PARIS : La fermeture des commerces non essentiels partout en France, annoncée mercredi soir par Emmanuel Macron, constitue un nouveau coup dur pour le monde économique qui a aussitôt fait part de ses inquiétudes.
Les restrictions en vigueur depuis la mi-mars dans 19 départements seront étendues à l'ensemble du territoire pour quatre semaines à partir de samedi face à l'épidémie du Covid-19, a indiqué le président de la République dans son allocution télévisée. Ces mesures incluent la fermeture de certains commerces et l'interdiction de se déplacer à plus de 10 kilomètres.
"Ce nouveau confinement va être terrible pour tous les secteurs fermés", a réagi dans un tweet le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux. "Ce doit être le dernier. Ouvrons les tous le 15 mai", a ajouté le dirigeant de l'organisation patronale.
En ce qui concerne les commerces, seuls ceux qui vendent "des biens et des services de première nécessité" auront le droit de rester ouvert. Il s'agit principalement des magasins alimentaires mais aussi des librairies, des disquaires ou encore des coiffeurs. Les boutiques de vêtements, de chaussures ou encore de jouets devront restées fermées.
"C'est une mauvaise nouvelle supplémentaire", a déploré auprès de l'AFP Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). "On estime que 150.000 à 200.000 commerces vont devoir fermer. Une fois de plus le commerce est celui qui va payer le plus lourd tribu", a-t-il indiqué, réclamant "un plan stratégique pour éviter une faillite de très nombreux commerçants après l'été".
Pour aider le monde économique à faire face à la situation, le chef de l'Etat a précisé que l'ensemble des dispositifs d'aide aux entreprises et aux salariés, actuellement en vigueur, "seront prolongés". Les sociétés peuvent par exemple bénéficier d'une prise en charge du chômage partiel pour leurs salariés, de prêts garantis par l'Etat ou encore d'une aide financière du fonds de solidarité.
Le coût total de ces aides et indemnisations passe à 11 milliards d'euros par mois, a indiqué mercredi soir le ministère de l'Economie, qui estime lui que le nombre d'établissements fermés va grimper de 90.000 à 150.000.
Interrogations
Pour Yohann Petiot, directeur général de l'Alliance du commerce, le dispositif de soutien est insuffisant. "Quid des loyers ? Quid des stocks ? Les aides actuelles ne vont pas à toutes les entreprises, il faut les renforcer sinon on va à la catastrophe économique et sociale", a-t-il estimé auprès de l'AFP.
Pour ralentir l'épidémie, Emmanuel Macron a également décidé de fermer les crèches, écoles, collèges et lycées pendant 3 à 4 semaines. "Les parents qui devront garder leurs enfants et ne peuvent pas télétravailler auront droit au chômage partiel", a-t-il précisé.
"Pour limiter l'impact de l'adaptation du calendrier scolaire des semaines à venir (...), nous appelons également les pouvoirs publics à proposer des solutions de proximité aux parents d'élèves dont l'activité ne peut s'effectuer en télétravail", a réagi dans un communiqué la fédération de la métallurgie UIMM.
Le ministère du Travail a précisé toutefois que tous les salariés qui le peuvent doivent télétravailler, avec la possibilité d'un jour au bureau par semaine maximum si besoin.
"Dans les entreprises, comment va-t-on s'organiser ?", s'est interrogé de son côté le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, François Asselin.
"On va avoir des gens au chômage partiel qui ensuite vont prendre leurs congés payés quand l'activité redémarre", a-t-il anticipé auprès de l'AFP. "Il faudrait qu'on puisse repositionner les congés des salariés, sinon ça va poser d'énormes problème d'organisation".
Lueur d'espoir, l'accélération de la campagne de vaccination doit permettre d'ici quelques mois une réouverture de l'économie. Le président a notamment promis la réouverture des terrasses de bars et de restaurants à partir de la mi-mai.