Rétrospective: Le défilé des pharaons n'était pas seulement culturel

Le char portant la momie du pharaon Amenhotep I (1525-1504 avant JC) avance dans le cadre du défilé de 22 anciennes momies royales égyptiennes au départ du musée égyptien de la place Tahrir au Caire le 3 avril 2021, en route vers leur nouveau lieu de repos au nouveau Musée national de la civilisation égyptienne (NMEC) à environ sept kilomètres au sud dans le quartier historique de Fustat (Vieux Caire).
Le char portant la momie du pharaon Amenhotep I (1525-1504 avant JC) avance dans le cadre du défilé de 22 anciennes momies royales égyptiennes au départ du musée égyptien de la place Tahrir au Caire le 3 avril 2021, en route vers leur nouveau lieu de repos au nouveau Musée national de la civilisation égyptienne (NMEC) à environ sept kilomètres au sud dans le quartier historique de Fustat (Vieux Caire).
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Publié le Mardi 13 avril 2021

Rétrospective: Le défilé des pharaons n'était pas seulement culturel

  • « Évoquer le passé ancien de l'Égypte est une tactique qui a été souvent utilisée dans l’histoire du pays »
  • « Même si le patrimoine pharaonique de l'Égypte est ce qui attire la plupart des touristes, nos décisions en matière de politique du patrimoine ne devraient pas être prises en fonction de ce que recherchent les touristes »

LE CAIRE: «Chair de poule… Du jamais vu… Juste incroyable… Iconique»: c’est ainsi que des gens autour du monde ont qualifié le défilé des vingt-deux momies (18 rois et 4 reines) de l'Égypte pharaonique pour rejoindre leur nouvelle demeure, le Musée national de la civilisation égyptienne (NMEC). Après plus d’une décennie au musée du Caire de la place Tahrir, ils ont été reçus par le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi. «C'est avec fierté et plaisir que je me réjouis de recevoir les rois et reines d'Égypte», a écrit le chef de l'État sur Twitter.

Le trajet d'au moins sept kilomètres a été placé sous haute surveillance policière et les autorités ont demandé aux habitants de suivre le défilé depuis leurs télévisions. Après une décennie minée par les tensions politiques, les attaques terroristes et, aujourd’hui, une crise sanitaire globale, le gouvernement mène une campagne intense pour faire renaître le tourisme. Ce dernier représente 13 % du produit intérieur brut (PIB) et constitue la première source de revenu du pays qui a été mise à mal depuis la révolution du 25 janvier 2011.

Cette parade historique organisée par Le Caire a reçu des éloges du monde entier, et ne laisse aucun doute quant à l’opulence du capital culturel d’Oum el-Dounia. Ce n’est pas la seule chose qui a magnifié la parade: les costumes, la musique et le décor ont reflété le thème de la soirée et l’orchestre qui l’accompagnait était à la hauteur de l’événement.

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Le char portant la momie du pharaon Ramsès III (1186-1155 avant JC). KHALED DESOUKI / AFP

Pour Hussein Omar, maître de conférences en histoire mondiale moderne, «évoquer le passé ancien de l'Égypte est une tactique qui a été souvent utilisée dans l’histoire du pays», souligne l’ancien chercheur à l'université d'Oxford. En effet, en mars 1967, le président Nasser aurait approuvé le prêt du masque de Toutankhamon à la France: un geste politique visant à renforcer le soutien à l'Égypte, déjà sur le chemin d’une guerre contre Israël. Surnommée «la guerre des Six-Jours», elle fut désastreuse pour l’Égypte, la Syrie et la Jordanie qui se sont inclinées face à l'État hébreux.

En 1976, lorsque la momie de Ramsès II a été transportée par avion à Paris pour y être restaurée, elle a reçu un passeport égyptien sur lequel figurait la mention «roi (décédé)». «Anouar el-Sadate a peut-être râlé contre l'indignité d'exposer des cadavres dans les vitrines d'un musée, mais il n'a eu aucun scrupule à utiliser la tournée mondiale de Toutankhamon de 1976 à 1979 comme propagande pour l'accord de Camp David signé avec Israël», précise le doctorant. En 2006, au plus fort de l'opposition croissante à son État sécuritaire, Hosni Moubarak a parrainé un défilé de la statue colossale de Ramsès II depuis l'extérieur de la gare du Caire jusqu'au plateau de Gizeh.

