La stratégie climatique au cœur du plan d'investissements de Biden

Le président américain Joe Biden. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 02 avril 2021

La stratégie climatique au cœur du plan d'investissements de Biden

  • Le projet doit notamment ramener à zéro les niveaux de pollution dans le secteur énergétique américain d'ici 2035
  • Mitch McConnell a promis de « combattre à chaque étape » le plan, qui prévoit « plus d'argent pour les voitures électriques que pour les routes et les ponts »

WASHINGTON : Avec son plan de 2000 milliards de dollars d'investissements dans les infrastructures, le président américain Joe Biden a du même coup dévoilé le cœur de sa stratégie climatique, en détaillant ses grandes orientations pour atteindre les objectifs environnementaux fixés pour le pays.

Le vaste projet doit notamment mettre les Etats-Unis sur le bon chemin pour tenir deux promesses phares du démocrate : ramener à zéro les niveaux de pollution dans le secteur énergétique américain d'ici 2035, et que l'économie du pays atteigne une neutralité carbone d'ici 2050. 

« Nous pensons qu'avec ces investissements (...), nous pouvons faire de (ces engagements) une réalité », a déclaré jeudi Gina McCarthy, conseillère nationale sur l'environnement. « Oui, c'est audacieux, et nous pensons que c'est exactement ce qu'il faut faire. »

Le plan de Joe Biden met d'abord l'accent sur la transformation du secteur automobile, en investissant 174 milliards de dollars pour « gagner le marché des véhicules électriques », par exemple en stimulant les chaînes d'approvisionnement du pays ou le rééquipement des usines.

Il prévoit de construire un réseau national de 500 000 stations de recharge d'ici 2030, et le passage à l'électricité pour 20% des célèbres bus jaunes de ramassage scolaire.

Ensuite, le plan s'attaque au secteur énergétique (100 milliards de dollars d'investissement). 

Il comporte une extension d'avantages fiscaux visant à inciter à la production d'énergie renouvelable, notamment solaire et éolienne. Et l'utilisation par les bâtiments fédéraux d'énergie « propre » uniquement.

Surtout, il propose l'instauration d'une mesure obligeant les fournisseurs d'électricité à ce qu'une proportion donnée de l'énergie vendue provienne de sources n'émettant pas de CO2 (Clean Electricity Standard). 

« Une mesure politique incroyablement efficace », selon Lindsey Walters, de l'organisation Third way, notamment pour « susciter une demande de long terme pour des technologies d'énergie propre ». Ce mécanisme est déjà utilisé localement, par exemple en Californie. 

« C'est l'une des meilleures méthodes pour obtenir les réductions (d'émissions) que nous recherchons », a souligné Gina McCarthy.

La conseillère a par ailleurs rappelé l'annonce la semaine dernière par l'exécutif de l'accent mis sur l'éolien en mer, pour lequel il a fixé l'objectif de produire 30 gigawatts (GW) d'ici 2030, via des milliards d'investissements par an sur les côtes atlantiques et pacifiques. 

« Pierre angulaire »

« Les deux plus grosses sources de pollution aux Etats-Unis sont les transports et la production d'énergie, et ce plan a des engagements forts sur les deux », a commenté Dan Lashof, le directeur de l'organisation World Resources Institute aux Etats-Unis. « C'est ambitieux. Je pense que c'est le bon plan, au bon moment », a-t-il ajouté, qualifiant le projet de « pierre angulaire de la stratégie climatique » de Joe Biden. 

Pour Amol Phadke, scientifique à UC Berkeley, se concentrer en priorité sur la production d'électricité est la bonne chose à faire: « vous décarbonez le secteur énergétique, puis vous électrifiez les autres secteurs ». Ainsi, les voitures roulent avec de l'électricité elle-même produite sans émettre de gaz à effet de serre. « C'est très logique », dit le chercheur, auteur d'un rapport sur la façon dont les Etats-Unis peuvent atteindre 100% d'énergie propre en 2035.

Selon ce document, 90% de l'électricité du pays pourra être produite avec les technologies déjà existantes –  éolien et solaire notamment. Pour les 10% restants, de nouvelles innovations seront nécessaires, et Amol Phadke se félicite donc des investissements annoncés dans la recherche. 

Le plan Biden veut soutenir des projets dans l'hydrogène, le biocarburant, le nucléaire... Il appelle le Congrès à consacrer 35 millions de dollars "à des percées technologiques" pour « réduire les émissions ». 

L'une des solutions mentionnées est le captage de carbone, pour les industries de l'acier ou du ciment par exemple, qui permet de le stocker, au lieu qu'il ne s'échappe dans l'atmosphère. 

Mais ce choix ne satisfait pas toutes les organisations climatiques, 350.org s'étant dite « déçue » par cette mesure, qui « permettra seulement aux usines polluantes de continuer à opérer ». 

Actuellement, 37% de l'électricité aux Etats-Unis est déjà produite sans émission de gaz à effet de serre (20% nucléaire, 17% renouvelable, dont une bonne part d'énergie hydraulique).

Bataille politique en vue

Tous ces investissements vont créer des emplois bien payés, martèle l'exécutif. 

Mais les négociations avec les républicains s'annoncent très difficiles. 

Le chef de la minorité républicaine au Sénat Mitch McConnell a promis jeudi de « combattre à chaque étape » le plan, qui prévoit « plus d'argent pour les voitures électriques que pour les routes et les ponts », a-t-il décrié.

La présidente démocrate de la Chambre des Représentants, Nancy Pelosi, a elle déclaré vouloir le faire adopter d'ici début juillet. Des mois de bataille en perspective.

 


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Short Url
  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Short Url
  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Short Url
  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.