PARIS: Peintures, dessins, sculptures, art graphique, calligraphies et photographies d’artistes algériens sont désormais exposés et proposés à la vente en ligne via la plate-forme digitale lawhati.dz.
C’est en présence de la ministre de la Culture et des Arts, Malika Bendouda, que la plate-forme Lawhati a été officiellement inaugurée mardi 20 avril. Elle a été lancée par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), qui a pour objectif de soutenir les artistes et les associations qui œuvrent dans le domaine de la création, la promotion et la diffusion de la culture, en partenariat avec le Conseil national des arts et des lettres (Cnal).
«Cette plate-forme répond à la demande des professionnels de l’art visuel», explique la ministre de tutelle, qui précise que cette requête avait été effectuée lors d’une rencontre organisée par la Commission sur le marché de l’art en 2020.
Interrogée par Arab News en français, Myriam Ait el-Hara, directrice du département d’arts visuels et du patrimoine de l’Aarc, nous fait savoir que la plate-forme Lawhati est «un outil au service de l’art», indiquant que «ce portail représente une réponse innovante et pratique qui permet aux artistes de proposer au marché des œuvres sans avoir à les exposer physiquement».
Désormais, grâce à cette plate-forme, les artistes peuvent proposer leurs œuvres à la vente. «Cette nouvelle option commerciale, fonctionnelle et judicieuse, est rendue possible grâce à l’informatisation et à la sécurisation des moyens mis en ligne», nous explique Myriam Ait el-Hara. Elle ajoute que cet outil «va être généralisé dans tout le pays par les acteurs et les professionnels du marché qui souhaitent faire fructifier leurs acquis et leurs investissements pour collectionner des œuvres d’art».
Rappelons que l’Aarc se donne également pour mission de soutenir les productions des créateurs et des auteurs algériens, que ce soit en Algérie ou à l’étranger. Son champ d’action comprend le patrimoine, les arts de la scène, les arts visuels, le cinéma et la littérature.
Accès innovant aux œuvres d’art
Le portail digital Lawhati.dz permet de suivre le parcours d’une vingtaine d’artistes et de découvrir leurs œuvres. Son objectif est de contribuer «à faire évoluer la portée culturelle de l’œuvre créée par les artistes; l’œuvre n’a de valeur que si les professionnels de la culture lui en reconnaissent une», estime Myriam Ait el-Hara.
Le designer Jamal Matari, les plasticiens Abdelhalim Kebieche et Hachemi Ameur, les peintres Khaled Rochedi Bessaih et Chafa Ouzzani, le sculpteur Abdelkader Mouhoub, les photographes Leila Boutamine ould Ali et Rafik Zaidi ou encore le dessinateur Sofiane Dey figurent parmi les artistes recensés à ce jour sur la plate-forme.
Sollicité par la directrice du département d’arts visuels et du patrimoine de l’Aarc, Chafa Ouzzani, architecte et peintre originaire de la ville de Bejaïa, en Kabylie, a accepté de participer à ce programme soutenu par le ministère de la Culture. Pendant plus d’une décennie, ce passionné de dessin et de peinture a réalisé des portraits, des paysages et des natures mortes dans un style semi-figuratif tourmenté; il s’est orienté, par la suite, vers un style abstrait ou semi-abstrait. Il estime que la plate-forme Lawhati constitue un nouvel espace de partage qui apporte «un grand plus» au monde des arts visuels dans le pays.
«Nous vivons aujourd’hui dans un monde où quasiment toutes les disciplines sont numérisées, où l’accès aux données se fait par Internet. La création de cette plate-forme Lawhati est une initiative très louable, car il s’agit d’un portail à la fois facile d’accès et ouvert sur le monde de l’art et des artistes», nous confie l’artiste.
Chafa Ouzzani rappelle que ce projet, qui a vu le jour en un temps record, en est à sa première étape: «Il s’agit à présent de poursuivre le travail pour l’enrichir et l’améliorer, tout en assurant sa mise à jour; c’est un travail qui consiste à mettre sur les rails tous les éléments de la logistique nécessaires à son fonctionnement afin que ce précieux outil puisse durer dans le temps.»
Vers une réorganisation du marché de l’art?
«Le marché de l’art a besoin d’une organisation, estime de son côté la ministre de la Culture lors de la mise en ligne officielle de la plate-forme. Aussi Malika Bendouda a-t-elle appelé les professionnels du secteur, comme les galeristes, à accompagner ce projet qui présente selon elle «un environnement propice permettant de faire émerger de nombreux créateurs amateurs qui deviendront de grands noms de l’art visuel».
Interrogé sur la situation du marché de l’art, Chafa Ouzzani nous confie qu’il a toujours été critique et ne s’est jamais montré complaisant vis-à-vis du manque d’implication des autorités publiques dans la promotion de l’art en général et des arts plastiques en particulier. Pour y remédier, l’artiste plaide pour «l’instauration d’un véritable marché de l’art qui, selon lui, est aujourd’hui aléatoire et sans véritable fondements».
Toutefois, Chafa Ouzzani considère que l’initiative Lawhati «va dans le sens d’une régulation et d’une promotion du marché de l’art, comme le fait le site privé Alwani, qui est également de très bonne facture», souligne-t-il. «Cet outil virtuel permet de mettre en avant des artistes mais, au-delà, il faut instaurer une politique d’acquisition des œuvres qui implique les institutions étatiques et les sociétés privées. Je parle notamment des ministères, des banques, des ambassades, des administrations, etc.», conclut-il.