Avec l'accumulation de vidéos incriminantes, la pression monte sur la police aux Etats-Unis

La multiplication de nouveaux exemples de morts causés par la police à travers les Etats-Unis a attisé la colère et fait descendre des milliers de personnes dans les rues. (Photo, AFP)
La multiplication de nouveaux exemples de morts causés par la police à travers les Etats-Unis a attisé la colère et fait descendre des milliers de personnes dans les rues. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 17 avril 2021

Avec l'accumulation de vidéos incriminantes, la pression monte sur la police aux Etats-Unis

  • «Je ne fais pas confiance aux promesses du gouvernement comme quoi les choses vont changer, et je ne fais pas confiance au système ou aux tribunaux»
  • Dans la grande métropole du nord des Etats-Unis, Minneapolis, se déroule actuellement le procès de Derek Chauvin, accusé du meurtre de George Floyd

MINNEAPOLIS: Toujours plus d'images effroyables, toujours plus de personnes tuées par des policiers, et un procès pour meurtre qui touche à sa fin - aux Etats-Unis la confiance de la population envers les forces de l'ordre n'a peut-être jamais été à un niveau aussi bas.

L'accumulation récente de vidéos montrant des abus de policiers a ainsi enflammé le débat sur le rôle de la police à travers le pays.

«Je suis un homme noir, et je sais de ma propre expérience que les policiers n'ont pas une attitude professionnelle, et la manière dont ils sont dirigés n'est pas correcte», affirme Darnell Squire, 46 ans, qui vend des t-shirts et des casquettes de baseball dans la rue d'une banlieue de Minneapolis.

C'est dans cette grande métropole du nord des Etats-Unis que se déroule actuellement le procès de Derek Chauvin, ex-policier blanc accusé du meurtre de George Floyd l'an dernier.

«Ils ne sont pas là pour protéger les habitants, ou pour donner un sentiment de sécurité aux gens, qu'importe ce qu'ils disent... Ça a été clair pour moi depuis que je suis enfant», souligne M. Squire.

«Je ne fais pas confiance aux promesses du gouvernement comme quoi les choses vont changer, et je ne fais pas confiance au système ou aux tribunaux», ajoute-t-il.

Au procès de Derek Chauvin, le réquisitoire et la plaidoirie sont attendus en début de semaine prochaine, avant que le jury ne délibère et ne sorte de son huis-clos avec un verdict.

Tandis que les images du policier agenouillé sur le cou de George Floyd tournaient ad nauseam dans la salle du tribunal de Minneapolis, la multiplication de nouveaux exemples de morts causés par la police à travers les Etats-Unis a attisé la colère et fait descendre des milliers de personnes dans les rues.

A Brooklyn Center, dans la banlieue même de Minneapolis, Daunte Wright, un jeune homme noir, est mort après qu'une policière lui a tiré dessus, affirmant avoir confondu son pistolet avec son Taser. Sa mort a été documentée par les images de caméra-piéton de la policière.

A Chicago, la police a rendu publique jeudi les images choquantes d'un policier tirant sur Adam Toledo, 13 ans. L'adolescent a été tué dans une allée sombre le mois dernier, un policier le soupçonnant d'avoir laissé tomber un pistolet juste avant le drame.

«Un long combat»

«Je ressentirai la même chose, même si Chauvin est reconnu coupable - c'est un long combat», affirme Selena McKnight, une militante de 46 ans à Minneapolis qui participe régulièrement aux manifestations contre les manquements de la police.

«Le procès (de Derek Chauvin) ne représente qu'une seule affaire, et cette bataille n'est pas terminée tant que la justice n'est pas rendue partout», ajoute-t-elle.

Certains mettent en avant le contraste entre les affaires Floyd, Wright, et tant d'autres, et celles de policiers devant faire face à des hommes blancs agressifs.

Mercredi dans une autre ville proche de Minneapolis, un policier a été attaqué avec un marteau et traîné à haute-vitesse par une voiture que conduisait un homme blanc de 61 ans, accusé d'avoir attaqué les employés d'un magasin qui lui demandaient de porter un masque contre la Covid-19.

Aucun coup de feu n'a été tiré, et l'homme a par la suite été arrêté.

«Est-ce qu'on lui a tiré dessus? Non, bien sûr que non. Ça vous montre tout ce que vous avez à savoir sur les préjugés de la police», selon Selena McKnight.

«On peut penser que toutes ces images vidéo peuvent faire la différence, mais ça montre simplement ce que nous savons qu'il se passe depuis longtemps», ajoute-t-elle.

Au moment où le verdict approche dans le procès de Derek Chauvin, les Etats-Unis se préparent à des manifestations potentiellement violentes en cas d'acquittement.

Le centre-ville de Minneapolis, déserté, a vu se multiplier les panneaux en bois pour protéger les commerces, tandis que des troupes de la Garde nationale patrouillent dans des véhicules blindés. 

«J'ai peur de la police, pas de la Covid-19», lance Tesfaye Habte, un habitant de Minneapolis né en Ethiopie, qui estime que la situation a empiré ces dernières années.

«L'Amérique c'est la démocratie, la Constitution, et la liberté d'expression, mais la police est très agressive et inhumaine. Je suis ce procès de près, et je suis inquiet», affirme-t-il.


Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir usé d'un agent chimique en Ukraine

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  • Washington a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères
  • Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies

WASHINGTON: Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un communiqué mercredi du département d'Etat.

En outre, la Russie se sert d'agents anti-émeutes comme "méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la convention", ajoute la diplomatie américaine dans ce texte.

"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille", écrit le département d'Etat.

Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.

Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.

"Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s'inscrit dans la même logique que les opérations d'empoisonnement d'Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok", poursuit le département d'Etat.

Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d'un grave empoisonnement qu'il avait attribué au Kremlin,

L'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.

La Russie a déclaré ne plus posséder d'arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d'inhalation, présente un risque pour la santé.

«Contournement» des sanctions 

"Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, d'avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.

Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays: les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l'Union européenne, la Belgique et la Slovaquie.

Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.

Enfin, les sanctions concernent aussi les infrastructures de gaz et pétrole russes, alors que Moscou cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures, en particulier vers la Chine. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est.

Ces sanctions prévoient notamment le gel des avoirs des entreprises ou personnes visées et présentes aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour des entités ou citoyens américains de faire affaire avec les cibles des sanctions.

Les membres du G7 ainsi que l'UE et plusieurs pays proches, tels que l'Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l'encontre de la Russie depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Les dernières sanctions ont en particulier ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.


Guerre à Gaza: la Colombie rompt ses liens diplomatiques avec Israël

Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
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  • Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza
  • Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire"

BOGOTA: Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza.

Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire".

M. Petro avait vivement critiqué, à plusieurs reprises, la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza après les attaques sans précédent du Hamas dans le sud du territoire israélien le 7 octobre.

"Demain (jeudi), les relations diplomatiques avec l'Etat d'Israël seront rompues (parce qu'il a) un gouvernement, un président génocidaire", a déclaré mercredi le président colombien, lors d'un discours prononcé devant plusieurs milliers de partisans à Bogota à l'occasion du 1er-Mai.

En Israël, le chef du gouvernement est le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, tandis que le président, Isaac Herzog, a  un rôle avant tout symbolique.

"On ne peut pas revenir aux époques de génocide, d'extermination d'un peuple entier", a déclaré le président colombien. "Si la Palestine meurt, l'humanité meurt", a-t-il lancé, déclenchant les vivats de la foule.

Le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a aussitôt réagi en qualifiant Gustavo Petro d'"antisémite". "Le président colombien avait promis de récompenser les meurtriers et violeurs du Hamas, aujourd'hui il a tenu promesse", a écrit M. Katz sur X.

"Nous apprécions grandement la position du président colombien Gustavo Petro (...) que nous considérons comme une victoire pour les sacrifices de notre peuple et sa cause qui est juste", a déclaré pour sa part dans un communiqué la direction du Hamas, en appelant d'autres pays d'Amérique latine à "rompre" leurs relations avec Israël.

 


Mobilisation en soutien à Gaza: affrontements et interpellations sur les campus américains

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  • A l'université du Texas à Dallas, la police a démantelé mercredi un campement de manifestants et arrêté au moins 17 personnes pour "intrusion criminelle" mercredi, a indiqué l'établissement.
  • Les forces de l'ordre ont également arrêté plusieurs personnes à l'université new-yorkaise de Fordham University et ont évacué un campement installé dans la matinée sur le campus, ont indiqué des responsables

LOS ANGELES: La police a été déployée mercredi sur plusieurs campus américains, où de nouvelles arrestations ont eu lieu, après être intervenue à Los Angeles et New York, théâtres d'une mobilisation étudiante contre la guerre à Gaza qui secoue les Etats-Unis.

A l'université du Texas à Dallas, la police a démantelé mercredi un campement de manifestants et arrêté au moins 17 personnes pour "intrusion criminelle" mercredi, a indiqué l'établissement.

Les forces de l'ordre ont également arrêté plusieurs personnes à l'université new-yorkaise de Fordham University et ont évacué un campement installé dans la matinée sur le campus, ont indiqué des responsables.

Et environ 300 personnes ont été interpellées à New York sur deux sites universitaires, a dit mercredi la police de la ville lors d'une conférence de presse.

Au cours de la nuit de mardi à mercredi, les forces de l'ordre ont délogé manu militari des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de la prestigieuse université Columbia à Manhattan, d'où est partie la mobilisation estudiantine de soutien à Gaza.

"La police s'est montrée brutale et agressive avec eux", a assuré à l'AFP Meghnad Bose, un étudiant de Columbia ayant assisté à la scène.

"Ils ont arrêté des gens au hasard (...) plusieurs étudiants ont été blessés au point qu'ils ont dû être hospitalisés", a dénoncé une coalition de groupes étudiants pro-palestiniens de Columbia dans une publication Instagram.

"Je regrette que nous en soyons arrivés là", a réagi mercredi Minouche Shafik, la présidente de l'université.

Les manifestants se battent "pour une cause importante", mais les récents "actes de destruction" menés par des "étudiants et militants extérieurs" l'ont conduite à recourir aux forces de l'ordre, a-t-elle expliqué, dénonçant par ailleurs "des propos antisémites" proférés lors de ces rassemblements.

D'autres campements avaient également été démantelés tôt mercredi sur les campus de l'Université de l'Arizona à Tucson, et à l'Université de Wisconsin-Madison, respectivement dans le sud-ouest et le nord du pays, selon des médias locaux.