LONDRES: Le Premier ministre Boris Johnson envisage de modifier les lois britanniques sur la trahison afin de poursuivre les citoyens qui vont à l’étranger rejoindre des groupes terroristes tels que Daech.
Les lois, qui sont en place depuis 1351 et qui ont été utilisées pour la dernière fois dans la poursuite du sympathisant nazi William Joyce en 1946, ont été décrites comme actuellement « impraticables » par les députés en ce qui concerne les djihadistes rentrant au Royaume-Uni depuis l'Irak et la Syrie.
Les propositions de réforme de la loi vieille de 650 ans incluent l'élargissement des définitions de ce qui constitue un «ennemi» et des «actes de trahison» pour s'appliquer aux acteurs non étatiques, y compris les organisations terroristes.
Il existe également des propositions peut-être plus controversées visant à forcer les personnes se rendant dans des zones connues pour accueillir des groupes hostiles, ou «zones à risque», à fournir un motif valable afin d'éviter des poursuites.
"C'est quelque chose que plusieurs pays ont - un système qui dit que le fait de se rendre dans un pays ou une région en particulier n'est pas nécessairement légal", déclare une source du Home Office au Times.
«Il s’agit de fournir une raison valable, et très peu de gens se rendent dans le sud de l’Irak ou en Syrie pour leur climat du mois d’août.»
Une autre source déclare au journal que lorsqu’une personne retourne au Royaume-Uni, «c’est pour l’instant au gouvernement de prouver qu’il y a eu délit. Ce projet de loi va changer la donne. Ceux qui reviennent devront prouver qu'ils n'ont commis aucun délit, sinon ils feront face à des poursuites. »
Les changements, s'ils sont confirmés, seront dévoilés dans le prochain discours de la reine au Parlement le 11 mai, évènement au cours duquel le gouvernement expose son programme législatif.
"Nous ne nous excusons pas d'avoir fait tout ce qui est nécessaire pour protéger le Royaume-Uni de ceux qui constituent une menace", déclare un porte-parole du gouvernement.
«Les individus qui restent dans la zone de conflit appartiennent à un groupe incroyablement dangereux. Ils ont tourné le dos à ce pays pour soutenir un groupe (Daech) qui a massacré et décapité des civils innocents, y compris des citoyens britanniques.
Le Royaume-Uni a eu du mal à poursuivre les membres présumés de Daech revenant du Moyen-Orient ces dernières années en raison du manque de preuves convaincantes d'actes répréhensibles.
Selon les statistiques du Home Office, 900 citoyens britanniques sont considérés comme des menaces pour la sécurité nationale après être partis rejoindre des groupes terroristes depuis 2011.
Parmi ceux-ci, environ 400 sont rentrés au Royaume-Uni depuis, mais à peine 10% ont été poursuivis; on pense que 200 sont morts, et beaucoup plus sont actuellement détenus dans des camps de prisonniers à travers la région.
Le député conservateur Tom Tugendhat, président du Comité des affaires étrangères de la Chambre des communes, déclare que des sanctions sévères sont nécessaires en cas de trahison. « Nous ne pouvons pas nous laver les mains de ceux qui sèment la terreur à l’étranger, mais nous ne pouvons nous en occuper que si nous sommes prêts à agir et à poursuivre ceux qui ont trahi nos communautés. »
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com