DUBAÏ: Aalya Albeeshi est diplômée en sciences de l’audition et de la parole de l’université du roi Saoud (King Saud University). La mission qu'elle a choisie de mener concerne les personnes qui présentent un handicap auditif: Aalya les aide à s'exprimer grâce à des moyens technologiques innovants. Cette action n’aurait pu voir le jour sans la bourse Qimam (Qimam Fellowship).
Ce programme particulièrement prisé a été mis en place il y a quatre ans. Au terme d'un processus d'évaluation minutieux, seuls cinquante étudiants ont été retenus sur plus de 15 000 candidats pour participer à une formation intensive de douze jours.
Les boursiers bénéficient d’un parrainage individualisé assuré par des cadres supérieurs des secteurs public et privé, d’une formation au leadership dispensée par des spécialistes et des professionnels, ainsi que de la possibilité de visiter les bureaux des plus grandes entreprises nationales et internationales d’Arabie saoudite.
Créé par le cabinet McKinsey & Company et le Dr Annas Abedin, entrepreneur et ancien membre de la société McKinsey, ce programme a pour objectif d’aider les talents d'Arabie saoudite à exploiter leur potentiel, qu'il s'agisse d’étudiants de premier cycle ou de jeunes diplômés.

Née à Riyad, Aalya Albeeshi, âgée de 22 ans, a grandi dans la capitale saoudienne. Elle a appris l’existence de la bourse Qimam durant sa dernière année à l'université, en 2019. Elle avait déjà acquis un grand nombre de connaissances grâce à sa formation, et cette bourse lui a permis de les mettre en application sur le terrain et de l’aider à établir un plan de carrière.
«J’avais entendu parler de ce programme et je savais qu'il offrait de nombreuses opportunités, telles que le parrainage et les visites d’entreprises», raconte Aalya à Arab News. «À ce moment-là, j'aimais bien ce que je faisais, mais j’ai voulu savoir s’il était possible d’aller plus loin.»

«Après l’obtention de mon diplôme est venue l’heure des choix… Je me suis renseignée sur les différentes possibilités qui s'offraient à moi. J'ai profité de cette occasion pour en savoir plus [sur la bourse Qimam].»
L'expérience s'est révélée déterminante. «Le plus important pour moi, c'est le fait d’avoir fait partie de la communauté, et les liens que j'ai noués avec les autres étudiants boursiers. On rencontre des gens venus des quatre coins du pays, qui suivent des études dans des domaines très divers. Certains, qui étudiaient à l'étranger, sont venus participer au programme, avec des compétences tout à fait particulières», raconte-t-elle.
Depuis sa création, en 2018, ce programme de bourses a connu un développement considérable; il a reçu 13 000 candidatures la première année et 18 000 en 2019. Les boursiers sont sélectionnés sur leurs résultats universitaires, sur l’esprit d’initiative dont ils savent faire preuve en dehors des cours, ainsi que sur leurs actions ou leurs idées en matière de responsabilité sociale.

À ce jour, la bourse Qimam a intronisé cent cinquante boursiers – on compte 55% de femmes – issus de secteurs variés: le commerce, la médecine, les sciences, la technologie, l'ingénierie ou les mathématiques, entre autres.
Les diplômés viennent de plus de trente universités à travers tout le Royaume, ainsi que d'autres établissements à l'étranger. Les candidats retenus deviennent des membres exclusifs du réseau des anciens de Qimam (Qimam Alumni Network). Une cérémonie prestigieuse de remise de prix leur est réservée lorsqu’ils ont terminé leur cursus.

«Compte tenu de l'immense potentiel des talents émergents et curieux – sur le plan intellectuel – dont dispose l'Arabie saoudite, les jeunes de ce pays ont l’opportunité d'influencer de manière directe les transformations qui se produisent en ce moment», affirme Abdallah Saidan, partenaire associé auprès du cabinet McKinsey au Moyen-Orient.
«Des initiatives stratégiques telles que le Qimam Fellowship nous donnent de l’espoir et de l’optimisme quant à l’avenir de la nation. En effet, ce programme connaît un succès croissant. Former de jeunes talents du Royaume représente pour nous un devoir auquel nous tenons beaucoup», ajoute Saidan.
En chiffres
* 150: le nombre d'étudiants admis à ce jour depuis 2018.
* 45 000: Le nombre de demandes de bourses déposées à ce jour.
* 55%: La proportion de femmes parmi les candidats retenus.
En effet, les candidats sélectionnés reçoivent une formation au leadership dispensée en personne par des cadres et des spécialistes confirmés, qui travaillent dans des entreprises de premier plan. Ils participent également à des ateliers qui leur révèlent les secrets d'une carrière réussie dans le secteur qui les concerne.
Des sessions individuelles, avec des cadres éminents, leur sont également proposées afin qu’ils reçoivent des conseils personnalisés sur la carrière qu'ils ont choisie. En outre, ils se rendent sur le terrain et visitent les bureaux des plus grandes entreprises du Royaume, parmi lesquelles Seera Group, Al-Khaleejiah, Careem, Cisco Systems, General Electric, Ma'aden, McKinsey, STC, pour n’en citer que quelques-unes.
Ces visites est l’occasion pour les étudiants de découvrir les coulisses de ces entreprises. Ils y rencontrent des cadres supérieurs et apprennent beaucoup à leur contact, ce qui leur permet de se faire une idée claire des possibilités de carrière qui s'offrent à eux.

