PARIS: Marine Le Pen a défendu mercredi une politique étrangère « à équidistance » des Etats-Unis et de la Russie, estimant que l'Otan devait désormais combattre « l'islamisme » et non plus se « protéger militairement de la Russie ».
La candidate à l'Elysée a souhaité, en se réclamant du gaullisme, « refermer » une « parenthèse faite de soumissions, de perte d'indépendance, de perte de fierté même parfois », lors d'une conférence de presse organisée par l'Association des journalistes parlementaires (AJP).
Il s'agit « de retrouver une France cheffe des pays non alignés, réussissant à avoir des relations en même temps cordiales mais fermes avec les grandes puissances de ce monde (...) multipolaire », et à « se tenir à équidistance, sans agressivité parfaitement inutile, et en l'occurrence inefficace à la défense de nos intérêts, avec les Etats-Unis ou avec la Russie, mais aussi la Chine et l'Inde », a développé la présidente du Rassemblement national.
La France doit également « reprendre pied en Afrique (où) les liens se sont considérablement distendus » et où « il y a une forme de désintérêt à l'égard du développement », a affirmé Mme Le Pen. « Nous avons bien agi » contre le terrorisme sur ce continent « mais culturellement, économiquement, il y a une forme de désintérêt de la France à l'égard de pays notamment de l'Afrique francophone ».
Sur l'Otan, Marine Le Pen « compte oeuvrer à ce que (l'Alliance atlantique) puisse changer d'objectif. L'objectif visant à se protéger militairement de la Russie n'a plus de sens. Le grand danger mondial qui pèse sur nous, c'est la guerre mondiale lancée par l'islamisme ».
La candidate à l'Elysée a également plaidé pour une « relation apaisée avec l'Allemagne mais pas de soumission », accusant Emmanuel Macron d'avoir une « relation d'érotomanie » (conviction délirante d'être aimé, NDLR) avec ce pays, qui « défend en toute circonstance ses intérêts jusqu'à avoir des revendications inadmissibles » comme dans le transfert de technologies.
Sur l'ouverture d'archives du Rwanda, elle a dit que la France n'avait « rien à cacher » mais qu'elle « aimerait qu'il y ait un avocat pour la France », « souvent mise au ban des accusés », ajoutant qu'elle n'était « pas fan » de la repentance réclamée par les rescapés du génocide des Tutsi en 1994.
Un rapport d'historiens remis il y a quelques jours à Emmanuel Macron a, pour la première fois, conclu à des « responsabilités lourdes et écrasantes » de Paris dans la tragédie.