PARIS: Emmanuel Macron a appelé mardi à préparer « un New Deal » pour aider les pays africains à surmonter le « ralentissement très fort » de leurs économies depuis la crise de la Covid-19, avant un sommet financier prévu le 18 mai à Paris.
S'adressant à la presse avant un déjeuner avec le président congolais Félix Tshisekedi à l'Elysée, le président français a insisté sur « le choc que le continent (africain) subit depuis 2020 ». « C'est un ralentissement très fort sur un continent en pleine expansion démographique », a-t-il précisé
Face à cela, « nous ne pouvons pas faire avec les recettes d'hier » alors que « nous sommes collectivement en train d'abandonner l'Afrique à des solutions qui datent des années 60 », a-t-il regretté.
« Nous devons absolument inventer pour les 17 et 18 mai prochains un New Deal du financement de l'Afrique », basé notamment sur « des solutions profondément novatrices », a poursuivi Emmanuel Macron, en faisant référence au « New Deal » (« Nouvelle donne ») mis en oeuvre par le président américain Franklin Delano Roosevelt pour lutter contre l'impact de la Grande Dépression des années 1930.
« Sans quoi nous laisserons le continent africain face à la pauvreté (...) face à la réduction des opportunités économiques, une migration subie et l'expansion du terrorisme, et cela je ne veux pas m'y résoudre », a-t-il ajouté.
La France doit accueillir le 18 mai à Paris le Sommet sur le financement des économies d'Afrique subsaharienne, avec la participation d'une dizaine de dirigeants africains et des responsables européens et de grandes organisations internationales, comme le FMI ou la Banque Mondiale. Le 17 mai, une conférence consacrée à la dette du Soudan se tiendra dans la capitale française.
La dette de l'Afrique a fortement baissé dans les années 90 à la suite de l'initiative du FMI et de la Banque mondiale en faveur des pays pauvres et très endettés (PPTE). Avant de repartir à la hausse: entre 2006 et 2019, elle a été multipliée par trois, de 100 à 309 milliards de dollars.
Et la crise de la Covid-19 n'a rien arrangé. Selon le FMI, les pays d'Afrique sub-saharienne pourraient se trouver face à un déficit de financement de 290 milliards de dollars d'ici 2023.
Dès avril 2020, un moratoire sur le service de la dette a été mis en place par le Club de Paris et le G20, qui a permis de différer le paiement de 5,7 milliards de dollars d'intérêts.
Puis, en octobre, poussé notamment par Emmanuel Macron, le G20 s'était mis d'accord sur un « cadre commun » pour restructurer la dette de certains pays, impliquant les créanciers privés et la Chine, de loin le premier bailleur des pays africains (l'Angola, le Kenya et l'Ethiopie sont ses trois premiers débiteurs).