Attaque de Rambouillet: l'enquête se centre sur un assaillant au profil encore flou

Les forces de police françaises effectuent une perquisition au domicile d'un Tunisien qui a poignardé à mort une employée de la police dans un commissariat de Rambouillet, au sud-ouest de Paris, le 23 avril 2021. (Photo, AFP)
Les forces de police françaises effectuent une perquisition au domicile d'un Tunisien qui a poignardé à mort une employée de la police dans un commissariat de Rambouillet, au sud-ouest de Paris, le 23 avril 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 24 avril 2021

Attaque de Rambouillet: l'enquête se centre sur un assaillant au profil encore flou

  • Cette nouvelle attaque à l'arme blanche contre un membre des forces de l'ordre vient rappeler que le pays vit toujours sous une menace terroriste très élevée depuis 2015
  • Les enquêteurs vont désormais tenter de mieux cerner le profil de l'assaillant et son mode opératoire, déjà dessinés par de premiers éléments

RAMBOUILLET : Les premières gardes à vue dans l'entourage de l'assaillant du commissariat de Rambouillet (Yvelines) doivent aider samedi les enquêteurs à dessiner le profil de cet homme, inconnu de la police et du renseignement, qui a tué à coups de couteau une fonctionnaire de police.

Le France, endeuillée à l'automne par trois attentats djihadistes en quelques semaines, a renoué vendredi avec le « terrorisme islamiste » auquel le président Emmanuel Macron a rappelé ne vouloir « rien céder ».

Cette nouvelle attaque à l'arme blanche contre un membre des forces de l'ordre vient rappeler que le pays, dont le plan Vigipirate avait été rétrogradé début mars au niveau intermédiaire « risque attentat », vit toujours sous une menace terroriste très élevée depuis 2015.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a ainsi demandé aux préfets de renforcer la sécurité aux abords des commissariats et des brigades de gendarmerie.

Stéphanie M., une fonctionnaire de police de 49 ans, a été tuée vers 14Hé0 de deux coups de couteau à la gorge dans le sas du commissariat de Rambouillet. Cette agente administrative, non armée, rentrait alors d'une pause, selon les premiers éléments de l'enquête.

Son agresseur, peu après abattu par un policier, a été identifié comme étant Jamel G., un Tunisien de 36 ans.

Arrivé en France en 2009 en situation irrégulière, il était titulaire depuis décembre d'une carte de séjour valable un an, selon le parquet national antiterroriste (Pnat), qui s'est saisi de l'enquête quelques heures après les faits.

Les enquêteurs de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) vont désormais tenter de mieux cerner le profil de l'assaillant et son mode opératoire, déjà dessinés par de premiers éléments.

L'homme aurait effectué un « repérage », accréditant la préméditation, avant de s'en prendre à la victime, selon le procureur antiterroriste Jean-François Ricard. Des témoins ont par ailleurs rapporté que l'assaillant aurait crié « Allah Akbar », selon une source proche de l'enquête.

« Héroïne du quotidien »

Le placement en garde à vue vendredi soir de trois membres de son entourage, dont celui qui l'a accueilli dans le Val-de-Marne à son arrivée en France, ainsi que les documents et matériels saisis à son domicile de Rambouillet, où il avait emménagé en 2015, et chez son ancien logeur devraient permettre de faire progresser encore l'enquête.

L'analyse de ces éléments pourrait éclairer les motivations de Jamel G., son parcours en France depuis son départ de Tunisie, comment il a préparé son acte, si des personnes l'ont aidé ou encouragé dans son projet ainsi que ses éventuels contacts noués en ligne avec des membres de la sphère djihadiste.

Les prochains jours seront aussi ceux des hommages à Stéphanie M., mère de deux filles de 13 et 18 ans, agente administrative du secrétariat au commissariat, depuis 28 ans « sur Rambouillet », selon une source policière.

Le commissariat est situé dans un quartier résidentiel cossu de cette ville « tranquille, quasi provinciale », a souligné la maire Véronique Matillon.

Jean Castex, qui s'est rendu vendredi sur place, a fait part de sa « profonde émotion » et d' « un immense respect » pour les policiers, en écrivant sur Twitter: « À nos héroïnes et héros du quotidien qui portent chaque jour avec fierté l’uniforme de la République au péril de leur vie : les Français savent ce qu'ils vous doivent ». 

