Attaque de Rambouillet: la France rend hommage à la policière tuée

La maire de Rambouillet, Véronique Matillon prononce un discours à côté de la ministre de la Citoyenneté Marlene Schiappa , le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le président du Sénat Gerard Larcher lors d'un hommage à Stéphanie Monfermé le 26 avril 2021. (AFP)
La maire de Rambouillet, Véronique Matillon prononce un discours à côté de la ministre de la Citoyenneté Marlene Schiappa , le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le président du Sénat Gerard Larcher lors d'un hommage à Stéphanie Monfermé le 26 avril 2021. (AFP)
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Publié le Lundi 26 avril 2021

Attaque de Rambouillet: la France rend hommage à la policière tuée

  • Lundi, citoyens et forces de l'ordre rendent hommage à Stéphanie Monfermé, l'agente administrative assassinée vendredi
  • Trois jours après le choc, les habitants de cette commune paisible et cossue de 26 000 âmes au sud-ouest de Paris sont appelés à se réunir à 17h30 devant l'Hôtel de Ville pour un "moment de recueillement (...) sobre"

RAMBOUILLET: Un millier de personnes à Rambouillet, près de Paris, et des policiers rassemblés devant les commissariats de plusieurs villes de France: lundi, des hommages ont été rendus à Stéphanie Monfermé, l'agente administrative assassinée vendredi par un Tunisien de 36 ans radicalisé. 

Dans son discours prononcé sur les marches de l'Hôtel de Ville, la maire de Rambouillet Véronique Matillon a loué « la femme exceptionnelle » qu'était Stéphanie Monfermé qui « a consacré sa vie » aux « autres ». A ses côtés, les filles et l'époux de la victime ainsi que des reprèsentants de l'Etat.  

« Nous ne fléchirons pas devant une telle abomination », a promis la maire qui a passé sa main avec compassion sur le dos de la plus jeune des filles de la victime, en larmes. 

Trois jours après le choc, plus d'un millier de personnes ont salué la mémoire de Stéphanie Monfermé, même si « ça ne rendra pas leur mère à ses filles », soupire Claire Auber, retraitée de 72 ans. 

A l'appel notamment d'un syndicat de police, des fonctionnaires se sont également rassemblés lundi devant les commissariats dans plusieurs villes de France.  

Devant l'hôtel de police de Marseille (Sud), une cinquantaine d'agents ont marqué leur soutien, a constaté une journaliste de l'AFP.  

Comme tous les collègues de la victime, René Tardiff, agent administratif qui a côtoyé durant 26 ans Stéphanie Monfermé au sein du commissariat de Rambouillet, doit reprendre mardi le chemin du travail.  

Sans sa collègue originaire de la Manche (Nord) qu'il décrit comme « discrète, souriante, investie ». Une « passionnée » de danse country, mariée à un boulanger et mère de deux filles de 13 et 18 ans. 

« Je suis parti vendredi (23 avril) à midi », relate-t-il, « j'ai dit à Stéphanie 'Bonnes vacances et au 4 mai !' car elle partait en congés la semaine d'après ». 

Tout a basculé quelques heures après le départ de René, à 14H25. 

DES POLICIERS «INQUIETS » QUI SE SENTENT «CLAIREMENT VISÉS »

Maria, 37 ans à Paris 

« On n'a pas de mot : on est rentré chez nous pour nous faire du mal », confie cette policière qui travaille dans un service d'investigation et dont le prénom a été modifié. « On est inquiets, mais on n'a pas peur. Je suis inquiète pour ma famille, mes enfants, mon mari. On sait à quelle heure on part le matin, mais on ne sait pas si on les reverra le soir.  

Mais, ça renforce ma détermination. Je sais encore plus pourquoi je suis là. Je suis là pour aider la population. On a fait le choix de ce métier pas pour être des héros, mais parce que la société a besoin de policiers ». 

Céline, 40 ans à Nantes  

« On n'est jamais complètement en sécurité. Aujourd'hui, qu'on fasse notre métier ou un autre métier, on voit bien que tout le monde peut être touché. On a vu des professeurs, on voit des policiers, on voit des personnes lambda qui font des métiers au quotidien moins risqués que le nôtre finalement, donc oui, on se sent en danger, de plus en plus, évidemment, puisque là on est clairement visés ».  

Marc, dans les Yvelines  

« Depuis vendredi, j'ai l'impression que le commissariat est devenu une cible », explique ce membre de la compagnie départementale d'intervention des Yvelines et dont le prénom a été modifié.  

« C'est la psychose générale qui va recommencer (...) Maintenant, on fait tous attention dès qu'on descend de nos véhicules (...) Et par rapport à nos domiciles, on est beaucoup plus discrets. 

