LONDRES: Un lycéen syrien réfugié au Royaume-Uni a reçu des menaces de mort, et a été contraint de fuir son domicile avec sa famille en raison des messages d’un extrémiste de droite sur les réseaux sociaux, a indiqué un tribunal britannique mercredi.
Jamal Hijazi, 17 ans, intente un procès contre le fondateur de la Ligue de défense anglaise, Stephen Yaxley-Lennon, connu par ses abonnés sous le nom de Tommy Robinson, pour diffamation à la suite d’accusations d’agression et de comportement menaçant.
M. Yaxley-Lennon a publié des vidéos sur Facebook, qui ont été vues par plus de 900 000 personnes, dans lesquelles il raconte que M. Hijazi a «participé à une violente agression contre une jeune fille» dans son école, et a également «menacé de poignarder» un autre élève. Ses commentaires ont fait suite à une vidéo montrant le lycéen en train d’être attaqué dans une cour de récréation près de son lieu de résidence à Huddersfield, dans le nord de l’Angleterre, en novembre 2018.
Dans cette séquence, ses camarades de classe l’agressent et «simulent une noyade», a-t-il été dit au cours d'une audience préliminaire à la Haute Cour de Londres. La vidéo a été vue par des millions de personnes, après avoir été publiée sur les réseaux sociaux, et a suscité l’indignation et la sympathie des Anglais pour l’écolier réfugié, qui a fui Homs en Syrie avec sa famille en 2016.
Dans ses propres vidéos, M. Yaxley-Lennon avance que M. Hijazi n’est «pas innocent et attaque violemment des jeunes filles anglaises dans son école». Il raconte qu’il a même «roué une fille de coups».
Ses commentaires avaient transformé le lycéen «en agresseur» et le garçon filmé en train de l’intimider en «chevalier blanc», a indiqué Catrin Evans, l’avocate de M. Hijazi, au premier jour du procès en diffamation. Elle a affirmé que les accusations de M. Yaxley-Lennon avaient eu «un effet dévastateur sur Jamal et sa famille», les forçant à quitter la région en 2019.
M. Yaxley-Lennon «a utilisé ses plates-formes sur les réseaux sociaux, notamment son compte Facebook, pour partager ses opinions extrémistes», et l’a fait «sans avoir une connaissance directe des événements en question», a ajouté Mme Evans. Prenant lui-même sa défense, le fondateur de la Ligue de défense anglaise a défendu ses commentaires, affirmant qu’ils étaient «en substance vrais». Dans ses observations écrites, il a déclaré avoir «découvert des dizaines de récits de comportements agressifs, abusifs et sournois de la part du lycéen, y compris des actes qui prouvent que les faits reprochés sont vrais».
Le procès de huit jours, qui aura lieu à la Cour royale de justice, verra témoigner les deux parties, ainsi que des élèves et des enseignants de l’ancienne école de M. Hijazi. Il devrait se terminer le 30 avril.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com