"Au lendemain de l’explosion de Beyrouth, il est difficile de nommer l’innommable"

Michèle M. Gharios, poète et romancière libanaise (Photo, fournie).
Michèle M. Gharios, poète et romancière libanaise (Photo, fournie).
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Publié le Samedi 22 août 2020

"Au lendemain de l’explosion de Beyrouth, il est difficile de nommer l’innommable"

  • "La poésie, comme toute forme artistique, possède un atout majeur : celui de pouvoir changer le regard que nous portons sur le monde pour le transformer et le rendre meilleur"
  • "Mon attachement est palpable, il est bien là, comme un nœud au ventre, et je le vis parfois comme une malédiction tellement mon pays est complexe"

BEYROUTH: Malgré le drame qui a frappé Beyrouth le 4 août, nous avons choisi de maintenir notre entretien autour de la poésie francophone avec Michèle M. Gharios, poète et romancière libanaise, en l’articulant autour de cette terrible tragédie. 

Vous avez écrit, en réaction à l'inaction de l'État face à l'incendie qui a ravagé une partie de la montagne libanaise en octobre 2019, les mots suivants :


« Le Liban n'est pas leur pays
C'est de leurs bouches sangsues
Qu'ils le vident de son sang
Jusqu'aux larmes du ciel. »


Après avoir vécu et vu la catastrophe qui a frappé récemment Beyrouth, les mots ont-ils encore une importance pour vous ?
Au lendemain de l’explosion de Beyrouth, il est difficile de nommer l’innommable. Il ne passe pas une minute sans que je ne reçoive une mauvaise nouvelle. Les morts se comptent par dizaines, les blessés luttent pour leur survie, les disparus attendent d’être déterrés inertes des entrailles de la montagne de gravats du port de la capitale, de cette terre de miel et d’encens qui les a vu naître. Au lendemain de cet accident abject, ce crime contre l’humanité, après le choc, après le désespoir, après l’indignation, après le décompte des victimes, vient le devoir d’action, aussi difficile soit-il dans ce contexte absurde, devoir d’action nécessaire comme un cri de vie, car la vie doit l’emporter face à la mort. 
Comment ne pas écrire, ne pas « hurler en silence » ma rage face à l’horreur ? Comment rester les bras croisés ou la plume silencieuse face à l’inertie d’un gouvernement en faillite qui a permis qu’une explosion dévastatrice de cette envergure ait lieu ? Écrire, oui, il le faut, pour rapporter les faits, dénoncer, accuser, juger les responsables, pour ensuite panser nos plaies, autant physiques, matérielles que morales, pour être capable de prendre un nouveau départ. Écrire pour agir. Or, pas d’action sans verbe, et donc, pour répondre à votre question, les mots prennent toute leur importance dans ce contexte où il pourrait paraître dérisoire d’écrire, peu importe la forme, mais où l’immobilité serait impensable et où, par instinct de survie, par volonté, il faut avancer, nommer, placer les mots l’un après l’autre comme on met un pied devant l’autre pour cheminer vers la lumière du changement et tordre le cou à la mort, à l’injustice, à l’inertie.

