PARIS: Les enfants des plus petites classes reprennent le chemin de l'école lundi en France, pour une rentrée scolaire qui s'annonce complexe, entre la montée en puissance des tests de dépistage du virus de la Covid-19 voulue par le gouvernement et le maintien d'un protocole sanitaire strict qui risque de provoquer de multiples fermetures de classes.
Après trois semaines de fermeture de l'ensemble des établissements scolaires pour lutter contre l'épidémie de Covid-19, le gouvernement a décidé de maintenir son calendrier : rentrée ce lundi pour les écoliers, tandis que collégiens et lycéens reprennent à distance jusqu'au 3 mai, date à laquelle ils pourront retourner dans leurs établissements.
Objectif : tenir dix semaines jusqu'à la fin de l'année scolaire, sans que cette réouverture n'aggrave la dynamique de l'épidémie, qui reste à un niveau élevé. Depuis une dizaine de jours, le nombre de patients en réanimation est proche de 6 000. Un chiffre en-deçà du pic de la première vague en avril 2020 (autour de 7 000) mais supérieur à celui de la deuxième vague à l'automne (4 900).
« C'est essentiel de faire revenir à l'école les enfants », a martelé dimanche sur la télévision LCI le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, en estimant que l'institution « n'est pas responsable en soi de l'épidémie » et que les établissements scolaires sont des lieux « où on respecte plus les gestes barrières » qu'ailleurs.
Il doit se rendre lundi matin avec le président Emmanuel Macron dans une école de Melun, pour cette rentrée marquée par un protocole sanitaire strict, source d'incertitude pour les parents, qui prévoit la fermeture d'une classe dès le premier cas de Covid confirmé parmi ses élèves.
Eviter un « trou d'air éducatif »
« C'est un protocole vraiment très sévère qui va forcément amener à un nombre non négligeable de fermetures de classes », a reconnu dimanche Blanquer, qui préfère toutefois « une petite minorité de classes fermées que l'ensemble des écoles fermées ».
Après les bugs informatiques qui ont ralenti les plateformes d'enseignement à distance juste avant les vacances, Blanquer a assuré dimanche qu'il « ne devrait pas y avoir de problème » de connexion pour la rentrée.
Malgré les critiques d'une partie du corps médical et les craintes de certains enseignants, l'exécutif défend sans discontinuer son objectif de garder les écoles ouvertes pour éviter un « trou d'air éducatif ».
Selon l'Unesco, la France a été le pays européen qui a le moins fermé ses écoles entre mars 2020 et mars 2021 avec 10 semaines de fermeture au total, contre 28 en Allemagne et 47 aux Etats-Unis.
Plusieurs études ont montré que les inégalités scolaires, déjà très fortes en France, se sont creusées pendant le premier confinement (mars-mai 2020), lorsque les écoles étaient fermées.
L'organisation des cantines, où les enfants déjeunent sans masque et dont Blanquer reconnaît qu'elles sont le « maillon faible » des établissements, s'annonce également complexe.
64 millions d'autotests
Surtout, l'enjeu de cette reprise est de massifier les capacités de tests pour enfants et enseignants.
Dans les écoles maternelles et primaires, 400 000 tests salivaires doivent être déployés dès la rentrée, avec un objectif de 600 000 par semaine d'ici la mi-mai.
Mais la nouveauté réside principalement dans l'arrivée des autotests : le gouvernement en a commandé 64 millions pour les élèves de plus de 15 ans, les enseignants et autres personnels de l'Education nationale.
Les adultes doivent réaliser deux fois par semaine chez eux ce prélèvement nasal simple, dont le résultat est connu en quinze minutes.
A partir du 10 mai, les lycéens y seront soumis chaque semaine au sein de leur établissement, ce qui inquiète déjà certains professeurs, qui ne se sentent pas compétents pour superviser l'opération.
La pandémie du nouveau coronavirus a officiellement fait près de 103 000 morts en France.