PARIS: Une semaine après la rentrée des écoliers, collégiens et lycéens ont retrouvé eux aussi leurs salles de classe lundi, une journée marquée par la fin des restrictions de déplacement, première étape dans le déconfinement progressif du pays engagé par le gouvernement.
Après deux semaines d'enseignement à distance, entrecoupées de deux semaines de congés, les lycéens font leur rentrée en demi-jauge, avec une alternance de classes en présentiel et distanciel.
Pour les collèges, la reprise s'effectue en présentiel, sauf pour les élèves de 4e et 3e des quinze départements les plus touchés par la pandémie de Covid-19, également contraints à la demi-jauge.
A Toulouse, Quentin et Nathan, élèves de 6e au collège privé Sainte Marie des Ursulines, étaient impatients. "J'avais hâte de revoir mes copains, de pouvoir discuter, de refaire ce que je faisais avant", dit Quentin, 11 ans, polo blanc et sweat bleu, l'uniforme de l'établissement.
Afin de marquer l'étape de réouverture des collèges et lycées, le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer étaient lundi matin à Laxou, près de Nancy, dans un "lycée des métiers des bâtiments et de l’énergie".
Indiquant que la semaine passée 1.884 classes ont dû fermer pour des cas de Covid, soit seulement "0,65% des classes", le Premier ministre a assuré que "le virus circule très peu" à l'école. "Entre le risque, y compris sanitaire, de maintenir les écoles fermées, et le risque de les ouvrir, la balance était très largement en faveur de l'ouverture des écoles", a insisté le Premier ministre.
Le chef du gouvernement, qui s’est fait présenter lundi matin le dispositif d'autotests mis en place dans cet établissement de Meurthe-et-Moselle, a rappelé en avoir commandé 64 millions pour les écoles, collèges et lycées, y voyant "une nouvelle arme" pour "essayer de casser les chaînes de contamination".
Concernant les tests salivaires, 250 000 sont actuellement réalisés par semaine et "notre objectif est d'arriver à partir de la 3e semaine de mai à 600 000 ", a ajouté M. Castex.
Signe de la fragilité de la situation épidémique, M. Blanquer a maintenu le protocole sanitaire très strict d'avant les vacances : la fermeture d'une classe sera ordonnée au premier cas positif recensé.
Mais "si la situation s'améliore, nous pourrions par exemple envisager de fermer de nouveau les classes à partir de trois cas" ou "rétablir les classes entières pour tous les lycéens et les collégiens", avait indiqué le ministre dimanche.
Allègement progressif
Ce retour en classe et la levée des restrictions de déplacement actent le début du déconfinement en quatre étapes voulu par Emmanuel Macron.
Sa prochaine étape est prévue le 19 mai, avec la réouverture limitée des commerces, cinémas, musées, théâtres et terrasses des bars et restaurants, ainsi que le décalage à 21h00 du couvre-feu.
Le 9 juin, ce couvre-feu doit être encore retardé à 23h00 et cafés et restaurants pourront accueillir, de manière limitée, des clients en intérieur. La levée totale des restrictions est prévue pour le 30 juin, à la veille des vacances.
Ce calendrier reste toutefois soumis à l'évolution de la situation sanitaire.
Le déconfinement s'amorce à l'heure où le pays connaît une décrue des entrées à l'hôpital et en réanimation, avec une baisse respective de 13% et 18% ces sept derniers jours par rapport à la semaine précédente.
Les chiffres restent cependant à un niveau élevé avec en moyenne 1.564 nouvelles hospitalisations et 357 entrées en réanimation quotidiennes sur les sept derniers jours.
"On a un peu l'impression que le gouvernement a voulu déconfiner quoi qu'il en coûte, quoi qu'il arrive", a commenté lundi sur Cnews Philippe Juvin, chef des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou, estimant que cette décrue était "trop lente".
"C'est une situation tendue, d'autant plus tendue que les hôpitaux et personnels soignants arrivent à un moment où ils sont vraiment fatigués", a souligné sur Radio Classique Odile Launay, infectiologue.
LE MODERNA EN DEUXIÈME DOSE POUR VÉRAN
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a reçu lundi après-midi une injection de vaccin anti-Covid Moderna à Melun (Seine-et-Marne), où il avait déjà reçu une première dose d'AstraZeneca début février, a indiqué son cabinet.
Âgé de 41 ans, M. Véran s'est fait administrer un vaccin à ARN messager "comme le prévoit la recommandation de la Haute autorité de santé", a souligné son entourage.
Le vaccin AstraZeneca est en effet réservé depuis le 19 mars aux personnes d'au moins 55 ans, en raison de rares cas de thromboses (caillots sanguins) repérés en Europe.
Ouvrir la vaccination
En parallèle du calendrier du déconfinement, celui de la vaccination a été étoffé.
Depuis ce week-end, tous les majeurs atteints de comorbidités peuvent se faire vacciner, de même que tous les plus de 18 ans dans certains territoires d'Outremer et même les plus de 16 ans à Mayotte.
Pour les plus de 50 ans sans maladie particulière, l'ouverture de la vaccination reste programmée au 15 mai.
Son élargissement à tous les enseignants sans limite d'âge n'est pas prévu dans l'immédiat. Environ 35 000 enseignants, soit 20% de la population ciblée, ont reçu une première dose, selon Jean-Michel Blanquer.
Lundi, le vaccinodrome de Paris La Défense Arena a ouvert ses portes dans les Hauts-de-Seine. Il s'agira de la plus grande salle d'Europe située vers le célèbre quartier d'affaires français, selon, la préfecture. "Avant d'ouvrir un vaccinodrome, (…) il faudrait doter les centres existants", a dénoncé le maire de Clamart Jean-Didier Berger.
Capable de 1 000 injections par jour, l'objectif de ce centre est loin d'être atteint en raison du manque de doses disponibles, explique-t-il.
Le 15 juin, tous les majeurs pourront se faire vacciner, selon le calendrier.
Jusqu'à présent 15,87 millions de personnes ont reçu une première dose.