Votre parcours et votre œuvre, notamment Nous n'irons plus en Nostalgie et À l'Aube de soi, s'illustrent par un fort attachement au Liban. Cet attachement perdure-t-il ?
« Je suis d’un autre pays que le vôtre, d’un autre quartier, d’une autre solitude », a chanté l’immense Léo Ferré. On est tous de quelque part, on naît tous d’un point originel, même lorsque nous nous voulons multiple ou électron libre, ou lorsque nous aspirons à l’universel dans notre humanité, quelque chose nous ramène inexorablement vers ce point de départ. Alors, cet attachement, comment le vivre ? Faut-il le décrier ? Faut-il le maudire ? Un proverbe bien de chez nous dit : « Celui qui renie ses origines n’a pas d’origine. » Je suis attachée au pays, mais pas ligotée pour autant, même si parfois je me sens prise au piège, ou dans une impasse. D’aucuns diraient que les racines emprisonnent, enfoncent, empêchent d’avancer…, ce qui pourrait être vrai si je décidais de regarder le sol, pas les étoiles. Mon attachement est palpable, il est bien là, comme un nœud au ventre, et je le vis parfois comme une malédiction tellement mon pays est complexe et qu’il porte en lui cette ambivalence désarmante, susceptible de torturer l’être au plus profond de son âme. Il me suffit de regarder les étoiles, « mes deux pieds plantés dans l’encrier », pour jouir d’une absolue liberté. Même si je suis enracinée, ou ensevelie – en hommage aux personnes disparues après l’explosion de Beyrouth –, ou enracinée à mon port d’attache, à mon pays, je deviens libre, je deviens de partout, sans que rien ne puisse arrêter mon voyage ou ma quête de territoires à explorer, sans doute pour revenir à moi enrichie et me connaître mieux.

La poésie libanaise de langue française est souvent associée à des figures comme Nadia Tuéni, qui ont lancé des cris d'alarme bien avant le déclenchement de la guerre du Liban en 1975. Est-elle encore de nature militante ? Quel est son intérêt de nos jours ?
La poésie libanaise est multiple et, lorsqu’elle se veut engagée, porteuse d’un message universel, lorsqu’elle a pour ambition de briser les barrières de la peur, de traverser les frontières et d’apostropher le monde, la langue française lui donne des ailes. Cela ne veut pas du tout dire que la poésie engagée ne peut l’être que lorsqu’elle emprunte une langue étrangère, à savoir la langue française. Tout dépend du rapport que le poète entretient avec les mots. Par ailleurs, je me demande si la francophonie a des degrés. Qui sommes-nous, nous autres Libanais francophones, et où nous situons-nous sur l’échelle de la francophonie ? Sommes-nous une sous-catégorie de Français qui formons avec eux une grande famille unie par une même langue dotée de différents outils et cultures pour la mettre à l’honneur ? Lorsque nous nous disons francophones, le sommes-nous aussi bien lorsque notre inconscient travaille que lorsque nous nous exprimons en toute conscience ? Dans quelle langue rêvons-nous ? 
La langue est le reflet de notre appartenance culturelle et, dans le cas de la langue française, elle jette des ponts et unit dans la complicité celles et ceux qui peuvent grâce à elle partager en toute liberté, quelles que soient leurs origines. À travers le monde entier, la francophonie occupe une place de choix en tant qu’identité culturelle et linguistique. L’élégance de cette langue en est la raison. L’élégance et la liberté de pouvoir l’emprunter pour dire avec plus de précision et d’une manière plus adéquate ce à quoi nous pensons. Et cette liberté étend ses ramifications dans notre inconscient, pour atteindre son summum dans le rêve. Francophone et libre, je me permets de dire que je rêve en français. Dans un pays en souffrance, dans un monde où, malgré la perte de bien des repères, tout continue de se monnayer, un monde qui court sur un pied à une vitesse grand V, où l’humanité se perd dans les dédales de la technologie rampante, où le virtuel remplace la réalité dans la vie des gens, où de moins en moins de personnes lisent, la poésie constitue-t-elle un sujet dérisoire ? Sans doute pour certains, mais pas pour tout le monde, pas pour beaucoup ! La poésie, comme toute forme artistique, possède un atout majeur : celui de pouvoir changer le regard que nous portons sur le monde pour le transformer et le rendre meilleur. Nous en avons besoin maintenant plus que jamais. Comme l’avait écrit Éluard : « Il y a un autre monde, mais il est dans celui-ci. » À nous de le baigner dans les mots pour le révéler au monde entier.
 


