Un centre culturel musulman de Rennes à nouveau ciblé par des tags racistes

« On vous a prévenu ... L'immigration tue #Rambouillet » ou encore « Les Français, réagissez! », peut-on lire ce vendredi, 30 avril 2021, sur un mur du centre culturel islamique Avicenne à Rennes, dans l'ouest de la France. (Photo, AFP)
« On vous a prévenu ... L'immigration tue #Rambouillet » ou encore « Les Français, réagissez! », peut-on lire ce vendredi, 30 avril 2021, sur un mur du centre culturel islamique Avicenne à Rennes, dans l'ouest de la France. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 07 mai 2021

Un centre culturel musulman de Rennes à nouveau ciblé par des tags racistes

  • Pour la seconde fois en moins de trois semaines, des tags racistes ont recouvert un mur du centre culturel musulman Avicenne à Rennes
  • Une nouvelle enquête a été ouverte par le parquet de Rennes

RENNES: « On passe le ramadan dans la peur ». Pour la seconde fois en moins de trois semaines, des tags racistes ont recouvert un mur du centre culturel musulman Avicenne à Rennes, suscitant l'inquiétude des fidèles réunis pour la prière du vendredi.

« On vous avait prévenu, l'immigration tue... #Rambouillet », « Français, réagissez!!! Mélanchon (sic) collabo », pouvait-on lire vendredi matin sur le mur arrière du centre culturel Avicenne, dans le quartier populaire de Villejean.

Les services techniques de la ville ont rapidement effacé les tags, avant l'arrivée des fidèles pour la prière du vendredi. Des tags similaires avaient déjà été peints, dans la nuit du 10 au 11 avril, sur la plupart des murs du centre Avicenne: « Non à l'islamisation », « Vive le Roy », « Charles Martel sauve nous » ou « les croisades reprendront ».

Vendredi matin, les références étaient les mêmes, le ou les auteurs des tags ayant pris soin de dessiner une croix chrétienne accompagnée de l'inscription « deus vult », le cri de ralliement des croisés. 

« Espérons qu'ils vont être interpellés. Trop, c'est trop, ça commence à bien faire », espérait Yacir, 62 ans, barbe grise et tapis de prière sous le bras. « On passe le ramadan dans la peur ».

Comme lui, la plupart des fidèles étaient partagés entre l'inquiétude et l'incompréhension. « Je sais pas ce qu'ils cherchent. Rennes est une ville calme. S'ils reprochent quelque chose, mieux vaut avoir une discussion », expliquait Hamza, 35 ans, cheveux bruns coiffés en arrière.

« La première fois, on se dit c'est pas grave », ajoutait Adam Youssouf, 24 ans, en distribuant du gel hydroalcoolique aux fidèles. « Mais là, ça fait vraiment peur, c'est une menace. »

« Il y a toujours des idiots qui font n'importe quoi sur les religions », estimait Mourad, 34 ans, sweat à capuche et masque noir. « On demande juste que la justice fasse son travail ».

Interrogé, le procureur Philippe Astruc a indiqué à l'AFP qu'une nouvelle enquête pour « dégradations en raison de l’appartenance à une religion » avait été confiée à la sureté départementale de la police rennaise.

« Pour l’heure, le ou les auteurs des premiers faits n’ont pu être identifiés malgré les recherches entreprises », a précisé le magistrat.

«Lâche provocation»

« Les fidèles, comme les Rennais, sont choqués par ces actes. Je condamne fermement ces messages odieux », a réagi sur Twitter la maire PS de Rennes Nathalie Appéré.

Également sur Twitter, le Conseil français du culte musulman (CFCM) a condamné « fermement » ces « inscriptions racistes et islamophobes » et exprimé sa « solidarité avec les fidèles et responsables du centre face à cette nouvelle et lâche provocation ».

Ces dégradations à répétition surprennent d'autant plus qu'il y a peu de tensions communautaires en Bretagne et que le centre Avicenne (du nom d'un philosophe persan) « est un centre un peu particulier qui associe musulmans et non musulmans pour mieux vivre ensemble », explique Marie-Françoise Bourblanc, membre du conseil d'administration. Pour elle, ces actes relèvent « d'une volonté de déstabiliser la communauté musulmane ».

Après les premiers tags, plusieurs Rennais avaient apporté des messages de soutien, dont l'un est toujours accroché à une porte du centre. « On est dans une ville où le vivre ensemble avec les différentes communautés aujourd'hui est acquis », a souligné Ahmed Ait Chikh, président du centre culturel. « On essaie de monter les communautés entre elles alors que dans la réalité on travaille ensemble, on vit ensemble et il n'y a vraiment aucun problème ».

« Est-ce qu'il va y avoir plus de violence? Est-ce qu'on va arriver à une violence physique? A des décès, à des morts? », s'interrogeait-il.

Le 11 avril, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait promis « la protection à nos concitoyens musulmans » lors d'une visite au centre Avicenne.

Mais pour Abdallah Zekri, président de l’Observatoire contre l’islamophobie, ces tags ne sont pas une surprise. « Nous sommes en pleine période électorale et nous constatons que, sur les chaînes en continu, on fait l’amalgame à longueur de temps  entre immigration et terrorisme. Des personnalités politiques alimentent ce discours », a-t-il déploré.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.