Covid-19: retour en présentiel des collégiens et lycéens, début du déconfinement

Emmanuel Macron s'adresse aux élèves lors d'une visite dans une école primaire à Melun, le 26 avril 2021, alors que les écoles primaires et les jardins d'enfants français rouvrent après trois semaines de fermeture / AFP
Emmanuel Macron s'adresse aux élèves lors d'une visite dans une école primaire à Melun, le 26 avril 2021, alors que les écoles primaires et les jardins d'enfants français rouvrent après trois semaines de fermeture / AFP
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Publié le Lundi 03 mai 2021

Covid-19: retour en présentiel des collégiens et lycéens, début du déconfinement

  • Le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer sont attendus dans la matinée dans un lycée professionnel de Laxou
  • Le vaccinodrome de Paris La Défense Arena a ouvert ses portes dans les Hauts-de-Seine

PARIS: Une semaine après la rentrée des écoliers, collégiens et lycéens ont retrouvé eux aussi leurs salles de classe lundi, une journée marquée par la fin des restrictions de déplacement, première étape dans le déconfinement progressif du pays engagé par le gouvernement. 

Après deux semaines d'enseignement à distance, entrecoupées de deux semaines de congés, les lycéens font leur rentrée en demi-jauge, avec une alternance de classes en présentiel et distanciel. 

Pour les collèges, la reprise s'effectue en présentiel, sauf pour les élèves de 4e et 3e des quinze départements les plus touchés par la pandémie de Covid-19, également contraints à la demi-jauge. 

A Toulouse, Quentin et Nathan, élèves de 6e au collège privé Sainte Marie des Ursulines, étaient impatients. "J'avais hâte de revoir mes copains, de pouvoir discuter, de refaire ce que je faisais avant", dit Quentin, 11 ans, polo blanc et sweat bleu, l'uniforme de l'établissement.  

Afin de marquer l'étape de réouverture des collèges et lycées, le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer étaient lundi matin à Laxou, près de Nancy, dans un "lycée des métiers des bâtiments et de l’énergie".  

Indiquant que la semaine passée 1.884 classes ont dû fermer pour des cas de Covid, soit seulement "0,65% des classes", le Premier ministre a assuré que "le virus circule très peu" à l'école. "Entre le risque, y compris sanitaire, de maintenir les écoles fermées, et le risque de les ouvrir, la balance était très largement en faveur de l'ouverture des écoles", a insisté le Premier ministre. 

Le chef du gouvernement, qui s’est fait présenter lundi matin le dispositif d'autotests mis en place dans cet établissement de Meurthe-et-Moselle, a rappelé en avoir commandé 64 millions pour les écoles, collèges et lycées, y voyant "une nouvelle arme" pour "essayer de casser les chaînes de contamination". 

Concernant les tests salivaires, 250 000 sont actuellement réalisés par semaine et "notre objectif est d'arriver à partir de la 3e semaine de mai à 600 000 ", a ajouté M. Castex. 

Signe de la fragilité de la situation épidémique, M. Blanquer a maintenu le protocole sanitaire très strict d'avant les vacances : la fermeture d'une classe sera ordonnée au premier cas positif recensé. 

Mais "si la situation s'améliore, nous pourrions par exemple envisager de fermer de nouveau les classes à partir de trois cas" ou "rétablir les classes entières pour tous les lycéens et les collégiens", avait indiqué le ministre dimanche. 

Allègement progressif 

Ce retour en classe et la levée des restrictions de déplacement actent le début du déconfinement en quatre étapes voulu par Emmanuel Macron. 

Sa prochaine étape est prévue le 19 mai, avec la réouverture limitée des commerces, cinémas, musées, théâtres et terrasses des bars et restaurants, ainsi que le décalage à 21h00 du couvre-feu. 

Le 9 juin, ce couvre-feu doit être encore retardé à 23h00 et cafés et restaurants pourront accueillir, de manière limitée, des clients en intérieur. La levée totale des restrictions est prévue pour le 30 juin, à la veille des vacances. 

Ce calendrier reste toutefois soumis à l'évolution de la situation sanitaire. 

Le déconfinement s'amorce à l'heure où le pays connaît une décrue des entrées à l'hôpital et en réanimation, avec une baisse respective de 13% et 18% ces sept derniers jours par rapport à la semaine précédente. 

Les chiffres restent cependant à un niveau élevé avec en moyenne 1.564 nouvelles hospitalisations et 357 entrées en réanimation quotidiennes sur les sept derniers jours. 

"On a un peu l'impression que le gouvernement a voulu déconfiner quoi qu'il en coûte, quoi qu'il arrive", a commenté lundi sur Cnews Philippe Juvin, chef des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou, estimant que cette décrue était "trop lente". 

"C'est une situation tendue, d'autant plus tendue que les hôpitaux et personnels soignants arrivent à un moment où ils sont vraiment fatigués", a souligné sur Radio Classique Odile Launay, infectiologue. 

 

LE MODERNA EN DEUXIÈME DOSE POUR VÉRAN

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a reçu lundi après-midi une injection de vaccin anti-Covid Moderna à Melun (Seine-et-Marne), où il avait déjà reçu une première dose d'AstraZeneca début février, a indiqué son cabinet. 

Âgé de 41 ans, M. Véran s'est fait administrer un vaccin à ARN messager "comme le prévoit la recommandation de la Haute autorité de santé", a souligné son entourage. 

Le vaccin AstraZeneca est en effet réservé depuis le 19 mars aux personnes d'au moins 55 ans, en raison de rares cas de thromboses (caillots sanguins) repérés en Europe. 

 

Ouvrir la vaccination 

En parallèle du calendrier du déconfinement, celui de la vaccination a été étoffé. 

Depuis ce week-end, tous les majeurs atteints de comorbidités peuvent se faire vacciner, de même que tous les plus de 18 ans dans certains territoires d'Outremer et même les plus de 16 ans à Mayotte. 

Pour les plus de 50 ans sans maladie particulière, l'ouverture de la vaccination reste programmée au 15 mai. 

Son élargissement à tous les enseignants sans limite d'âge n'est pas prévu dans l'immédiat. Environ 35 000 enseignants, soit 20% de la population ciblée, ont reçu une première dose, selon Jean-Michel Blanquer.  

Lundi, le vaccinodrome de Paris La Défense Arena a ouvert ses portes dans les Hauts-de-Seine. Il s'agira de la plus grande salle d'Europe située vers le célèbre quartier d'affaires français, selon, la préfecture. "Avant d'ouvrir un vaccinodrome, (…) il faudrait doter les centres existants", a dénoncé le maire de Clamart Jean-Didier Berger.  

Capable de 1 000 injections par jour, l'objectif de ce centre est loin d'être atteint en raison du manque de doses disponibles, explique-t-il. 

Le 15 juin, tous les majeurs pourront se faire vacciner, selon le calendrier.  

Jusqu'à présent 15,87 millions de personnes ont reçu une première dose. 


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.