La révolution des frites satisfait les envies des nuits ramadanesques à Djeddah

Avec des ingrédients innovants, tels que des cubes de steak cuits au wok et finis au chalumeau, l'étal d'Abdoush a attiré des milliers de visiteurs pendant le ramadan. (Photo AN de Hashim Nadeem/Supplied)
Avec des ingrédients innovants, tels que des cubes de steak cuits au wok et finis au chalumeau, l'étal d'Abdoush a attiré des milliers de visiteurs pendant le ramadan. (Photo AN de Hashim Nadeem/Supplied)
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  • Les chariots de nourriture et les kiosques traditionnels installés dans les ruelles des quartiers résidentiels et sur les places publiques servent de délicieux plats et boissons, évoquant la nostalgie et ravivant l'esprit du passé. 
  • Sukinah Qattan a déclaré à Arab News que l'atmosphère des fêtes de Jeddah enrichit le secteur culinaire et soutient les chefs locaux.

DJEDDAH : Pendant le mois sacré du Ramadan, les rues de Jeddah s'animent de stands de nourriture, attirant les foules pour savourer les spécialités locales telles que les populaires frites « basta ».

Les étals, en particulier ceux qui vendent des frites, bordent les rues, rassemblant les gens autour d'un festin de saveurs locales.

Les chariots de nourriture et les kiosques traditionnels installés dans les ruelles des quartiers résidentiels et sur les places publiques servent de délicieux plats et boissons, évoquant la nostalgie et ravivant l'esprit du passé. 

Après des années de perfectionnement dans la cuisson des steaks, Abdoush a décidé d'élever le niveau des frites en y ajoutant des cubes de steak de première qualité, nappés de sa sauce fétiche. (Photo AN de Hashim Nadeem)
Après des années de perfectionnement dans la cuisson des steaks, Abdoush a décidé d'élever le niveau des frites en y ajoutant des cubes de steak de première qualité, nappés de sa sauce fétiche. (Photo AN de Hashim Nadeem)

Le mot « basta » vient du terme arabe « basata » signifiant simplicité, et représente une expérience modeste, abordable et riche en saveurs.

Dans ces cadres attrayants, les marchés s'animent tandis que l'arôme de la kebda (foie), de la balila (pois chiches) et des frites remplit l'air, apportant la chaleur des rassemblements sociaux qui définissent le mois sacré.

Maintenir la tradition en vie

Abdulrahman Ghazi, propriétaire de l'échoppe Balilat Ajdadna, a parlé à Arab News de l'amour de la ville pour ses plats de rue.

« Les frites ont toujours été un plat favori du ramadan, tout comme le balila et le foie. Nous servons des clients dans le quartier d'Al-Safa depuis 28 ans et nos fidèles clients nous connaissent bien. »

« Nous préparons la kebda selon une vieille méthode traditionnelle, mais avec notre propre touche. Nous la cuisinons avec de l'huile naturelle, du suif et de la graisse d'agneau, sans utiliser d'autres huiles. Cette technique est très appréciée », explique M. Ghazi.

La façon authentique de préparer le balila prend plus de temps et nécessite au moins trois heures de cuisson lente à feu doux avec beaucoup d'eau, a-t-il ajouté.

« Autrefois, le balila était trempé pendant 12 heures avant d'être cuit, afin de s'assurer qu'il était bien débarrassé des résidus de bicarbonate, une étape cruciale que beaucoup négligent aujourd'hui. Malheureusement, certains utilisent maintenant le bicarbonate avec un autocuiseur pour accélérer le processus, ce qui lui enlève sa véritable saveur ».

Il insiste sur le fait que la bonne façon de préparer le balila est de laisser tremper les pois chiches pendant la nuit, de les laver soigneusement et de les faire cuire lentement.

C'est pourquoi nous l'appelons « Balila Ajdadna », car elle est préparée comme le faisaient nos ancêtres à La Mecque, d'où nous sommes originaires », ajoute M. Ghazi.

