Sous tension après le Brexit, l'Irlande du Nord fête son centenaire

Une femme passe devant une affiche pro-loyaliste et anti-protocole de l'Irlande du Nord (L) à Belfast, le 19 avril 2021. Le Royaume-Uni a officiellement quitté l'Union européenne l'année dernière et, dans le cadre du divorce en décembre, a accepté un protocole dit d'Irlande du Nord imposant des conditions commerciales uniques à la région. (AFP)
Une femme passe devant une affiche pro-loyaliste et anti-protocole de l'Irlande du Nord (L) à Belfast, le 19 avril 2021. Le Royaume-Uni a officiellement quitté l'Union européenne l'année dernière et, dans le cadre du divorce en décembre, a accepté un protocole dit d'Irlande du Nord imposant des conditions commerciales uniques à la région. (AFP)
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Publié le Dimanche 02 mai 2021

Sous tension après le Brexit, l'Irlande du Nord fête son centenaire

  • Depuis que la République d'Irlande s'est affranchie de la domination britannique le 3 mai 1921, l'existence de l'Irlande du Nord, créée au même moment et rattachée à la Grande-Bretagne, s'est retrouvée au centre d'un bras de fer parfois sanglant
  • Aujourd'hui encore, les républicains désignent souvent leur province comme "le nord de l'Irlande" et qualifient sa création de "partition", selon la croyance profondément ancrée que la frontière a été imposée de manière illégitime

DUBLIN : L'Irlande du Nord fête lundi le centenaire de sa création, dans une relative discrétion illustrant le fossé, ravivé par le Brexit, qui sépare encore les deux factions constituant la population de la province britannique.

Depuis que la République d'Irlande s'est affranchie de la domination britannique le 3 mai 1921, l'existence de l'Irlande du Nord, créée au même moment et rattachée à la Grande-Bretagne, s'est retrouvée au centre d'un bras de fer parfois sanglant entre les deux pays. 

Les unionistes défenseurs de l'appartenance au Royaume-Uni, surtout protestants, et les républicains favorables à une réunification avec l'Irlande, en grande partie catholiques, se disputent depuis des décennies sur le statut de leur patrie.

Ces tensions ont été exacerbées récemment par les changements liés au séisme du Brexit, aboutissant ces dernières semaines à des émeutes et à la démission de la cheffe du gouvernement local, Arlene Foster, du parti unioniste ultra-conservateur DUP.

"Le centenaire de l'Irlande du Nord est, par sa nature même, source de division et ne peut être que source de division", estime Jonathan Evershed, chercheur à l'University College Cork, interrogé par l'AFP. Pour lui, "il n'y a tout simplement aucun moyen de commémorer l'Irlande du Nord d'une manière réconciliatrice ou inclusive".

Aujourd'hui encore, les républicains désignent souvent leur province comme "le nord de l'Irlande" et qualifient sa création de "partition", selon la croyance profondément ancrée que la frontière a été imposée de manière illégitime. 

Cette profonde division était déjà au cœur des "Troubles', ce sanglant conflit qui a fait en trente ans quelque 3.500 morts, avant la conclusion d'un accord de paix en 1998. 

"Irrémédiablement opposés"

Malgré cette paix fragile, les républicains, également désignés comme nationalistes, décorent encore maintenant leur maison du drapeau tricolore irlandais, signe qu'ils se considèrent comme des citoyens d'une Irlande occupée par une puissance étrangère.

En face, les enclaves unionistes de certaines villes se parent de l'Union Jack ou de fresques murales célébrant la famille royale britannique. 

Dans ce contexte, chaque victoire pour un camp signifie une perte de terrain pour l'autre, tant leurs points de vue sont "irrémédiablement opposés", juge M. Evershed.

C'est pourquoi les célébrations du centenaire proposées par le gouvernement, nécessairement fondées sur l'idée que l'Irlande du Nord appartient au Royaume-Uni et possède comme cheffe d’État la reine Elizabeth II, posent problème.

Le programme du gouvernement local prévoit pourtant des événements censés réconcilier les deux parties, comme la tenue d'un service religieux interconfessionnel et la création d'un "fond d'histoire partagée".

Mais si le gouvernement désire "souligner la force et la beauté des diverses identités de la province", certains gestes symboliques risquent de fâcher les républicains, comme le fait qu'une "rose du centenaire" sera présentée à la reine "pour son propre jardin". 

"Les unionistes et nationalistes ont des compréhensions différentes du passé - ils commémorent des choses différentes, et le font différemment - parce qu'ils ont des visions contradictoires de l'avenir politique", analyse M. Evershed.

Secouée par le Brexit 

D'autant plus que ce centenaire intervient à un moment où les tensions sous-jacentes ont été fortement ravivées par le départ du Royaume-Uni de l'Union européenne. 

Afin d'éviter un retour à une frontière physique avec la République d'Irlande, l'Irlande du Nord continue d'appliquer les régulations de l'UE. Des contrôles sur les marchandises provenant de Grande-Bretagne ont été mis en place dans les ports de la province.

Se sentant sentie trahie par Londres qu'elle accuse d'avoir instauré une frontière douanière en mer d'Irlande, la communauté unioniste a déclenché début avril de violentes émeutes dans plusieurs villes. 

Et la Première ministre et leader unioniste Arlene Foster s'est vue contrainte par les siens d'annoncer sa démission, ouvrant une période d'incertitude politique.

Dans ce contexte tendu, deux des principaux partis républicains (Sinn Fein et SDLP) ont d'ores et déjà boycotté la planification des commémorations. "On ne célèbrera pas cette partition qui représente un échec pour les gens de cette île", a affirmé Michelle O'Neil, dirigeante du Sinn Fein au sein de la province. 

En face, certains unionistes, qui ont récemment perdu leur emprise historique sur le parlement local, sont tout autant insatisfaits du ton neutre arboré par le gouvernement de Londres. 

C'est pourquoi Jonathan Evershed parle d'un centenaire "malheureux", tant pour les unionistes qui "saluent le centenaire d'un État à leur image mais dans lequel ils ne se sentent plus en sécurité", que pour les républicains, "obligés de constater que la frontière à laquelle ils s'opposent depuis toujours existe encore". 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.