GAZA CITY: Imad Al-Rayyes a attendu avec impatience le mois du Ramadan pour que son restaurant, dans la bande de Gaza, puisse amortir une partie des lourdes pertes subies au cours de l'année écoulée, à la suite de la pandémie du coronavirus (Covid-19).
Cependant, le gouvernement dirigé par le Hamas a imposé une fermeture complète , du coucher du soleil jusqu’à l’aube, pendant le mois sacré, pour lutter contre un nombre croissant de contaminations.
«Le mois le plus productif économiquement pour les restaurants, en particulier notre restaurant, est le mois du Ramadan, au cours duquel sont organisés les iftars des entreprises et des institutions», a affirmé Al-Rayyes, le directeur du restaurant LightHouse sur la plage de Gaza, à Arab News.
«Les organismes de bienfaisance organisent des banquets pour les pauvres et les autres, ce qui se traduit par des profits élevés pendant cette période. Cette année, le résultat a été exactement le contraire.»
La nouvelle de la fermeture pendant les heures de l'iftar a choqué les résidents, car les entreprises locales ont dû faire des sacrifices.
«Il y a eu une fermeture complète du restaurant tout au long du mois», a expliqué Al-Rayyes. «Comme nous ne proposons pas de services de livraison, nous avons décidé de fermer complètement le restaurant. Ce qui signifie que nous avons dû licencier 41 employés.»
Al-Rayyes ne peut pas remplir ses obligations envers son personnel en l'absence de revenus, précisant que le Ramadan représentait généralement 30% des revenus annuels du restaurant et du café. Il y a encore des dépenses périodiques même pendant la fermeture, a poursuivi Al-Rayyes, car les organismes gouvernementaux n'ont fourni aucun soutien.
Les réglementations locales ajoutent même des restrictions à la circulation des véhicules le vendredi et le samedi, ce qui a encore eu un impact sur les clients potentiels du restaurant.
De nombreux Palestiniens organisent généralement un iftar avec leurs familles dans des restaurants ou sur le front de mer, au printemps et en été, mais pas pendant la pandémie.
«Cette année, nous n'avons pas ressenti la belle atmosphère du Ramadan en termes de soirées prolongées, et la seule chose que nous ressentons est le jeûne», a confié Hana Al-Jarousha, mère de quatre enfants, à Arab News.
«J'avais l'habitude de sortir à chaque Ramadan au moins trois fois pour prendre un iftar dans un restaurant, et parfois sur le front de mer avec des amis et la famille. Nous y passions la nuit jusqu'à l'heure du sahour ou un peu plus tôt, mais cette année, il n'en est rien.»
La bande de Gaza a enregistré plus de 100 000 cas de Covid-19 depuis que le premier cas a été signalé en août. Depuis, 927 décès ont été enregistrés.
La perte financière a été catastrophique pour le secteur du tourisme local.
Iman Awad, vice-président de l'association des restaurants et des établissements touristiques locaux, a affirmé que la fermeture totale avait eu un impact particulier sur les restaurants, qui dépendent généralement du Ramadan pour un coup de pouce financier.
«Le mois du Ramadan est le mois de la reprise pour les restaurants, le mois du travail continu», a précisé Awad à Arab News.
«La perte est continue depuis près d'un an. On espérait que les restaurants seraient ouverts et que les gens seraient autorisés à s’y rendre pendant le mois du Ramadan. Mais, malheureusement, la fermeture a été un obstacle à la remise en marche du secteur touristique.»
Les pertes totales pour le secteur du tourisme dans la bande de Gaza sont estimées à plus de 100 millions de dollars, tandis que la main-d'œuvre a actuellement diminué de 20 pour cent.
«Cette année, sur le plan personnel, il n'y a pas eu de Ramadan», a conclu Awad. «Il n'y avait pas d'ambiance familiale, pas de marchés, ni d’agréables réunions avec la famille et les proches, que ce soit au niveau individuel, ou au niveau du tourisme.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com