Le prix du balila de l'échoppe est de 5 riyals (1,30 dollar) pour une petite assiette et de 10 riyals pour une grande. La petite assiette de frites coûte 6 rials et la grande 12 rials, avec toutes les sauces possibles.

Bien que la hausse des coûts, notamment de l'huile, ait entraîné une augmentation des prix, M. Ghazi a déclaré qu'il s'efforçait de les maintenir stables.

« Nos prix restent les mêmes tout au long de l'année, même pendant le Ramadan. Nous n'imposons pas de taxes supplémentaires et nous avons toujours absorbé les coûts nous-mêmes. »

Les frites prennent un nouveau tournant

Si certains vendeurs sont restés fidèles à la tradition en servant les frites avec des sauces saoudiennes classiques telles que l'ail et le homar (tamarin), d'autres ont introduit des éléments de diverses cuisines, élevant le plat au-delà de sa forme conventionnelle.

Dans une interview accordée à Arab News, le créateur de contenu saoudien Abdoush, qui compte plus d'un demi-million d'abonnés sur les réseaux sociaux, a fait part de l'inspiration qui l'a poussé à lancer son stand de frites, que les habitants surnomment « le stand du riche » en référence au prix élevé de ses frites (60 dollars saoudiens).

Après des années de perfectionnement dans la cuisson des steaks, Abdoush a décidé d'améliorer la qualité des frites en y ajoutant des cubes de steak de première qualité, nappés de sa sauce préférée.

« Pour moi, il s'agit de prendre quelque chose de familier et d'en faire une expérience inoubliable », explique-t-il.

Son stand de steak frites, Crusty, est situé dans la rue Ali Abou Al-Ola, dans l'arrière-cour d'une maison du quartier, et sert des files de clients enthousiastes.

Avec des ingrédients innovants, tels que des cubes de steak cuits au wok et finis au chalumeau, l'échoppe d'Abdoush a attiré des milliers de visiteurs pendant le Ramadan.

L'échoppe est très animée, avec quatre comptoirs dédiés aux frites. Une vingtaine d'employés gèrent l'opération, écoulant plus de 100 kg de steak par jour et une quantité non mesurée de pommes de terre.

Selon Aboush, Crusty sert en moyenne 500 clients en semaine, et plus de 700 le week-end.

« Nous faisons cela par amour et par passion. La nourriture est vraiment extraordinaire, c'est une bénédiction », a-t-il déclaré.

Mais qu'est-ce qui rend les frites d'Abdoush si chères ?

« Ce qui compte, c'est le processus de fabrication des frites. Nous ne les faisons pas simplement frire dans de l'huile ordinaire : nous y ajoutons du suif et de la graisse de bœuf provenant des steaks. Le steak que nous utilisons est le contre-filet russe, une coupe de qualité supérieure connue pour son persillage et sa riche teneur en graisse. Nous ajoutons environ la moitié d'un steak sur les frites », explique-t-il.

« Nous préparons également une sauce spéciale que nous arrosons sur les steaks-frites, mais je recommande vivement d'y ajouter des homards (tamarin). Cela donne au plat une touche unique.

L'inspiration d'Abdoush derrière le steak-frites est liée à la culture de Djeddah, en particulier à l'essor des pop-ups de frites. « Personnellement, j'adore préparer des steaks, et avec cinq ans d'expérience, c'était le concept parfait à mettre en œuvre. »

Crusty a démarré l'année dernière et sa popularité a atteint un nouveau niveau cette année.

Après le ramadan, Abdoush prévoit de lancer son premier restaurant Crusty spécialisé dans les steaks. « Nous ne nous contenterons pas de servir des frites et des steaks, nous ajouterons également des hamburgers au menu », a-t-il déclaré.

Les habitants et les visiteurs affluent vers ces stands, où ils ne se contentent pas de déguster de délicieux plats, mais assistent également à des démonstrations de cuisine en direct.

