Dalida : «J’ai réussi dans la vie, mais pas ma vie»

L'illustre chanteuse Dalida. (AFP/Archives)
L'illustre chanteuse Dalida. (AFP/Archives)
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Publié le Mardi 04 mai 2021

Dalida : «J’ai réussi dans la vie, mais pas ma vie»

  • Dalida a disparu il y a trente-quatre ans, après avoir mis fin à ses jours. Elle fait partie de celles et de ceux qui jamais ne pourront être oubliés
  • Pour Dalida, le bonheur a toujours eu un goût amer, puisqu’il s’est accompagné d’une série de drames

PARIS: Il y a trente-quatre ans, Dalida, icône internationale de la chanson, nous quittait. 

Une forte dose de somnifère, voilà le poison mortifère qui a mis fin à ses jours.

«La vie m’est insupportable, pardonnez-moi». Près de son corps inanimé, retrouvé le lendemain par son habilleuse, dans une lettre manuscrite, ces mots simples d’une tristesse infinie.

L'artiste a connu, tout au long de sa vie, la mélancolie suite à une succession de drames. Des drames qui ont, petit à petit, éteint sa flamme mais qui l'ont aussi beaucoup inspiré. 

«Petite, elle a souvent été malade. Plus tard, il y a eu les drames de sa vie. C’est un ensemble de choses qui lui ont fait commettre l’irréparable. Mais entre son unique tentative de suicide, en 1967, et sa récidive, elle a connu un accomplissement artistique», confiait Orlando, son frère et manager, dans un entretien accordé au magazine Télé Star en 2019. «Si Dalida a complètement réussi sa carrière, elle a presque totalement raté sa vie intime», avait-il ajouté. Arab News en français revient sur une carrière fulgurante et un destin brisé.

«J’ai réussi dans la vie, mais pas ma vie» Dalida

De calvaire en calvaire

C’est dans le brouhaha du Caire, le 7 janvier 1933, que naît Iolanda Gigliotti.

Issue d’une famille d’immigrés italiens, Iolanda grandit entourée de ses deux frères, de son père, violoniste à l’Opéra du Caire, et de sa mère, couturière. Déjà toute petite, la jeune fille voit les choses en grand. Mais son ambition est à plusieurs reprises contrariée par les aléas de la vie. 

Les premiers mois de son existence, Iolanda est plongée dans le noir. Elle ne voit pas, ou très mal. En raison d’une infection des yeux, elle traîne durant de nombreuses années un strabisme divergent avec céphalées. 

Armée de ses épaisses lunettes de vue, elle ne se laisse pas abattre, mais l’ambiance familiale est morose. À la suite du traité anglo-égyptien de 1936, son père est interné dans un camp, et meurt à son retour d’une congestion cérébrale.

De Dalila à Dalida

Le métier d’actrice: Iolanda en rêve nuit et jour. Son strabisme maîtrisé, celle qui se destinait à une carrière de secrétaire se lance en cachette dans des concours de beauté. En 1954, elle obtient le titre de miss Égypte. Cette victoire lui ouvre les portes du grand et du petit écran moyen-oriental.

Elle tourne dans plusieurs séries B, et se fait remarquer par le réalisateur français Marco de Gastyne, qui la pousse à venir s’installer en France. Paris sonne pour elle comme une évidence. Elle s’installe dans un petit appartement proche de l’avenue des Champs-Élysées… avec Alain Delon comme voisin de palier!

Malgré ses nombreuses tentatives, elle ne perce pas dans le cinéma de la Ville Lumière. Ayant plusieurs cordes à son arc, elle mise sur son atout de charme: sa voix ensoleillée. À la villa d’Este, elle se produit d’abord sous le nom de «Dalila», mais à cause des connotations religieuses de ce surnom, elle opte finalement pour « Dalida». 

Son charme qui mêle l’Orient à l’Occident, ne laisse pas de marbre. Bruno Coquatrix, alors directeur de l’Olympia, la remarque, et l’introduit sur la scène musicale française. Sa carrière est ainsi lancée.

Dalida dans les rues de Montmarte, en 1968. (AFP)
Dalida dans les rues de Montmarte, en 1968. (AFP)

«L’Égypte, c’est bien, mais je veux le monde»

«Gondolier t'en souviens-tu,

Les pieds nus, sur ta gondole

Tu chantais la barcarolle

Tu chantais pour lui et moi»

Gondolier. En 1957, cette chanson aux notes sucrées et estivales, la propulse au rang de star. Les titres de Dalida sont classés dans le top 5 des hit-parades. Tout lui réussit. Elle joue dans des films, et son succès artistique s’étend hors du territoire français. Québec, Italie, Allemagne, Autriche, Belgique… Celle qui plaisantait en disant: «L’Égypte, c’est bien, mais je veux le monde» est servie! En effet, en 1965, c’est le monde entier qu’elle conquiert avec son titre La danse de Zorba. Turquie, Vietnam, Hong Kong… L’exotisme non plus ne fait pas peur à la superstar. Son langage est universel, son style est une signature.

Dalida se produisant sur la scène mythique de l'Olympia, en 1971. (AFP)
Dalida se produisant sur la scène mythique de l'Olympia, en 1971. (AFP)

 La française d’adoption est adulée des foules, et son talent est reconnu par toutes les sphères: en plus des victoires musicales qu’elle accumule, elle reçoit plusieurs distinctions honorifiques, dont une médaille de la part du président Charles de Gaulle en 1968. Prolifique et éclectique, «Bambina» ne se laisse pas concurrencer par la génération yéyé, se découvre une passion pour le disco, et introduit des notes d’Orient dans son riche répertoire.

