres enquêtes antiterroristes liées à l'ultradroite portent, l'une sur un groupe proche de l'idéologie néo-nazie soupçonné de viser des lieux de cultes juifs et musulmans, l'autre sur un suprémaciste admirateur de l'auteur de l'attentat en 2019 contre des mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande.
En janvier, le coordonnateur national du renseignement Laurent Nuñez s'était inquiété d'une "montée en puissance des suprémacistes et du survivalisme". On estime que l'ultra droite représente 1.000 à 1.500 personnes, ce que M. Nuñez n'a pas démenti.