Sukinah Qattan, l'une des visiteuses de Crusty, a déclaré à Arab News : « Cette atmosphère ne fait pas qu'accroître le plaisir de la dégustation ; elle enrichit également le secteur culinaire de l'Arabie saoudite, soutient les chefs locaux et renforce la présence des plats traditionnels sur la scène culturelle moderne. »

D'autres stands de frites proposent des frites plus abordables. Par exemple, le Adani Bar Cafe et le restaurant Ma'loom servent des frites pour un prix ne dépassant pas SR15.

Toutefois, ils innovent en coupant les pommes de terre en cubes, au lieu de la forme traditionnelle des frites, et en les nappant d'une sauce à la coriandre, à l'ail et au citron, dont les visiteurs raffolent.

Anas Abbas, un amateur de frites de Jeddah, a déclaré à Arab News : « Chaque Ramadan, je ne manque pas de me rendre à Adani Bar. J'adore leurs frites. Elles sont vraiment devenues une tradition du ramadan. J'en ramène toujours à la maison pour ma mère après ses prières de Taraweeh, car elle aussi apprécie cette délicieuse friandise. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Les préparatifs de l’Aïd al-Fitr commencent en Arabie saoudite

À l'approche de l'Aïd A-Fitr, les préparatifs de fête battent leur plein en Arabie saoudite. (SPA)
À l'approche de l'Aïd A-Fitr, les préparatifs de fête battent leur plein en Arabie saoudite. (SPA)
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  • Les foules se rassemblent dans les centres commerciaux et sur les marchés pour faire des achats de dernière minute avant les fêtes de fin d'année
  • Les autorités procèdent à de vastes préparatifs sur les lieux saints alors que les fidèles se préparent aux prières de l'Aïd.

RIYAD : À l’approche de la fin du mois sacré du Ramadan, les préparatifs s’intensifient en Arabie saoudite pour les célébrations de l’Aïd al-Fitr et la semaine de congé qui les accompagne.

Les mosquées du Royaume se tiennent prêtes pour la prière de l’Aïd, tandis que les centres commerciaux voient affluer les foules venues acheter vêtements, friandises et jouets pour marquer cette fête annuelle.

Les familles, quant à elles, se préparent à cette grande occasion.

“Nous sommes à quelques jours de l'Aïd Al-Fitr, la célébration d'une semaine qui marque la fin du Ramadan, mois sacré de jeûne et de réflexion spirituelle, et les préparatifs pour cette célébration annuelle ont déjà commencé”, a déclaré Abdulaziz Ali Saleh, un acheteur rencontré au marché de Dheera, à Riyad.

Il ajoute qu’une part importante des achats de l’Aïd consiste à choisir les robes et les thobes qui seront portés lors des rassemblements familiaux.

“À l’approche de l’Aïd, nous nous rendons dans les magasins, choisissons de jolis tissus et achetons les tenues que nous porterons dès le matin du grand jour. Nous achetons également des bonbons et des chocolats pour les enfants”, explique Rumana Shahid, femme au foyer à Riyad.

“C’est une période de rassemblements et de célébration, marquant la fin du mois de jeûne. On se réunit en famille et entre amis pour partager des moments de joie. L’essence de cette fête annuelle réside dans le renforcement des liens familiaux et dans l’attention portée à ceux qui nous sont chers”, ajoute-t-elle.

Manal Al-Harbi, résidente de Riyad, a décrit l’ambiance festive dans les centres commerciaux à l'approche de l'Aïd : "Les gens, accompagnés de leur famille et de leurs enfants, affluent dans les centres commerciaux pour acheter des vêtements neufs, des chocolats et d'autres cadeaux à offrir à leurs proches à l’occasion de l’Aïd Al-Fitr, la fête la plus joyeuse du calendrier islamique".

"J’ai visité plusieurs centres commerciaux hier soir et aujourd’hui, et je les ai trouvés bondés de monde, tous affairés à faire leurs achats de dernière minute pour l’Aïd", a-t-elle confié.

