KOWEÏT : Des dizaines de personnes ont manifesté jeudi au Koweït pour protester contre les violences faites aux femmes, après le féminicide d'une jeune mère, kidnappée et tuée par un homme qui la harcelait malgré des plaintes répétées déposées contre lui auprès des autorités.
Le meurtre brutal de Farah Hamzah Akbar, 32 ans, dont le corps a été retrouvé à l'extérieur d'un hôpital mardi, a provoqué une onde de choc dans ce riche pays pétrolier.
Ce féminicide intervient près de trois mois après le début d'un mouvement #MeToo inédit dans ce pays conservateur, lancé par une célèbre blogueuse de mode et suivi d'un déferlement de témoignages de femmes traquées, harcelées ou agressées sur le compte Instagram « Lan Asket » (« Je ne me tairai pas »).
Sortie de force de la voiture dans laquelle elle se trouvait avec ses deux filles et sa sœur, Farah Akbar a ensuite été poignardée à la poitrine, selon le ministère de l'Intérieur.
Le meurtrier, qui l'avait demandée en mariage alors qu'elle était déjà mariée, a été rapidement arrêté et a avoué le crime.
Farah Akbar avait déposé deux plaintes pour harcèlement contre lui. Il avait été arrêté puis relâché sous caution.
Dans des vidéos devenues virales sur les réseaux sociaux, on voit le véhicule du meurtrier encastré dans celui de la victime. On entend aussi les deux enfants pleurer et la sœur hurler: « Nous avions prévenu qu'il allait la tuer. Où est le gouvernement? Nous avions prévenu le juge ».
Des appels à appliquer la peine de mort contre le meurtrier ont été lancés à la suite de son arrestation.
Au rassemblement, quelque 200 personnes habillées de noir, dont des hommes et des proches de Farah Hamzah Akbar, ont crié « Qui sera la prochaine ? » et brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Nous ne nous tairons pas » ou « Arrêtez de tuer des femmes ».
« Nous sommes là pour Farah Akbar et pour toutes les femmes tuées par leurs proches ou des étrangers. Nous l'avons perdue aujourd'hui, qui sera la prochaine? », s'est indignée Amna al-Kindri, une manifestante.
« En quoi était-elle fautive? Pourquoi a-t-elle été tuée? », a déploré la tante de la victime.
La militante Arwa al-Waqian a elle appelé les autorités à agir plus fermement quand des plaintes pour harcèlement sont déposées.
Sur une large bannière, les noms de dix Koweïtiennes tuées ces dernières années ont été listés, accompagnés du message « Ces femmes ont été tuées dans le silence et leurs noms n'ont pas été prononcés ».