Désinformation: l'audience des antivaccins dopée par la pandémie

Manifestation de protestation contre la vaccination et les mesures de restrictions liées à la Covid-19, en novembre à Liverpool (Photo, AFP).
Manifestation de protestation contre la vaccination et les mesures de restrictions liées à la Covid-19, en novembre à Liverpool (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 24 avril 2021

Désinformation: l'audience des antivaccins dopée par la pandémie

  • Autrefois cantonné à des communautés restreintes, le discours anti-vaccin s'est répandu auprès d'un public inquiet d'un virus méconnu
  • Les comptes Facebook colportant de fausses informations sur les vaccins ont vu leur nombre d'abonnés exploser l'an passé, selon une étude de la BBC publiée fin mars

PARIS: Le discours anti-vaccin a profité de la pandémie pour élargir son audience via les réseaux sociaux : autrefois cantonné à des communautés restreintes, il s'est répandu auprès d'un public inquiet d'un virus méconnu, au risque d'entraver les campagnes vaccinales.

Depuis toujours, les mouvements anti-vaccins « ont compris l'intérêt de la bataille de l'information », explique Laurent-Henri Vignaud, historien des sciences français et co-auteur du livre « Antivax » (Vandémiaire éditions, 2019). A l'inverse, les autorités de santé « ont souvent une guerre de retard », ajoute-t-il, car « partant du principe que la vaccination est utile à la collectivité ».

Porté depuis la fin des années 1990 par une étude suggérant un lien entre la vaccination ROR (rougeole, oreillons, rubéole) et l'autisme, pourtant maintes fois démystifiée, le mouvement anti-vaccin se démocratise pour sortir de communautés de niche (religieuses, groupes de mères de famille, certaines franges environnementalistes, etc...). 

Les comptes Facebook colportant de fausses informations sur les vaccins ont vu leur nombre d'abonnés exploser l'an passé, selon une étude de la BBC publiée fin mars sur sept pays (Brésil, Mexique, Inde, Ukraine, France, Tanzanie, Kenya). En France, des pages partageant du contenu anti-vaccin ont reçu près de quatre millions de likes (+27%, une croissance trois fois plus rapide qu'en 2019, mais comparable à 2018).

Ces théories ne sont plus limitées à « des groupuscules marginaux » mais « entrent en résonance avec le mouvement des Gilets Jaunes, les libertariens, les groupes New Age », créant des alliances « idéologiquement incongrues », explique l'ONG de lutte contre la désinformation First Draft qui a réalisé une étude à l'été 2020 sur environ 14 millions de publications en lien avec la vaccination.

Le message anti-vaccin trouve un fort écho chez les partisans des extrêmes, droite ou gauche, et chez les abstentionnistes, note Florian Cafiero, sociologue au CNRS (Centre national de la recherche scientifique). Et les théories du complot  - Nouvel ordre mondial, agenda transhumaniste, ou même QAnon – « incorporent les vaccins dans leurs récits, pour faire en sorte de rester pertinentes », note Seb Cubbon, chercheur-analyste pour First Draft.

Confinés et connectés

Ce discours anti-vaccin est porté par quelques figures emblématiques très actives. En observant des milliers de tweets en anglais, des chercheurs de l'Université de Zurich ont trouvé que le contenu anti-vaccin était produit par une petite fraction d'utilisateurs tout en bénéficiant d'un fort taux d'interactions.

Quelque 65% du contenu anti-vaccin en ligne publié en février et mars peut être attribué à douze « créateurs extrêmement influents », selon l'ONG américaine Center for Countering Digital Hate. Parmi eux, l'avocat Robert F. Kennedy Jr, neveu de l'ancien président.

Confinée, désireuse de comprendre cette maladie qui a sidéré le monde, la population a cherché ses informations en ligne. Mais le déficit de connaissances disponibles, les erreurs dans la communication officielle - par exemple sur le masque jugé inutile dans un premier temps -, un manque de culture scientifique, ont ouvert la porte à la désinformation. 

La nouveauté des vaccins utilisant la technologie inédite de l'ARN messager, leur arrivée rapide sur le marché, nourrissent la défiance, tout comme la révélation, une fois les campagnes commencées, d'effets secondaires plus graves que prévu pour AstraZeneca et Johnson & Johnson.

Les infox prennent parfois sur internet la forme de productions soignées comme le documentaire « Hold-Up » en France qui dénonçait une « manipulation globale » autour de la pandémie dont les vaccins feraient partie, engrangeant des millions de vues. Elles s'invitent dans le débat public, relayées aussi par des personnalités politiques, des célébrités, des influenceurs.

Vaccins accusés d'être inefficaces voire mortels par des « médecins » anonymes, fausses vidéos de vaccinés morts après injection ou données de pharmaco-vigilance détournées : l'AFP a rédigé pas moins de 700 articles de vérification sur les vaccins. Les grandes plateformes comme Facebook, Twitter ou YouTube ont accéléré la chasse aux contenus anti-vaccins et aux fausses informations en 2020, tout en promouvant les recommandations des autorités sanitaires.

Nuisance difficile à évaluer

En septembre, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et plusieurs agences onusiennes se sont inquiétées d'une surabondance d'informations qui rend « difficile pour chacun de savoir ce qu'il faut faire ».

Les effets de l' « infodémie peuvent être tragiques », rappelle Christine Czerniak, qui s'occupe de la question à l'OMS. Des personnes sont mortes d'avoir suivi des conseils trompeurs pour combattre la Covid, empoisonnées par la consommation de méthanol ou l'utilisation incorrecte de produits de nettoyage.

Le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD) cartographie et prépare le terrain des futures campagnes vaccinales, explique Sarah Lister, cheffe de la gouvernance : lancement d'un observatoire sur l'acceptation du vaccin en Uruguay, travail avec les chefs religieux en Somalie, formation de journalistes à la gestion de la désinformation au Sierra Leone.

Les effets de cette désinformation restent difficiles à évaluer, d'autant que les campagnes de vaccination dans le monde sont à des stades très différents. Les sondages montrent que les mentalités peuvent vite évoluer.

L'exposition à une information fausse ou trompeuse tend à diminuer la volonté de se faire vacciner de plusieurs points de pourcentage, selon une étude de chercheurs britanniques du Vaccine Confidence Project publiée en mars dans la revue Nature.

Une volonté qui « n'est pas statique » selon eux, mais « très réactive aux informations et à l'opinion concernant un vaccin Covid-19, ainsi qu'à l'état de l'épidémie et au risque perçu de contracter la maladie ».

L'impact « est plus complexe qu'une réaction binaire », nuance Seb Cubbon. Ainsi la désinformation a été massive sur les vaccins ARN (qualifiés régulièrement de « thérapie génique ») et en particulier Pfizer. Pourtant, ce dernier est désormais davantage désiré, en particulier face aux inquiétudes relatives à l'AstraZeneca.

« Si trop de personnes ne se vaccinent pas », rappelle Alain Fischer, président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale en France, « nous n'arriverons pas à atteindre la couverture vaccinale nécessaire pour parvenir à l'immunité de groupe, condition de la levée des gestes barrières et des mesures de freinage de l'épidémie ».  


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »