Des avocats estiment dangereuse l’interdiction par la Turquie de filmer les manifestations

Des policiers anti-émeutes arrêtent des manifestants alors qu'ils tentent de braver une interdiction et défilent sur la place Taksim pour célébrer le 1er mai, lors d'une «fermeture totale» à l'échelle nationale, à Istanbul, en Turquie, le 1er mai 2021. (Reuters)
Des policiers anti-émeutes arrêtent des manifestants alors qu'ils tentent de braver une interdiction et défilent sur la place Taksim pour célébrer le 1er mai, lors d'une «fermeture totale» à l'échelle nationale, à Istanbul, en Turquie, le 1er mai 2021. (Reuters)
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Publié le Samedi 01 mai 2021

Des avocats estiment dangereuse l’interdiction par la Turquie de filmer les manifestations

  • Cette année, seuls les dirigeants de certains syndicats ont été autorisés à commémorer la fête annuelle
  • Plus de 200 manifestants ont été arrêtés cette année alors qu'ils tentaient d'organiser un rassemblement du 1er mai au mépris du confinement

ISTANBUL: La Direction générale de la sécurité de la Turquie, relevant du ministère de l’Intérieur, a publié une circulaire interdisant aux citoyens de filmer ou d’enregistrer des policiers pendant les manifestations.

La circulaire, divulguée par la Progressive Lawyers Association, a vu le jour juste avant les célébrations de la Fête du travail et de la solidarité du 1er mai à travers le pays.

Cette année, en raison du confinement, seuls les dirigeants de certains syndicats ont été autorisés à commémorer la fête annuelle, tandis que les travailleurs ont été exclus.

Plus de 200 manifestants ont été arrêtés cette année alors qu'ils tentaient d'organiser un rassemblement du 1er mai au mépris de l'interdiction de sortir.

La circulaire visait à protéger la vie privée des responsables de la sécurité.

Les violations de la vie privée conduisent parfois à la circulation en ligne d’images et de son du personnel de sécurité de telle sorte que leur sécurité et celle des citoyens est compromise, dit la circulaire.

Cela empêche l'accomplissement de leurs tâches et suscite « des erreurs de jugement populaires sur le service de sécurité », ajoute-t-il.

Cependant, les experts préviennent que l’interdiction est illégale et menace les droits des citoyens en dédouanant la police et en empêchant la collecte de preuves, en particulier dans les cas où la police commet des violences contre des manifestants.

« Une telle circulaire n’a aucune base légale. La constitution n'accorde le droit à la vie privée qu'aux individus, et les institutions publiques et les agents publics sont exemptés de cette protection », déclare à Arab News Gokhan Ahi, un avocat spécialisé dans les lois sur la technologie et l'informatique.

«Par conséquent, cette interdiction est considérée comme sans fondement, car les actes des forces de police contre les manifestants n'impliquent pas leur vie privée. Sinon, il serait inutile d'installer des caméras de sécurité dans les postes de police.

« Jusqu’à présent la jurisprudence considère que les agents publics ne peuvent pas bénéficier de clauses de confidentialité pour les actes qu'ils commettent dans les lieux publics. Chaque agent public doit agir légalement dans l'exercice de ses fonctions, et n'importe qui peut enregistrer ces actes », déclare Ahi.

L'enregistrement de ces actes aide normalement les autorités à identifier les comportements illicites et fournit des preuves solides et un mécanisme de contrôle de facto aux autorités judiciaires, en particulier dans les cas de torture et de mauvais traitements, ajoute Ahi.

«Les numéros de casques de la police anti-émeute ont été effacés récemment, tandis que les autorités ont recours à un nombre accru de policiers en civil pour intervenir dans les mouvements sociaux, ce qui alimente l’irresponsabilité pour mauvais traitements infligés par les forces de police en service», dit-il.

Plusieurs journalistes ont été empêchés samedi de couvrir les manifestations en enregistrant la répression policière contre les manifestants du 1er mai, tandis que du matériel photographique et des smartphones auraient été confisqués par la police.

La Confédération des syndicats progressistes de Turquie a déclaré sur Twitter que les journalistes filmant les manifestations du 1er mai étaient bloqués par la police.

Faik Oztrak, le porte-parole du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple, avertit que cette décision « pourrait entraîner une augmentation des brutalités policières».

Il précise : «Maintenant, ils se sentiront libres de faire ce qu'ils veulent et de harceler les gens à leur guise.»

Lors des manifestations antigouvernementales du parc Gezi en 2013, au cours desquelles la police turque a réprimé les manifestants avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau, 11 personnes sont mortes et plus de 8 000 ont été blessées.

Par ailleurs, la Cour constitutionnelle turque a décidé le 29 avril qu’il y avait eu violation des droits lorsque l’État avait refusé l’autorisation de juger des policiers coupables d’avoir blessé un manifestant au parc Gezi.

Erdal Sarikaya a perdu un œil pendant les manifestations lorsqu'une cartouche de gaz lacrymogène tirée par la police l'a atteint au visage, mais il n'a pas pu poursuivre le gouvernement pour blessure. Le procès contre les policiers impliqués commencera huit ans après l'incident.

 

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".