"L’esprit de l’Aïd se fait sentir partout, surtout le soir. Les rues, illuminées de guirlandes colorées, s’animent, et tout ce qui paraît ordinaire en journée prend une nouvelle vie à la veille de cette grande célébration", a-t-elle ajouté.

Les préparatifs officiels en vue de l’Aïd ont également été lancés dans les sites religieux à travers le Royaume.

Le ministère des affaires islamiques, de la Da’wah et de l'Orientation a entrepris de vastes préparatifs dans les mosquées et les lieux de prière en plein air, selon l'agence de presse saoudienne.

Un nettoyage minutieux et une stérilisation méticuleuse ont été menés afin de garantir des conditions d’hygiène optimales dans ces lieux sacrés.

En parallèle, les systèmes électriques, les climatiseurs et les équipements audio ont été entretenus pour assurer un fonctionnement optimal et offrir un maximum de confort aux fidèles.

La direction régionale du ministère des Affaires islamiques, de la Da’wah et de l’Orientation à Médine a finalisé les préparatifs en vue de la prière de l’Aïd, en équipant 925 mosquées et espaces de prière en plein air à travers la région.

Des inspections sur le terrain ainsi que des opérations de maintenance ont été menées pour garantir que tous les lieux sont prêts à accueillir l’afflux attendu de fidèles.

Selon le calendrier Umm Al-Qura, la prière de l’Aïd commencera 15 minutes après le lever du soleil.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Maja-Ajmia Zellama aborde l'identité culturelle et le deuil dans "Têtes Brûlées"

Maja-Ajmia Zellama à la Berlinale. (Fourni)
Maja-Ajmia Zellama à la Berlinale. (Fourni)
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  • Le premier long métrage de la cinéaste belgo-tunisienne et danoise Maja-Ajmia Zellama, "Têtes Brûlées", a reçu deux mentions spéciales au Festival international du film de Berlin le mois dernier
  • Le film, qui a été soutenu par le Fonds de la mer Rouge d'Arabie saoudite, a été salué pour sa représentation d'une histoire universelle

RIYAD : Le premier long métrage de la cinéaste belgo-tunisienne et danoise Maja-Ajmia Zellama, "Têtes Brûlées", a reçu deux mentions spéciales au Festival international du film de Berlin le mois dernier.  

Le film, qui a été soutenu par le Fonds de la mer Rouge d'Arabie saoudite, a été salué pour sa représentation d'une histoire universelle à travers un objectif singulier. Zellama a écrit et réalisé le film, qui raconte l'histoire d'Eya (interprétée par Safa Gharbaoui), une jeune fille de 12 ans qui grandit dans une famille tunisienne musulmane à Bruxelles, et dont la vie tourne autour de son frère bien-aimé de 25 ans, Younès, et de ses amis. Après la mort soudaine et inattendue de Younès, Zellama emmène les spectateurs à travers la culture, les coutumes, la résilience et la solidarité de cette communauté soudée pendant la période de deuil de la famille.

"Je ne m'attendais pas à recevoir autant de compliments sur le film de la part de personnes qui ne sont pas musulmanes ou issues de l'immigration", a déclaré Zellama à Arab News. "J'ai beaucoup parlé avec un adolescent allemand et j'ai compris à ce moment-là à quel point le chagrin est universel. D'autres personnes disent : "Oh oui, j'apprends quelque chose de nouveau sur une nouvelle culture et de nouvelles religions".

Zellama a également exprimé sa satisfaction quant au soutien apporté par le Fonds de la Mer Rouge à une histoire "multiculturelle"."Pour moi, c'était une grande reconnaissance de recevoir cette aide et ce soutien de la part d'un pays musulman. Cela m'a aidée à faire ce genre de film, et je suis également très curieuse de travailler davantage avec les pays du Moyen-Orient", a-t-elle déclaré.

