PARIS : Après les écoliers cette semaine, lundi ce sera au tour des collégiens et lycéens de retrouver le chemin de leur établissement scolaire, une reprise qui pose encore de nombreuses questions, tant sur le plan pédagogique que sanitaire.
Après deux semaines d'enseignement à distance, entrecoupées de deux semaines de congés, tous ne reprendront cependant pas à plein temps.
Les lycéens seront en demi-jauge, avec une alternance de classes en présentiel et distanciel.
Pour les collèges, la rentrée s'effectuera en présentiel, sauf pour les élèves de 4e et 3e des quinze départements les plus touchés par la pandémie de covid-19, qui feront aussi leur rentrée en demi-jauge.
« On a le sentiment que ces décisions sont adaptées à la situation actuelle », se félicite Philippe Vincent, secrétaire général du principal syndicat des chefs d'établissement (SNPDEN). « Elles règlent notamment la question de la cantine, qui restait le maillon faible. Mais vont-elles permettre d'éviter un rebond épidémique ? », s'interroge-t-il.
En cette fin de semaine, la définition des jauges, décidée à l'échelle d'un établissement, suscitait encore de nombreux questionnements. Car choisir de faire venir les élèves par demi-classes, ou en classes entières mais à mi-temps ou une semaine sur deux, n'engendre pas les mêmes contraintes ni ne produit les mêmes effets.
Benjamin Marol, professeur d'histoire-géographie, explique que dans son collège de Montreuil (Seine-Saint-Denis), personne n'était initialement d'accord sur la solution à retenir. Finalement, les élèves de 4e et 3e viendront en alternance le matin et l'après-midi en classe entière. « Donc on va continuer à avoir des classes bondées », déplore-t-il.
Comme dans le premier degré, un protocole strict sera appliqué : une classe fermera au premier cas de Covid confirmé. Une solution appuyée par les syndicats enseignants, mais qui fait craindre, comme avant les vacances scolaires, des fermetures en cascade.
« On ne va pas pouvoir tenir jusqu'à la fin de l'année, les classes vont fermer les unes après les autres », anticipe Benjamin Marol. Il y a un mois, avant la première semaine d'enseignement à distance, et alors que ce protocole strict était déjà appliqué, 11 classes sur 20 avaient dû fermer dans son collège.
« Annulons le grand oral »
Au lycée, où les élèves sont brassés dans différentes classes en fonction de leurs spécialités ou options, un seul cas peut suffire à décimer les effectifs d'un établissement.
« Si on décide d'évincer tous ceux qui sont en contact avec l'élève, cela peut vite concerner 100 à 150 élèves », souligne Florence Delannoy, proviseure d'un lycée à Lille et membre du SNPDEN. Pour cette rentrée, son établissement fera le choix de ne fermer que le "groupe classe" principal d'un élève détecté positif.
Vendredi, 1 118 classes fermées étaient fermées dans le premier degré, soit 0,39% du total, selon les chiffres du ministère, contre 11 272 classes fermées avant les vacances.
Ces dernières fermetures sont liées à des élèves contaminés pendant les vacances.
Les personnels enseignants misent toutefois sur une nouveauté : les 64 millions d'autotests que le gouvernement a commandés pour les élèves de plus de 15 ans, les enseignants et autres personnels de l'Education nationale.
A partir du 10 mai, les lycéens y seront soumis chaque semaine au sein de leur établissement.
Une avancée, même si la mise en place de ces tests interroge encore le monde enseignant : les élèves pourront-ils bien les faire deux fois par semaine s'ils sont en hybride ? Qui va les superviser ? Comment les résultats seront-ils transmis ?
Devant toutes ces incertitudes, des voix se sont élevées pour réclamer l'annulation du grand oral du bac, que le gouvernement entend préserver à tout prix.
« Les deux épreuves qui ont des examens terminaux, la philosophie et le grand oral, seront maintenues », a redit Emmanuel Macron jeudi.
« Il y a urgence à neutraliser le grand oral cette année, pour ramener un peu de sérénité », estime Sophie Vénétitay, du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire. « On voit bien que personne n'est prêt », grince aussi le président du Snalc (secondaire), Jean-Rémi Girard.
L'Union nationale des lycéens (UNL) appelle à des blocus dans les lycées à partir de lundi pour demander un bac entièrement validé via le contrôle continu. « Les conditions ne sont pas réunies pour passer les épreuves dans de bonnes conditions », a expliqué l'UNL.