En s’adaptant aux nouvelles tendances, la diva se perfectionne. Celle que l’on surnommait également «mademoiselle jukebox», ébahit tant sa réussite est fulgurante et multiple. 
 

Dalida aux côtés de Johnny Hallyday et Sylvie Vartan, en 1964. (AFP)
Dalida aux côtés de Johnny Hallyday et Sylvie Vartan, en 1964. (AFP)

«Le bonheur n’arrive jamais seul»

«Le bonheur n’arrive jamais seul… et les ennuis viennent en bande», comme l’a écrit le romancier Grégoire Delacourt. Même si elle nageait dans un succès enviable, cette vie d’artiste plébiscitée n’était pas pour autant synonyme de joie. 

Pour Dalida, le bonheur a toujours eu un goût amer, puisqu’il s’est accompagné d’une série de drames. En 1967, Luigi Tenco, chanteur italien dans le vent, avec qui Dalida entretient une idylle, se suicide après avoir raté sa performance au festival de San Remo. Désemparée, la chanteuse tente elle aussi de dire adieu à la vie. Pourtant, cette pulsion de mort, qui hante désormais son existence, est chamboulée par un événement inattendu. Dalida tombe enceinte d’un jeune italien de 22 ans, mais décide d’avorter. L’intervention chirurgicale la rend stérile. Dalida sombre plus que jamais. Son art est un exutoire. Elle change de registre, chante sa peine et crie sa douleur dans des textes profonds.

En 1970, son premier mari, Lucien Morisse met fin à ses jours dans l’appartement du couple. 

Alors qu’elle pensait avoir renoué avec l’amour, en rencontrant Richard de Saint Germain, avec qui elle partage son quotidien durant neuf ans, ce dernier, lui aussi, décide d’en finir avec la vie, en 1983.

La chanteuse Dalida, entourée de journalistes et de photographes de presse, pleure le 23 juillet 1976 à Paris alors qu'elle retrouve son petit ami Richard Chanfret alias comte de Saint-Germain après sa sortie de prison. Chanfret a été emprisonné le 30 juin 1976 après avoir blessé le petit ami de la femme de chambre de Dalida. (AFP)
La chanteuse Dalida, entourée de journalistes et de photographes de presse, pleure le 23 juillet 1976 à Paris alors qu'elle retrouve son petit ami Richard Chanfret alias Richard de Saint-Germain après sa sortie de prison.(AFP)

Même si Dalida se donne corps et âme sur scène, de retour de ses concerts, elle semble éteinte. Elle fume de façon compulsive, ne sort plus, et ne parvient plus à trouver le sommeil.

Rongée par un chagrin hors norme, c’est dans la nuit du 2 au 3 mai 1987, dans sa maison du 11 bis rue d'Orchampt, près de Montmartre, que la femme prodige décide d’en finir.

Soucieuse de laisser une image d’elle «toujours belle, et en pleine gloire», comme l’a assuré Orlando, Dalida s’éteint de façon abrupte, laissant pourtant derrière elle un trésor artistique atemporel. De Gigi l’Amoroso, en hommage à Luigi Tenco, Salma ya Salama, à Mourir sur scène, Dalida fait partie de celles et ceux qui jamais ne pourront être oubliés...

 

les 5 Plus Grands Tubes de Dalida

  • « Bambino » (1957)
  • « Il venait d’avoir 18 ans » (1973)
  • « Gigi l’Amoroso » (1974)
  • « Monday, Tuesday. Laissez-moi danser » (1974)
  • « Mourir sur scène » (1983)

Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
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  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.


Eurovision: Nemo rend son trophée 2024 pour protester contre la participation d'Israël

Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
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  • L’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision 2024, rend son trophée pour protester contre la participation maintenue d’Israël, dénonçant une contradiction avec les valeurs d’unité et de dignité affichées par l’UER
  • Cinq pays — Islande, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie — ont déjà annoncé leur boycott de l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et d’accusations d’irrégularités de vote

GENEVE: L'artiste suisse Nemo, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé jeudi rendre son trophée pour protester contre le maintien de la participation d'Israël dans la compétition, qui a déjà provoqué le boycott de cinq pays.

"En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré dans une vidéo postée sur Instagram Nemo, qui s'était déjà joint aux appels réclamant l'exclusion d'Israël du plus grand événement musical télévisé en direct au monde.

"L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré le chanteur de 26 ans.

"Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré à l'issue d'une édition déjà marquée par une controverses sur la participation d'Israël en pleine guerre dans la bande de Gaza.

Mercredi, la télévision publique islandaise RUV a annoncé boycotter l'édition 2026 de l'Eurovision après le feu vert donné à la participation d'Israël, devenant le cinquième pays à ne pas participer au prochain concours à Vienne.

Début décembre, la majorité des membres de l'UER avaient estimé qu'il n'était pas nécessaire de voter sur la participation d'Israël avec sa télévision publique KAN.

Cette décision a déclenché instantanément les annonces de boycott des diffuseurs de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande et de la Slovénie, sur fond de critiques de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi d'accusations d'irrégularités dans les votes lors des précédentes éditions.

"Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boite.