Le film aborde les aspects de l'identité, de la diaspora arabe, du deuil collectif, de la religion, des coutumes culturelles et de la criminalité de rue. Le film se déroule en grande partie dans la maison familiale, constamment remplie de gens après la mort tragique de Younès. L'un des objectifs de la réalisatrice était de montrer le contraste entre le confort et la simplicité de la vie familiale des immigrés et leur vie à l'extérieur de leur maison.

"Pour moi, la partie la plus compliquée de l'identité et de l'immigration est le racisme systémique", a déclaré Zellama. "C'est l'oppression dans la société. Mais à la maison, ce n'est pas toujours aussi compliqué. Il y a des nuances ; c'est complexe, mais d'une manière positive".

La vie de Zellama a été une source d'inspiration majeure pour le film. Son père est tunisien et sa mère danoise. Elle est née et a grandi en Belgique au sein d'une importante communauté tunisienne. Dans son foyer, deux religions et trois langues se côtoyaient. "La question de l'identité a été présente toute ma vie, bien sûr, en tant qu'enfant mixte, mais aussi en tant que personne de la diaspora", explique-t-elle.

L'expérience de Zellama, qui a perdu un membre de sa famille qu'elle aimait beaucoup, a été au cœur du récit. "Lorsque j'étais en deuil avec ma famille, c'était la période la plus difficile de ma vie. Mais c'est aussi l'un des moments de ma vie où j'ai ressenti le plus d'amour et de solidarité, parce que nous étions entourés de tant de gens qui (nous) préparaient le dîner, allaient à l'épicerie, donnaient de l'argent", a-t-elle déclaré. "Alors, pour moi, oui, il y a le chagrin que nous avons eu dans notre famille, mais aussi - et surtout - l'amour".

Le film explore la spiritualité de manière nuancée et ouverte, en particulier dans les scènes de funérailles et d'enterrement, inspirées par le propre cheminement de Zellama avec la foi. Elle tenait à ce qu'Eya trouve une forme d'indulgence à travers la religion, tout en offrant une représentation et un portrait alternatif, plus complexe, de l'islam dans les pays autres que le Moyen-Orient.

"Les musulmans sont très différents et chaque personne pratique la religion d'une manière différente", explique Zellama. "Elle a trouvé cette voie, et elle s'en accommode.

Le film a prouvé qu'il dépassait les frontières culturelles et religieuses, des spectateurs d'autres confessions et d'autres milieux se sentant concernés par ses thèmes centraux.

"Le simple fait d'entendre le Coran, (même si) on ne le comprend pas, permet de ressentir quelque chose", a-t-elle déclaré. "On ne sait pas ce que c'est, mais on ressent quelque chose. Quand vous la voyez prier, vous pouvez l'imaginer. Et pour moi, c'est suffisant".

Le personnage d'Eya est la clé du succès du film : elle est mature, mais aussi enjouée ; elle est créative, intelligente, provocante, et s'efforce de briser les stéréotypes tout au long du film. L'une des scènes les plus touchantes et les plus efficaces est celle où elle se détache du groupe de femmes en deuil pour aider à enterrer son frère aux côtés des hommes.

"Je voulais un personnage qui grandisse dans une famille charmante qui laisse à cette jeune fille la possibilité d'être ce qu'elle veut", a déclaré Mme Zellama. "Elle ne se dit pas: "Oh, c'est un truc de garçon ou de fille". Non, elle fait ce qu'elle veut faire à ce moment-là".

"Elle est très impulsive, et l'impulsivité était également un élément important dans le personnage d'Eya", a-t-elle poursuivi."Elle ressemble à tant de femmes et d'enfants musulmans que je vois autour de moi. Il ne s'agissait donc pas pour moi de faire une "déclaration". Je me disais plutôt qu'il y a tant de petites filles fortes autour de moi et que je voulais un personnage comme celui-là".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com