Une fois la formation terminée, les profils des participants sont communiqués aux responsables des ressources humaines ainsi qu’aux cadres supérieurs d'Arabie saoudite. Cette démarche constitue une opportunité pour décrocher des stages et des emplois.
Par ailleurs, les boursiers tissent des liens solides et durables avec les autres étudiants qui participent au programme grâce au réseau Qimam Alumni Network. Ils pourront ainsi rester en contact lorsqu'ils sont devenus des leaders de leurs domaines respectifs.
Selon Aalya Albeeshi, la diversité des boursiers ainsi que le fait d’appartenir au réseau des dirigeants des principales organisations saoudiennes sont des atouts inestimables.
«J'ai noué des liens importants et utiles. Ces personnes vous soutiennent et elles vous aident à choisir votre carrière; elles peuvent vous donner un autre avis. C'est ce qu'il y a de plus important. Le cours sur le leadership individuel m'a fait prendre conscience du fait que nous avons quelquefois tendance à nous limiter ou à nous sous-estimer», confie-t-elle.
Grâce aux connaissances et aux compétences qu’elle a développées, Aalya Albeeshi est aujourd'hui stagiaire au département d'orthophonie de la cité médicale du roi Fahad (King Fahad Medical City).
«C’est pour moi tout à fait particulier, car il s’agit de l'un des endroits que nous avions visités dans le cadre du programme Qimam», explique-t-elle. «Le travail qui est réalisé ici est fantastique. Il s’agit d’un lieu essentiel, et le personnel accomplit un travail extraordinaire. Je suis vraiment ravie d'être ici», ajoute-t-elle.

Aalya Albeeshi est enchantée de travailler dans un domaine aussi enrichissant. «Je m'intéresse à la communication, et je veux mieux comprendre cette discipline; j’étudie plus particulièrement les troubles qu’elle peut présenter», précise-t-elle. «Il est passionnant de pouvoir faire en sorte que quelqu'un retrouve une aptitude qu'il a perdue, comme la parole, ou encore d’apporter une aide à une personne qui a perdu l'ouïe au fil du temps grâce à des appareils adaptés.»
Aalya est justement en train de développer des technologies d'assistance auditive. Après avoir terminé la formation Qimam Fellowship, elle a participé au programme CoCreate, qui réunit concepteurs et ingénieurs dans le but de mettre au point des technologies innovantes destinées à aider les personnes atteintes d'un handicap. Cette coopération est réalisée grâce au processus Humanistic Co-design («cocréation humaniste»), qui permet d'entrer en relation directe avec les personnes concernées par ces dispositifs.
«Au lieu de fabriquer un appareil en supposant qu'il sera utile, nous cherchons à interroger les gens, à identifier leurs besoins et à proposer des solutions susceptibles de leur faciliter la vie et de leur permettre d'accomplir plus facilement des activités qui leur posent des difficultés particulières», explique Aalya Albeeshi.
«J’ai travaillé avec l'équipe sur un outil qui peut traduire un texte arabe en langue des signes arabe. Nous en sommes encore aux premiers stades de développement», révèle-t-elle.
En outre, Aalya étudie un projet relatif à la santé mentale inspiré de sa propre expérience professionnelle dans les cliniques et auprès de personnes handicapées. «J'ai récemment pris part à ce projet et je pense que ce sujet mérite vraiment d’être approfondi», déclare-t-elle.

En outre, elle travaille actuellement sur un projet affilié à la Saudi National Mental Health Survey (Enquête nationale sur la santé mentale en Arabie saoudite). Elle est heureuse de constater que le discours sur le bien-être mental progresse en Arabie saoudite, d’autant qu’il s’agit d’un sujet «délicat».
«Tout cela montre les progrès qui ont été accomplis dans le pays. Cela prouve également que les choses évoluent à grands pas, que les gens sont de plus en plus sensibilisés et qu’ils prennent désormais soin de leur santé mentale», se réjouit-elle.
En tant que jeune femme saoudienne, Aalya Albeeshi ressent le devoir de contribuer à l’évolution accélérée que connaît son pays. Ce sont les compétences qu’elle a acquises grâce à la bourse qui lui permettent d’y parvenir.
«Il est important d’exercer une influence sur la société. Impliquez-vous, vous pouvez le faire», lance-t-elle.
Twitter : @CalineMalek
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.