BEYROUTH: Le président libanais, Michel Aoun, a déclaré jeudi qu'il prévoyait d'inclure « des personnalités compétentes représentant la voix de la rue » dans le nouveau gouvernement.
Dix jours après la démission du gouvernement du Premier ministre, Hassan Diab, à la suite de l'explosion du port de Beyrouth, le président Aoun n'a toujours pas fixé de date pour les consultations parlementaires qui aboutiront à la nomination du chef du prochain gouvernement. Il précise dans un tweet qu’il n’ y a pas de certitude sur d’éventuels pourparlers dans un proche avenir.
Le gouvernement Diab a démissionné devant la colère générale qui a suivi l'explosion du port de Beyrouth, faisant 180 morts et causant des dommages considérables.
Ses opposants affirment qu'il s'agissait d'un « gouvernement de façade » dominé par le Hezbollah, et qui a échoué dans la mise en œuvre des réformes exigées par la communauté internationale.
Le président du Parlement, Nabih Berri, se bat pour rétablir Saad Hariri au poste de Premier ministre. Le gouvernement d'unité nationale de Hariri a démissionné en octobre 2019, après que de violentes manifestations ont éclaté en raison d'allégations de corruption croissante.
Les manifestants ont appelé à un gouvernement de transition pour mettre en œuvre les réformes exigées par la communauté internationale et aider le Liban à surmonter sa crise économique.
Une réunion entre Aoun et Berri s’est tenue il y a deux jours au cours de laquelle le président du Parlement a suggéré le retour de Hariri au gouvernement. Selon les députés, M. Berri considère Hariri comme « l’homme parfait en cette période de crise ». Berri affirme également avoir le soutien du Hezbollah pour le retour de Hariri.
Des sources précisent qu’il insiste pour constituer un gouvernement de politiques, et non de technocrates. Il souhaite que Hariri lui offre une alternative acceptable face aux crises politiques et économiques au Liban. Cependant, le conflit entre Hariri et le Courant patriotique libre (CPL) s'est aggravé durant son mandat de Premier ministre, mettant fin aux relations entre les deux parties.
Lors de sa visite à Beyrouth, le président Emmanuel Macron a déclaré aux dirigeants du pays qu'il reviendrait au Liban le 1er septembre pour s'assurer de l’évolution des réformes. Il les a appelés à « assumer leurs responsabilités au cours des prochaines semaines, à lancer des réformes et à former un gouvernement d'unité nationale. »
Le dirigeant du Courant du Futur, Mustafa Alloush, a déclaré pour sa part à Arab News: « Les conditions pour que Hariri dirige un futur gouvernement n’ont pas changé. Ce qu'il faut, c'est un gouvernement indépendant qui puisse convaincre la communauté internationale de la possibilité d'aider le Liban et persuader les Libanais de sa capacité à sauver le pays. Le gouvernement doit jouir de pouvoirs étendus et exceptionnels afin d’être productif et de combattre l'obstruction faite par le Parlement. »
Bien que Berri et Hariri soient censés poursuivre les discussions, Alloush n’a toujours pas prévu de date pour une prochaine réunion.
« En présentant un projet gouvernemental à Aoun, Berri prouve qu’il est prêt à faire des efforts constructifs, », souligne Alloush. Il conclut: « Le différend politique avec le CPL persiste. Il faut que le CPL change, et non Hariri. »
Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com