PARIS : Défense de l'emploi et des libertés: pour la deuxième année consécutive, les syndicats ont célébré samedi la journée internationale des travailleurs à l'aune de la Covid-19, avec cette fois des milliers de manifestants dans la rue et quelques tensions.
Peu avant le départ de la manifestation parisienne, forte de plusieurs milliers de personnes, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a rappelé qu'il y avait eu "beaucoup de frustration" l'an dernier avec un 1er-Mai confiné. Il s'était auparavant réjoui de reprendre ainsi les "bonnes habitudes".
La CGT, qui avait comptabilisé près de 300 manifestations dans l'Hexagone, avait appelé, avec FO, la FSU et Solidaires à faire de ce 1er-Mai une journée "pour l'emploi, les salaires, les services publics, la protection sociale, les libertés et la paix dans le monde".
Les autorités s'attendent à environ 100 000 manifestants sur l'ensemble du territoire. En 2019, le ministère de l'Intérieur en avait comptabilisé 164 000 et la CGT 310 000.
Emploi, salaires, gestion de la crise Covid par le gouvernement, restrictions des libertés...: dans les cortèges, les revendications étaient variées, la contestation de la réforme de l'assurance-chômage, qui doit entrer en vigueur le 1er juillet, revenant de façon récurrente. Des "gilets jaunes" ont pris part à plusieurs défilés, dont la manifestation parisienne.
"Envie de venir deux fois"
A Lyon, où 3 000 personnes ont manifesté sous la pluie, selon la préfecture, un bref affrontement a éclaté entre un petit groupe de "black blocs" et des policiers. La préfecture a fait état de cinq interpellations et la manifestation s'est achevée dans le calme.
"On a beaucoup de raisons de venir manifester: le contexte sanitaire, social, l’appauvrissement global de la société", a affirmé Ivan Gineste, 50 ans, CPE dans un lycée lyonnais.
A Marseille, sous une météo là aussi peu clémente, ils étaient environ 3 500 manifestants, selon la préfecture, et quelques milliers à Lille, tandis qu'à Rennes, ils étaient 1 700, selon la préfecture.
A Nantes, la manifestation a réuni 3 750 personnes, selon la préfecture, qui a fait état de "quelques heurts" momentanés liés à la présence d'"une centaine de personnes de l'ultra gauche".
Des manifestants (environ 2 000 selon la CGT) se sont aussi rassemblés non loin de Caudan (Morbihan) où est implantée l'usine de la Fonderie de Bretagne, en grève contre la cession du site par Renault.
Plus d'un millier de personnes ont aussi défilé à Toulouse, tandis qu'ils étaient entre 1 600 (police) et 4 500 (syndicats) à Bordeaux et entre 1 300 (police) et 2 000 (CGT) à Saint-Etienne.
A Strasbourg, où ils étaient entre 1 300 (police) et 5 000 (syndicats), on pouvait lire sur des pancartes: "retrait de la réforme chômage" ou "ma retraite sera aussi pourrie que ma pancarte".
Dans le cortège, Clarisse Daull, retraitée de l'édition, a rapporté avoir eu envie "de venir deux fois", ayant "beaucoup souffert de ne pas défiler l'an dernier". "Depuis un an, il n'y a qu'un seul sujet, c'est la Covid" alors que "les travailleurs continuent à souffrir", a-t-elle déploré.
Tensions à Paris
A Paris, la manifestation s'est élancée peu après 14H00 de la place de la République vers celle de la Nation, les numéros un de la CGT et de FO défilant côte à côte pour la première fois depuis 2016.
Des tensions sont rapidement apparues, avec des "tentatives répétées de constitution d'un black bloc en avant du cortège syndical" qui ont longuement bloqué les manifestants, selon une source policière. Le cortège avançait de façon sporadique.
Les fauteurs de trouble étaient estimés à "quelques centaines", tandis que 5 000 policiers et gendarmes étaient mobilisés dans la capitale, de source policière.
La préfecture de police a fait état de 34 interpellations. Quatorze personnes ont été placées en garde à vue, selon le parquet.
En 2019, Philippe Martinez avait dû quitter le carré de tête, pris dans des affrontements entre police et "black blocs".
A un an de la présidentielle, plusieurs responsables politiques de gauche ont pris part aux cortèges, tels Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Fabien Roussel (PCF) à Lille, ce dernier affirmant qu'"on commence à exploser de colère".
A l'heure des 150 ans de la Commune de Paris, FO avait lancé la journée à Paris avec un hommage devant le mur des Fédérés du Père-Lachaise. Son numéro un, Yves Veyrier, a affirmé que son syndicat n'entendait pas "baisser la garde", malgré le contexte de pandémie.
Mettant en avant le risque sanitaire, la CFDT avait opté pour un rassemblement virtuel sur Facebook avec des militants.