QARAOUN: Des tonnes de poissons morts ont été trouvés ces derniers jours échoués sur les rives d'un lac artificiel très pollué dans l'est du Liban, a affirmé jeudi à l'AFP un responsable libanais.
Les causes exactes de ce désastre environnemental, d'une ampleur inédite selon des pêcheurs locaux, restent toutefois inconnues.
D'après un rapport préliminaire de l'Autorité du fleuve Litani et de la Société pour la protection de la nature au Liban, un virus serait responsable de ce désastre au lac Qaraoun, situé sur le fleuve Litani.
Selon les deux entités, seules les carpes ont été contaminées.
Mais le niveau élevé de pollution du lac pourrait aussi être à l'origine de cette hécatombe, estime Kamal Slim, un chercheur spécialisé dans l'écologie des milieux aquatiques.
Sans analyses, il est difficile de trancher, estime le chercheur qui prélève des échantillons de l'eau de Qaraoun depuis 15 ans.
Le lac abrite des cyanobactéries pouvant libérer des toxines sous l'effet de la pollution et de la forte lumière pendant les mois plus chauds, explique-t-il.
« Une autre possibilité est l'ammonium très toxique », ou encore une bactérie qui pourrait attaquer les poissons plus vulnérables durant la période de reproduction.
Jeudi matin, des centaines de poissons gisaient le long d'une rive du lac, dégageant une forte odeur dans les environs, a constaté une correspondante de l'AFP.
Des hommes ramassaient à la pelle les carcasses, alors qu'une pelle mécanique en versait davantage à l'arrière d'un camion.
« C'est notre troisième jour ici pour ramasser des poissons morts », témoigne Nassrallah el-Hajj, de l'Autorité du fleuve Litani, chaussé de cuissardes de pêche. « Nous (en) avons transporté environ 40 tonnes » jusqu'à présent.
Au bord de l'eau, Mahmoud Afif, un pêcheur de 61 ans, évoque une « catastrophe ».
« Je n'ai jamais rien vu de tel », dit-il.
Le lac Qaraoun a été construit en 1959 pour produire de l'électricité et irriguer les terres agricoles.
Mais ces dernières années, des millions de cubes métriques d'eaux usées s'y sont déversés selon des experts, ainsi que des déchets industriels et des ruissellements agricoles contenant des pesticides et des fertilisants.
Depuis 2018, la pêche y est interdite mais des poissons du lac ont été retrouvés sur certains marchés.