L’Europe et les débuts de l’administration Biden: la désillusion

Le président français Emmanuel Macron est vu à l'écran en train de faire des gestes à la fin d'une conférence de presse, alors que la chancelière allemande Angela Merkel met son masque facial après les discussions vidéo du Conseil de sécurité franco-allemand, le 5 février 2021 à Berlin. (John MACDOUGALL / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron est vu à l'écran en train de faire des gestes à la fin d'une conférence de presse, alors que la chancelière allemande Angela Merkel met son masque facial après les discussions vidéo du Conseil de sécurité franco-allemand, le 5 février 2021 à Berlin. (John MACDOUGALL / POOL / AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 21 avril 2021

L’Europe et les débuts de l’administration Biden: la désillusion

  • Tant que l’UE ne parviendra pas à établir une certaine autonomie stratégique et une politique extérieure commune, le lien transatlantique demeurera déséquilibré
  • L’Amérique de Joe Biden, en dépit de son multilatéralisme affiché, et de ses déclarations de principe, ne semble pas miser sur un partenariat actif avec l’Europe

PARIS: Trois  mois après l’installation de l’administration Biden, l’anxiété et la confusion  dominent sur la gestion par Washington de nombreux dossiers internationaux sensibles, là où les promesses paraissaient grandes. En particulier en ce qui concerne les alliances des États-Unis et leurs relations avec leurs partenaires européens.

Concrètement, l’Union européenne (UE), qui a trop misé sur la victoire des démocrates et la fin de l’ère Trump, constate que ses attentes étaient trop élevées, la politique américaine à l’égard de l’Europe n’ayant pas changé dans ses constantes. Il s’agit plutôt en réalité d’un redéploiement dans les apparences. In fine, tant que l’UE ne parviendra pas à établir une certaine autonomie stratégique et une politique extérieure commune, le lien transatlantique demeurera déséquilibré.

Cette déception européenne, ou plutôt cette désillusion, ne peut se comprendre qu’en se penchant sur le contexte historique des perceptions réciproques entre le Vieux Continent et le nouveau monde, et l’évolution des relations internationales depuis 2016 (Brexit et victoire de Trump).

Des deux côtés de l’Atlantique, les élites libérales partagent un mélange de continuité et de changement dans leurs attentes et leurs craintes. Rappelons que l'Amérique de Donald Trump n'attendait rien d'une Europe qu'elle méprisait pour «sa mollesse et son essence libérale». Mais l’Amérique de Joe Biden, en dépit de son multilatéralisme affiché, et de ses déclarations de principe, ne semble pas miser sur un partenariat actif avec l’Europe.  Ironie du sort, en avril 2017, les anti-Trump inquiets de la vague populiste considéraient paradoxalement l’Europe comme un rempart démocratique. 

Quatre ans plus tard, en avril 2021, les sentiments sont inverses. Après la revanche des démocrates (malgré une Amérique déchirée), des proches de Biden s’inquiètent des futures évolutions européennes. Ils craignent une coïncidence éventuelle entre le départ d'Angela Merkel en Allemagne et le risque de voir Marine Le Pen l'emporter à l'élection présidentielle en France. Ainsi, on appréhende à Washington le populisme et l’instabilité en Europe, tandis que les divisons internes aux Etats-Unis, les lacunes et les pratiques du leadership américain suscitent la méfiance européenne. 

Alors que le Document stratégique provisoire pour la sécurité nationale américaine, dévoilé par la Maison Blanche, et les déclarations de Biden et Blinken, révèlent les approches américaines d'alliances et de partenariats avec les Européens contre les «régimes autoritaires» (destinés à unifier l'Occident contre la Chine et la Russie), l’UE n’a pas de stratégie cohérente et claire concernant ses relations avec Washington. 

Les politiques européennes se caractérisent en gros par leur dispersion et la prédominance des intérêts nationaux sur une approche commune. L'Allemagne, acteur économique majeur, semble particulièrement désireuse de maintenir ses relations commerciales sans contraintes, tandis que la France, qui appelle à l'indépendance de la décision européenne, semble incapable de pousser les autres acteurs à adopter le choix de l’autonomie.

Les États-Unis considèrent que l’UE ne joue pas un rôle moteur, mais plutôt limité dans le système-monde, et l’architecture des alliances mondiales. De leur côté, plusieurs pays européens considèrent encore les États-Unis comme un partenaire peu fiable après l’épisode Trump. Ils se montrent actuellement déçus par l’action de l’équipe Biden.

Le constat est sans appel car la priorité est donnée aux problèmes intérieurs (en particulier la crise du coronavirus et le redressement économique). À l’étranger, l’attention se concentre sur Pékin et Moscou, minimisant l’attention portée pour améliorer les relations entre les deux rives de l'Atlantique, reléguées au second plan. La compétition économique à l’heure de la mondialisation fissurée, touche aussi les grands pays démocratiques, et cela concerne les pôles américain et européen dans un monde multipolaire en gestation.

Mars-avril 2021, alors que Washington réussit dans sa course aux vaccins, l'Europe prend du retard et ne parvient pas à masquer les écueils de l'échec de ses stratégies de vaccination. Cet exemple confirme le recul de l'UE dans le nouveau contexte international face à d’autres grandes puissances comme la Chine et de la Russie, voire face à certaines puissances régionales rivales. 

Cette dégradation européenne est exacerbée par «l'approche hégémonique américaine» qui ne traite pas les Européens comme des partenaires fiables, mais davantage comme des alliés qui conviennent aux intérêts américains. Dans son discours devant le dernier sommet européen à Bruxelles, le président américain n'a pas évoqué nommément le dossier nucléaire iranien et les problèmes du Moyen-Orient, comme s'il définissait une feuille de route pour le travail de partenaires selon le timing américain.

Face à une nouvelle période de «guerre froide» avec la Chine et de tensions persistantes avec la Russie, la référence au concept d’Occident ne semble pas suffisante pour redonner vie aux anciennes alliances de l’ancienne guerre froide, car Joe Biden, lors de  ses premières déclarations, a insisté sans nuances sur le retour du «leadership» américain. 

Mais ce dernier ne prend pas en compte que le monde a changé, et que dans un environnement multipolaire émergent, on peut se demander si les Européens ont un réel intérêt à être de simples auxiliaires de l’hyperpuissance américaine. Effectivement, la chancelière Angela Merkel, dont le pays échange beaucoup avec la Chine, est en désaccord avec Washington sur la question du gazoduc nord venant de la Russie. Cet accent allemand sur la souveraineté économique et l'insistance française sur l'indépendance stratégique, politique et militaire, ne se traduisent pas par une approche européenne commune.

Le duo Biden-Blinken ne cesse de répéter que «le monde sera plus sûr et plus juste grâce à la coopération des États-Unis et de l'Europe». Mais, lorsque Biden qualifie Poutine de «meurtrier» et lorsque la tension américano-chinoise s'intensifie, l’Europe est sollicitée pour s’aligner sur la politique américaine. Mais, dans les faits, les Européens sont partagés entre leur soulagement de trouver un partenaire américain et leur désir déclaré d'indépendance stratégique. 

Bien entendu, le degré d'enthousiasme européen pour le concept d'autonomie stratégique varie d'un pays à l'autre, et même à l'intérieur d’un pays comme en Allemagne. Mais tout ceci souligne la confusion européenne à ce stade. La volonté européenne d'autonomie serait-elle le choix d’une Europe de plus en plus méfiante?


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

Short Url
  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
Short Url
  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

Short Url
  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.