LONDRES: Encouragé par l'amélioration de la situation sanitaire au Royaume-Uni, le Premier ministre Boris Johnson dévoile lundi sa stratégie pour entrouvrir les frontières et permettre aux Britanniques de partir au soleil après un long hiver confiné.
Les appels à profiter du « Great British summer » avec des vacances locales ne convainquent pas tous les habitants du pays le plus touché en Europe par la Covid-19 (près de 127 000 morts) qui se rendent massivement l'été sur les plages de Méditerranée.
Si le gouvernement se veut prudent, la pression est d'autant plus forte pour rouvrir les vannes des séjours à l'étranger, interdits au moins jusqu'au 17 mai sauf raison essentielle, que les hôpitaux, débordés en début d'année, sont désormais bien moins chargés. Et que la vaccination anti-Covid a permis d'injecter une première dose à quasi tous les plus de 50 ans et personnes à risque, soit presque la moitié de la population.
Après avoir réuni ses ministres, Boris Johnson doit tenir une conférence de presse dans l'après-midi pour donner le feu vert à la prochaine étape du déconfinement le 12 avril en Angleterre, avec la réouverture des commerces, coiffeurs et terrasses de pubs.
Pour encadrer cet allègement, il doit présenter des mesures de dépistage massif, des essais de certificats sanitaires et pour l'étranger présenter un système de feu tricolore pour classer les pays selon le degré d'avancement de leur vaccination, leur taux de contaminations ou la présence de variants inquiétants.
Une fois les voyages autorisés, les destinations vertes seront exemptes de quarantaine au retour - un test avant le départ et après l'arrivée sera toutefois requis -, contrairement aux pays orange (tests et quarantaine à la maison) et rouge (arrivées limitées aux résidents, coûteuse quarantaine à l'hôtel et tests).
Actuellement, tous les voyageurs arrivant au Royaume-Uni doivent effectuer une quarantaine de dix jours chez eux, ou, pour les pays à risque, à l'hôtel à leurs frais. Les frontières sont fermées pour les non-résidents en provenance d'un pays sur la liste rouge.
Downing Street a toutefois indiqué qu'il était encore prématuré d'établir une liste de pays, et continue de déconseiller les réservations à l'étranger.
Coups de ciseaux en Ecosse
Dans le Times, l'association des tour-opérateurs s'est inquiétée de devoir encore attendre un mois avant de savoir comment seraient classés les pays: « Cela rend très difficile de mettre en place nos programmes. Cela ne se fait pas du jour au lendemain ».
Les professionnels s'inquiètent également d'une liste évoluant en permanence, potentiellement au milieu de séjours comme lorsqu'une quarantaine avait été imposée l'été dernier aux retours d'Espagne où se trouvaient des milliers de touristes.
Pour garder le contrôle sur le virus, le gouvernement prévoit aussi de tester un système de passeport sanitaire pour les rassemblements de masse en Angleterre, comme les matchs de football et les événements en salle.
Ce certificat indiquerait qu'une personne a été vaccinée, qu'elle est négative au coronavirus ou qu'elle dispose d'anticorps. Il ne sera pas exigé dans les transports publics, les commerces non essentiels ni les pubs.
Plusieurs essais pilotes seront lancés dès la mi-avril, notamment pour la finale de la Coupe d'Angleterre de football au stade de Wembley, qui accueillera également le 11 juillet la finale de l'Euro de football.
Mais ce projet de passeport sanitaire fait aussi grincer des dents, et il a été accueilli avec hostilité par plus de 70 députés britanniques de tout l'échiquier politique, qui l'ont jugé « discriminatoire » - de quoi potentiellement le recaler en cas de vote au Parlement.
Mesure supplémentaire pour faciliter la réouverture de la société et « briser les chaînes de transmission », les habitants de l'Angleterre pourront dès vendredi accéder à deux tests de dépistage rapides par semaine.
Chacune des quatre nations constitutives du Royaume-Uni dispose de son propre calendrier de déconfinement et en Ecosse, les coiffeurs ont rouvert dès lundi.
Dans un salon de coiffure de Glasgow, Raj Gill est l'une des premières clientes. Elle assure ne s'être pas fait couper les cheveux depuis un an: « On ne pouvait aller nulle part et on ne pouvait rien faire. Il n'y avait pas besoin! »