Avant Magnanville (où un couple de fonctionnaires de police a été tué à coups de couteau en juin 2016, ndlr) je sortais en panaché, je mettais un blouson et j'avais ma tenue en dessous. Aujourd'hui je rentre toujours en civil complet, même si ça me soule, qu'il est deux heures du matin, je prends plus le risque de rentrer en policier. Ma famille cache que je suis dans la police, je dis que je travaille dans le sport. »  

 Une adjointe administrative à Toulouse 

« Ça a été un choc très violent d'apprendre sa mort. Malheureusement, c'est quelque chose qu'on redoute tous, au même titre que les actifs (qui sont sur le terrain, ndlr), même si on n'est pas en uniforme, on peut tout de même être ciblé. La preuve en est, depuis vendredi... Heureusement, j'essaie de ne pas y penser chaque matin en me levant, mais c'est quelque chose qu'on a au fond de l'esprit. » 

Un policier à Lyon 

« Ce type de drame nous enterre chaque jour un peu plus. On n'attend plus rien des politiques, on ne croit plus en rien. On est nombreux à vouloir quitter la voie publique, voire carrément la police » 

« On sait que c'est un métier dangereux, mais on a quoi comme reconnaissance? Je suis policier parce que j'ai une famille à nourrir, mais j'ai envie de quitter le métier ». 

 

Radicalisation « peu contestable »  

Lorsque Stéphanie Monfermé regagne le commissariat après avoir régularisé le disque de stationnement de son véhicule, elle est agressée par un homme qui s'« engouffre derrière elle dans le sas » d'entrée, a décrit dimanche le procureur antiterroriste, Jean-François Ricard. 

Il lui a alors porté deux coups de couteau « à l'abdomen et à la gorge » et selon des témoins, a crié « Allah Akbar ». 

La fonctionnaire, qui n'était pas armée, est décédée sur place malgré l'intervention des pompiers. 

L'assaillant, abattu par un policier, a été identifié comme Jamel Gorchene, un Tunisien de 36 ans, à la radicalisation « peu contestable » et présentant « certains troubles de la personnalité », selon M. Ricard, qui a décrit l'attaque comme « la 17e action terroriste islamiste commise en France depuis 2014 contre les forces de l'ordre ». 

Vendredi et samedi, quatre personnes ont été placées en garde à vue: le père de Jamel Gorchene, qui habitait avec lui à Rambouillet, un couple habitant dans le Val-de-Marne (région parisienne) qui le domiciliait administrativement et un autre cousin. Dimanche, un autre de ses cousins a également été placé en garde à vue. 

Le couple a été relâché dimanche en fin de journée « sans poursuite à ce stade », selon une source judiciaire. 

Jamel Gorchene, chauffeur-livreur, était dépourvu de casier judiciaire et inconnu des services de renseignement et de la justice. Mais son mode opératoire correspond aux appels récurrents du groupe Etat islamique à s'attaquer aux forces de l'ordre. 

UNE NOUVELLE LOI ANTITERRORISTE PRÉSENTÉE MERCREDI DANS UN CONTEXTE SÉCURITAIRE ALOURDI

Le texte était « dans les tuyaux » avant l'attaque de Rambouillet mais tombe à point nommé pour le gouvernement: Gérald Darmanin présente mercredi en Conseil des ministres un projet de loi qui entérine et renforce des mesures déjà expérimentées en matière de renseignement et d'antiterrorisme. 

La coïncidence est « bien triste » mais « la dernière réunion d'arbitrage était concomitante à l'attentat » vendredi après-midi, confie à l'AFP un conseiller ministériel. 

Son inscription à l'ordre du jour du Conseil des ministres dès ce mercredi, une semaine après l'avis rendu par le Conseil d'Etat, était actée « depuis plusieurs jours », assure une source proche de l'exécutif, balayant la suspicion d'une accélération du calendrier après le drame survenu dans les Yvelines. 

Un an avant l'élection présidentielle, et alors que la sécurité fait partie - après la santé et la crise sanitaire - des principales préoccupations des Français selon les sondages, ce projet de loi est l'une des briques de l'exécutif dans sa riposte aux attaques de l'opposition sur ce terrain, émanant notamment de Xavier Bertrand et de Marine Le Pen, candidats déclarés à la course à l'Elysée. 

Ce meurtre au couteau d'une agente administrative par un Tunisien radicalisé, perpétré au sein-même d'un commissariat, alourdit la charge politique et symbolique d'un texte qui s'ajoute à la vingtaine de lois antiterroristes promulguées en France depuis 1986. 

« L'hydre islamiste est toujours très présente », ce qui justifie de continuer « à renforcer nos moyens pour lutter contre une menace qui évolue », a plaidé Gérald Darmanin dans le Journal du dimanche. 

Ce texte porté par le ministre de l'Intérieur n'est, pour l'essentiel, que le toilettage d'un arsenal de dispositions déjà existantes mais que l'exécutif voulait graver dans le marbre législatif. 

