ATLANTA: Plus de 200 chercheurs en études judaïques et universitaires juifs ont approuvé une définition de l'antisémitisme qui accepte la critique d'Israël.
La Déclaration juive sur l'antisémitisme (JDA) conteste la définition proposée par l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA) et adoptée par le gouvernement américain.
La définition de l’IHRA traite les critiques d’Israël, y compris les appels à boycotter le pays ou ses produits, comme antisémites.
La JDA, cependant, considère que la critique valable d'Israël et du sionisme est une forme légitime d’expression protégée, et ne considère pas le mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre le pays comme antisémite.
Les militants des droits de l’homme pro-palestiniens disent qu'assimiler la critique d'Israël à de l'antisémitisme est une tentative de museler le débat sur la souffrance des Palestiniens.
Le professeur Barry Trachtenberg, spécialiste des études juives et de l'antisémitisme à l'Université Wake Forest en Caroline du Nord, déclare à Arab News avoir signé la JDA parce qu'il estime qu’adopter une loi pour protéger les juifs renforce spécifiquement la perception de l'exception juive.
«Le camp pro-israélien veut empêcher toute critique d'Israël comme étant antisémite. De toute évidence, ceci n’est pas équitable parce qu’Israël est une entité politique et, comme tout autre État, il doit faire l’objet de critiques», a-t-il affirmé.
«Israël ne représente pas tout le peuple juif, mais même si c’est le cas, comme il forme une entité politique, il devrait être soumis à des critiques légitimes».
Joshua Cooper, professeur de mathématiques à l'Université de Caroline du Sud et membre du groupe Jewish Voice for Peace (la Voix Juive pour la Paix) basé aux Etats-Unis, affirme à Arab News que la JDA est «principalement un développement positif pour contrer la définition néfaste de l'IHRA».
Cependant, il se dit préoccupé par l’article 10 «vague» de la JDA, et qui s’oppose au «refus du droit des Juifs dans l’État d’Israël d’exister et de prospérer, collectivement et individuellement, en tant que Juifs, conformément au principe de l’égalité».
Cooper estime que «si quelqu'un croit que les colons juifs radicaux qui vivent dans des maisons volées et terrorisent les Arabes… devraient partir, est-ce une position antisémite? Certainement pas».
Iymen Chehadé, professeur d’histoire et militant des droits humains, pro-palestinien à Chicago, a déclaré à Arab News que la définition de la JDA est un pas en avant par rapport à celle de l’IHRA.
Cependant, il explique que la JDA «renforce l'idée fausse et trompeuse qu'Israël et les Palestiniens vivaient conformément à une même base morale».
«Il est paradoxal de constater que si les signataires cherchent à juste titre à protéger un groupe, ils ignorent les droits ainsi que les souffrances des Palestiniens dans le processus», ajoute-t-il.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com