Ce drame survient alors que les forces de police des Yvelines gardent en mémoire le souvenir de l'assassinat d'un couple de fonctionnaires de police, tué à coups de couteau en juin 2016 dans son pavillon de Magnanville, par un homme se revendiquant de l'organisation Etat islamique.

Le 16 octobre 2020, le même département des Yvelines avait été marqué par l'attaque au couteau d'un professeur de collège, Samuel Paty, décapité par un jeune homme de 18 ans originaire de la république russe de Tchétchénie. 

Depuis 2015, une vague d'attentats djihadistes a fait plus de 260 morts en France. 

Plusieurs de ces attaques ont été perpétrées à l'arme blanche et en ciblant les forces de l'ordre, conformément aux mots d'ordre récurrents du groupe djihadiste État islamique (EI).

La dernière attaque meurtrière des forces de l'ordre en France remonte au 3 octobre 2019, quand, dans l'enceinte de la préfecture de police de Paris, un employé avait poignardé à mort trois policiers et un agent administratif, avant d'être tué.

 

 


Le Liban réforme le secret bancaire, une mesure clé pour ses bailleurs

Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
Cette photo prise le 20 mai 2020 montre une vue de l'entrée fortifiée de la Banque du Liban, la banque centrale du Liban, dans la capitale Beyrouth. (AFP)
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  • Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays
  • Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans

BEYROUTH: Le Liban a accordé jeudi, par un vote au Parlement, un accès plus large des organismes de contrôle aux informations bancaires, une réforme clé réclamée dans ce pays, plongé dans une grave crise économique, par les bailleurs internationaux, dont le FMI.

Le gouvernement a indiqué que la loi s'appliquerait de manière rétroactive sur 10 ans, couvrant donc le début de la crise économique lorsque les banquiers ont été accusés d'aider des personnalités à transférer des fonds importants à l'étranger.

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a salué une "étape indispensable vers la réforme financière" que son gouvernement a promis de réaliser et un "pilier essentiel d'un plan de reconstruction".

Cette mesure, a-t-il ajouté, est "fondamentale pour restaurer les droits des déposants et la confiance des citoyens et de la communauté internationale". Il a mis en avant que l'opacité financière, prévalant de longue date au Liban, n'était plus aussi attractive pour les investisseurs qu'elle avait pu l'être.

"Il ne faut pas croire qu'avec cette loi, n'importe qui va entrer dans une banque et demander des détails sur un compte", a tempéré le ministre des Finances, Yassine Jaber, en déplacement à Washington avec son collègue de l'Economie, Amer Bisat, et le nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid.

Ces responsables doivent se rendre à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI).

Le Liban a longtemps été une plaque-tournante financière régionale, dont la législation stricte sur le secret bancaire était perçue comme un atout, jusqu'à la profonde crise économique et financière qui a éclaté en 2019 et terni sa réputation.

Depuis, les autorités sont sous pression, interne et internationale, pour réformer une législation accusée d'avoir permis une fuite de capitaux au déclenchement de la crise, alors que les simples déposants étaient privés de leur épargne et que la valeur de la monnaie locale plongeait.

- Loi rétroactive sur dix ans -

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les changements votés jeudi autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations sans raison particulière".

Ces organismes pourront avoir accès à des informations comme le nom des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars et aider à la relance de l'économie libanaise, dont les maux sont imputés à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a besoin de fonds pour la reconstruction.

M. Salam a souligné que la réforme "ouvrait une page nouvelle" dans la lutte contre l'évasion fiscale, la corruption et le blanchiment.

Le ministre des Finances a relevé que la Banque centrale aura "plus de marge de manoeuvre" pour accéder à certains comptes.

Selon Alain Aoun, membre de la commission des finances du Parlement, une première réforme en 2022 avait été jugée insuffisante par le FMI. Les organismes de contrôle pourront désormais demander "l'information qu'ils veulent", a-t-il dit à l'AFP.

En avril 2022, le Liban et le FMI avaient conclu un accord sous conditions pour un prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord, et le nouveau gouvernement libanais a promis d'autres réformes. Il doit prochainement soumettre au Parlement un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.

Mercredi, le gouvernement a aussi signé un accord de 250 millions de dollars avec la Banque mondiale pour relancer son secteur électrique en déshérence, qui prive régulièrement les Libanais de courant.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.