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Un artiste vêtu de l'ancien costume égyptien utilise son téléphone pour prendre une photo "selfie" après la fin du défilé de 22 momies royales égyptiennes. MAHMOUD KHALED / AFP

Mais l'héritage pharaonique des Égyptiens a aussi été une arme dans le passé pour rappeler aux Égyptiens la grandeur de leurs ancêtres et faire naître un sentiment de fierté. L'archéologue Monica Hanna a expliqué dans un entretien diffusé sur les réseaux sociaux au sujet de la parade qu’en 1947, quand l’Égypte était encore protectorat britannique, le défunt Dr Zaki Iskandar – un égyptologue de renom – a eu l'idée d’exposer les momies royales parce qu’il était important que les Égyptiens comprennent leur Histoire.

Il faut préserver le patrimoine égyptien

L’héritage culturel égyptien ne se limite pas aux pharaons. Le pays a connu les Romains, les Mamelouks, les Ottomans, et c’était un pays où musulmans, chrétiens et juifs cohabitaient. Il est donc impératif de préserver ce patrimoine et de le protéger. 

«Même si le patrimoine pharaonique de l'Égypte est ce qui attire la plupart des touristes, nos décisions en matière de politique du patrimoine ne devraient pas être prises en fonction de ce que recherchent les touristes. Nous avons, avant tout, un engagement premier envers nos citoyens», continue Hussein Omar.

En août 2020, les autorités ont démoli des murs de tombes – pour élargir une route afin de construire une nouvelle voie rapide – dans le cimetière du nord de la Cité des morts du Caire historique islamique. Le cimetière Nord s'étend sur environ trois kilomètres et il était utilisé pour enterrer les sultans et les nobles de l'ère mamelouke entre les XIIIe et XVIe siècles.

À titre d’exemple, les mausolées mamelouks de la région abritent les tombes de sultans. Le roi Farouk, le dernier monarque égyptien; le célèbre acteur et chanteur Farid al-Atrash, une vedette des années 1940 et 1950; et le banquier pionnier Talaat Harb y sont tous enterrés. Le cimetière Sud, également connu sous le nom de «Qarafa», est le plus ancien. Il date du VIIIe siècle et est toujours utilisé aujourd'hui.

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Une photo publiée par la présidence égyptienne le 3 avril 2021 montre le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi recevant le char portant la momie de la reine Meritamun, fille du pharaon Ahmose I et de la reine Ahmose Nefertari, à son arrivée au nouveau musée national de Civilisation égyptienne (NMEC) dans le quartier historique de Fustat (Vieux Caire). EGYPTIAN PRESIDENCY / AFP

L’Unesco a inscrit Le Caire historique islamique sur la liste du patrimoine mondial en 1979. Les tombes des Mamelouks sont également considérées comme une zone culturelle protégée en vertu de la loi égyptienne n° 119 de 2008.

Ce n’est pas la première fois que des habitants sont victimes des décisions des autorités locales. Des Égyptiens ont critiqué la décision de détruire une partie historique et culturelle du Caire urbain, avec une volonté du gouvernement d’alléger le trafic cauchemardesque du Caire mais à un coût trop élevé.

Le célèbre archéologue égyptien et ancien ministre des Antiquités, Zahi Hawass, a déclaré que le gouvernement égyptien souhaitait préserver toutes les antiquités pharaoniques, juives, coptes et islamiques. Cette volonté a été concrétisée avec, par exemple, la rénovation de la synagogue Eliyahu Hanavi et du palais du baron Empain à Héliopolis, sous les ordres du ministre des Antiquités, Khaled el-Anani.  

L'Égypte, qui cherche à raviver le tourisme, vient tout juste d’annoncer la découverte de vestiges d'une cité de l'époque des pharaons, affirmant qu'il s'agissait de la plus grande jamais mise au jour dans le pays.


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.