Macron remplace l'ENA par un «Institut du service public»

Le président français Emmanuel Macron lors d'une visite le 6 mars 2018 à Agen, dans le sud de la France (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron lors d'une visite le 6 mars 2018 à Agen, dans le sud de la France (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 08 avril 2021

Macron remplace l'ENA par un «Institut du service public»

  • Emmanuel Macron a annoncé qu'il allait «supprimer l'ENA» pour la remplacer par un «Institut du service public» 
  • La prestigieuse Ecole nationale d'administration, qui depuis 1945 fournit au pays ses plus hauts dirigeants, y compris quatre des six derniers présidents, était devenue le symbole d'un entre-soi au pouvoir

PARIS: Adieu les « Enarques »: comme il l'avait promis après la crise des « gilets jaunes », Emmanuel Macron a annoncé jeudi qu'il allait « supprimer l'ENA » pour la remplacer par un « Institut du service public » et réformer la carrière des hauts fonctionnaires, pour un Etat plus ouvert, plus divers et plus agile. 

On ne verra plus de jeunes de 25 ans propulsés à des postes à haute responsabilité: les diplômés de l'ISP devront d'abord passer plusieurs années dans des fonctions opérationnelles sur le terrain avant de pouvoir accéder aux postes de direction, a expliqué le chef de l'Etat, lui-même énarque. 

« Le président ne souhaite pas que des personnes qui n'auraient jamais exercé auparavant » viennent « du haut de leur trentaine asséner des sentences et distribuer des bons et mauvais points », a souligné un conseiller.  

La prestigieuse Ecole nationale d'administration, qui depuis 1945 fournit au pays ses plus hauts dirigeants, y compris quatre des six derniers présidents, était devenue le symbole d'un entre-soi au pouvoir - « l'énarchie » - qui alimente ressentiments et soupçons. 

Le 25 avril 2019, Emmanuel Macron avait créé la surprise en annonçant la suppression de l'ENA et la fin des grands corps (Conseil d'État, Cour des Comptes, Inspection des finances, Mines, Ponts etc.). 

Devant les 600 cadres de la haute administration réunis en visioconférence pour la Convention managériale de l'Etat, il a déclaré jeudi que le nouvel ISP assurerait le socle de formation commun de tous les élèves administrateurs de l'Etat. Qu'ils soient préfets, ambassadeurs, recteurs ou directeurs des administrations et des grands corps. 

L'ISP devra « sélectionner des profils moins déterminés socialement », a-t-il dit. Il intégrera un tronc commun à 13 écoles de service public. Ce sera « une révolution profonde en terme de recrutement », a souligné le chef de l'Etat.  

Il faut « réconcilier nos concitoyens avec le sommet de l'Etat et, ce faisant, avec l'action publique », a ajouté Emmanuel Macron, très attaché à cette réforme et souvent très critique envers l'administration. Il a plusieurs fois dénoncé jeudi son « corporatisme ». 

L'ISP sera aussi le centre de formation continue des hauts fonctionnaires. « Je veux qu'en nous inspirant du modèle de l'Ecole de guerre, nous puissions prévoir un rendez-vous de carrière avant d'accéder à des éminentes responsabilités », a-t-il poursuivi. 

Selon un conseiller ministériel, « beaucoup d'erreurs dans le quinquennat ont été liées à un mauvais fonctionnement de l'administration. Cette réforme vise à réparer ces problèmes sur le long terme, car la cocotte-minute des gilets jaunes existe encore ». 

Daniel Keller, président de l'association des anciens élèves de l'ENA, a critiqué sur BFMTV « une réaction panique en vue des élections qui approchent. C'est du populisme qui jette en pâture la haute fonction publique », a-t-il déploré.  

Le 11 février, Emmanuel Macron avait déjà insisté sur la nécessité d'ouvrir les voies d'accès aux prestigieuses écoles de l'administration à des jeunes d'origine modeste. La diversité dans la fonction publique est l'un des piliers de l'agenda en faveur de « l'égalité des chances » que le président cherche depuis plusieurs mois à promouvoir malgré la crise de la Covid-19. 

« Bureaucratie » 

La réforme ira plus loin puisqu'elle prévoit une réorganisation en profondeur du recrutement, de l'enseignement et du mode de classement des élèves. Le nouvel institut, qui devrait rester à Strasbourg, sera  rapproché d'autres écoles de la haute administration et du monde universitaire, comme le conseillait en février 2020 le rapport sur l'avenir de l'ENA de Frédéric Thiriez. 

Une grande partie de la réforme sera comprise dans une ordonnance qui doit être adoptée avant le 7 juin. 

Emmanuel Macron a aussi plaidé pour un relèvement des rémunérations des hauts fonctionnaires, très éloignées de celles des dirigeants d'entreprises, sujet sur lequel il a demandé « un débat démocratique ».  

Créée en 1945 par le général de Gaulle, l'ENA, qui sélectionne quelque 80 élèves par an, est régulièrement critiquée pour sa formation d'élites « hors sol ». 

Dans l'opposition, Damien Abad, le chef des députés LR, s'est déclaré « favorable à la suppression de l'ENA car, malgré la qualité de ses élèves, elle produit un entre-soi immobile et déconnecté de la base ». 

Mais Jean-Luc Mélenchon, chef de file de LFI, a en revanche fustigé une « diversion suprême » d'Emmanuel Macron « pour donner à bouffer du fonctionnaire à la place des riches ». 


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".