Fort de 19 articles, il vise principalement à conférer « un caractère permanent » aux mesures expérimentées dans le cadre de la loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme (Silt) votée en octobre 2017 pour sortir de l'état d'urgence en vigueur après les attentats de 2015, explique-t-on au ministère de l'Intérieur. 

Arrêter avec la « naïveté » 

Il s'agit-là des « visites domiciliaires » - les anciennes perquisitions administratives -, des mesures individuelles de contrôles (Micas) - ex-assignations à résidence -, de l'instauration de périmètres de sécurité et de la fermeture de lieux de culte. 

Le projet de loi apporte aussi de nouveaux outils et durcit certaines dispositions.  

Ainsi, les personnes condamnées à au moins cinq ans ferme (ou trois ans en récidive) pour terrorisme pourront faire l'objet de contraintes administratives « jusqu'à deux ans » après leur sortie de prison, contre un an aujourd'hui.  

Cette mesure peut être vue comme la réponse à la censure l'été dernier par le Conseil constitutionnel de l'essentiel d'une proposition de loi LREM prévoyant des « mesures de sûreté » pour les détenus terroristes sortant de prison. 

Le gouvernement souhaitait que les « visites domiciliaires », que Gérald Darmanin avait intensifiées après la décapitation de Samuel Paty en octobre 2020, puissent être menées en cas de simple « menace grave » et non plus en cas de menace d'une « particulière gravité », mais a choisi d'y renoncer après l'avis du Conseil d'Etat. 

Sur le volet renseignement, une révision de la loi de juillet 2015 est nécessaire face à « l'évolution des technologies et des modes de communication, qui se caractérisent, en particulier, par l'utilisation croissante d'outils de communication chiffrés », souligne-t-on au ministère.  

Ainsi, la durée autorisée pour recueillir des données informatiques sera portée à deux mois et les interceptions de correspondances échangées par voie satellitaires seront facilitées. 

Enfin et surtout, le texte propose que la technique controversée de l'algorithme, introduite dans la loi de 2015 et qui permet le traitement automatisé des données de connexion pour détecter les menaces, soit pérennisée, dans le respect du droit européen. 

Interrogé dans le JDD sur le risque d'atteinte aux libertés individuelles, Gérald Darmanin a demandé d'arrêter avec la « naïveté ». « Toutes les grandes entreprises utilisent des algorithmes. Et il n'y aurait que l’Etat qui ne pourrait pas les utiliser ? » 

Le projet de loi, dont la promulgation doit aboutir avant la fin juillet, promet de vifs débats au Parlement comme dans la rue, où il risque de provoquer une nouvelle levée de boucliers des défenseurs des libertés publiques. 

ANTITERRORISME: NUÑEZ PRÔNE UN «MEILLEUR PARTAGE D'INFORMATIONS» AVEC LA PSYCHIATRIE

Le coordonnateur national du renseignement, Laurent Nuñez, a souhaité lundi un « meilleur partage d'informations » entre les services de renseignement et de la psychiatrie dans la lutte antiterroriste, après l'attaque de Rambouillet par un assaillant présentant des « troubles de la personnalité ». 

« Nous travaillons avec le monde de la psychiatrie, il y a des réflexions qui sont en cours. L'idée qui est la nôtre, c'est qu'on pourrait avoir un meilleur partage d'informations », a expliqué M. Nuñez sur France Inter. 

Quand un individu « manifestement est sous l'emprise de la radicalisation religieuse, (...) consulte un psychiatre et fait état par ailleurs de troubles psychiatriques, on a la faiblesse de penser (...) qu'il serait utile peut-être que des services de renseignement puissent bénéficier » de ces informations, a ajouté l'ancien directeur général de la sécurité intérieure (DGSI). 

« Certains individus, qui peuvent être fragiles, avoir des troubles psychologiques à un moment de leur vie, sont sans doute plus influençables et plus perméables à ce genre de thèse et nous serions bien irresponsables de ne pas nous attaquer à ce problème », a-t-il ajouté. 

Jamel Gorchene, le Tunisien qui a tué au couteau vendredi Stéphanie M., agente administrative au commissariat de Rambouillet (Yvelines), avait bénéficié à sa demande de deux consultations psychiatriques le 19 et le 23 février, sans qu'elles débouchent sur une hospitalisation ou un traitement.  

Son père, actuellement en garde à vue avec deux cousins de l'assaillant, avait constaté « des troubles de comportement chez son fils en début d'année », selon le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard, et des membres de sa famille en Tunisie ont évoqué une « dépression ». 

Le projet de loi antiterroriste présenté mercredi par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin propose que les préfets, responsables du suivi des personnes radicalisées dans leur département, soient désormais également destinataires des informations relatives à leur prise en charge psychiatrique. 


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.